Chapitre 5

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Je crois que je suis tombé du lit. Ou peut-être qu’hier je me suis endormi parterre. Et j'ai encore oublié les cigarettes. Au moins, ton livre, je l'ai retrouvé sous le lit. Quand je l'ai vu, une seule question m'est passée par l'esprit :

" Qu'est-ce qu'il fichait là ?!"

Mais je l'ai quand même laissé là.

Ce matin, il fait beau. J'ai arrosé les fleurs qui sont devant la fenêtre. Ce ne sont pas celles que nous avions achetées. Enfin, ce sont les mêmes espèces. J’étais trop occupé à pleurer lorsque tu es partie, si bien que j'avais arrêté de les arroser et qu’elles ont péri. C’est pour te faire plaisir que je les ai rachetées. Et j'oublie de les arroser seulement lorsque mon ventre est rempli.
Ce matin, j'ai l'impression que la journée sera merveille. Je me suis fait du café et c'était un désastre. Mais je n’avais pas d'autre choix que de le boire. Ensuite, j'ai essuyé nos photos pour passer le temps avant de sortir pour me rendre à la librairie. Je ne sais pas grand chose du nom de la librairie, je sais simplement qu'on s'y rendait lorsque tu étais là et que tu n’y achetais que des romans. Alors j'ai acheté deux romans. La dame du comptoir m’a dit qu'ils sont idéals pour le confinement. Bien que je m'en fichais, je les ai quand même achetés. J'étais sûr que cela te ferait plaisir. Ensuite, comme tu me l’avais demandé, je me suis rendu chez ta mère, cette chère petite dame qui ne voulait pas que l’on se marie. Elle a mal pris que je sois venu chez toi car tu ne lui avais pas demandé son avis lorsque nous fûmes partis ensemble, loin de nos familles. Ces dernières croient que le mariage est une question d'argent. Mais pour nous, il s’agit d’une question d'amour. Enfin… s’agissait : c'est devenu une question de solitude, de nuit sans toi et de manque d'amour. Mais nous nous en sortions.

Je ne sais pas si ta mère t'a dit que ton père est malade. En tout cas, si tu ne me reviens pas, je crois qu'il va mourir. Je plaisante en fait. Ton père est un vieux très gentil, noir comme ébène et gentil comme une fourmi (c'est-à-dire que si vous vous en fichez de lui, il se fichera de vous en retour. Et s'il vous mord comme ça, sans rien, vous pouvez le tuer, il ne fera rien).

Ta mère se plaint parce qu'il ne veut pas manger et qu'il ne pense qu'à fumer. De plus, il répète sans cesse qu'il va mourir, ce qui l’exaspère. Mais avec une femme pareille, je pense qu'il a raison. C'est un peu comme moi qui veux mourir si tu ne me reviens pas, après ce fichu virus. Je suis donc reparti de chez toi avec une mine d'enfer. Ta mère a dit que j'étais un connard et que je méritais mieux que sa fille (elle a en fait dit le contraire mais je trouve cette phrase plus vrai, même si c'est faux). Alors, j'ai passé le reste de la journée à me demander qui était le plus con. Et j'ai donc finalement conclu que ta mère est folle et que, si tu ne reviens pas, c'est elle qui tuera ton père. Ne le prends pas mal ! Mais crois-moi, je ne plaisante pas.

***

Justine m'a laissé des messages. Cependant, j'ai préféré lire les tiens. J'ai toutefois l'impression que lorsque nous nous parlons, ce sont toujours les mêmes histoires. Comme si tout devenait très monotone. Je te trouve monotone. Tu as toujours du travail, tu es toujours fatiguée, tu parles toujours de moi… Et tu ne m'as toujours pas dit qui était ce type dans ton appartement.

Sais-tu seulement ce que je ressens quand tu n’es pas là ? Sais-tu que j'ai envie de te faire l'amour pour m'endormir dans le paradis qu’est le creux de tes bras ?

NostalgieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant