Ce matin, je suis allé chez Martine pour m'acheter des croissants. Durant à peu près cinq minutes, j'ai fait la queue, puis j'ai remarqué que Justine n'était pas là. J'ai donc demandé au caissier comment elle allait, il était très bizarre. Il a demandé si Justine et moi étions ensemble. Je me suis vexé et lui ai craché un "Non" au visage. Il croyait que je mentais mais il ne savait pas que tu pouvais nous tuer, Justine et moi. Il m'a posé d'autres questions que je fis semblant d'ignorer. Je ne savais rien de la physionomie de la voix m'interrogeant. Je savais seulement qu'il était jeune et qu'il avait peut-être à peu près mon âge. Ensuite, je suis sorti de la boulangerie et je suis resté quelques minutes sur le trottoir. C'est à ce moment-là que Justine est arrivée. Elle portait une jupe un peu trop courte et elle était selon moi trop maquillée. De plus, son corsage qui révélait ses seins me faisait perdre les yeux. Justine s'est approchée de moi et je lui ai murmuré un bonjour. Elle m'a répondu avec un sourire avant de m’ignorer. Je ne savais pas exactement ce qui me passait par l'esprit. Mais j'avais comme un besoin. Comme des flammes que je voulais éteindre. Tu sais, je ne devrais pas te parler de ça. Je sais que tu aurais détesté Justine. Si tu étais là, tu aurais dit que Justine est une allumeuse. Et tu aurais tout fait pour que je ne me retrouve pas en sa compagnie.Justine est ressortie de la boulangerie. Elle semblait chercher quelque chose. Elle m'a appelé, je suis allé la voir. Et elle m'a demandé :
- Qu'est-ce que tu voulais quand quand tu m'as dit bonjour ?
Je lui ai répondu :
-Je voulais seulement te dire bonjour.
Je ne lui ai pas dit que je voulais qu'elle s'arrête pour que je puisse mieux voir ses seins. Elle a souri, comme toi tu souriais lorsque je te disais belle, sauf que Justine l'a fait car je lui ai dit que je voulais seulement lui dire bonjour. Elle s’est mise à côté de moi et nous sommes restés côte à côte, accrochés aux murs de la boulangerie, assourdis par le chahut des klaxons. Nous scrutions le ciel. Cela faisait longtemps que je n'avais pas partagé un moment pareil avec quelqu'un. Depuis que tu es partie, je vis dans la solitude. Sans amis, sans chaleur humaine et sans faire l'amour.
Justine m'a pris la main et la chaleur de ses doigts s'est insinuée dans ma paume. C'est fou que le contact aille si vite. C'était simple ! Nous étions maintenant complices. Ne sois pas jalouse, je veux seulement parler d'amitié.
Si c'était toi qui me tenais la main en ce moment, je t'aurais murmuré un beau "Je t'aime". Je ne l'ai pas soufflé car Justine aurait cru qu'en lui disant je t'aime, cela aurait voulu dire : « Aimons-nous pour nous marier et faire des bébés, s'engueuler et vivre ensemble pour l'éternité». Mon " Je t'aime" ne voulait rien dire de tout ça. C'était simplement une façon de dire que je me sens bien avec Justine. Du-moins avec toi.Je voulais l'inviter chez nous mais je savais que tu n'apprécierais pas l'idée. Alors elle m'a laissé son numéro. Je suis rentré chez moi, souriant. Comme si je venais de tomber amoureux. Mais j'avais seulement une amie. Et cette fois, je n'avais pas oublié les cigarettes. Je suis passé chez Roger, une sorte de barman ambulant. Il est installé sur le trottoir, dans une petite rue, à quelques mètres de la maison. Roger est métis. Certains disent qu'il n'est pas à la bonne place, que la place d’un métis est à Pétion Ville ; c'est un noir aux yeux rouges, genre rasta, qui devrait être là. Cependant, Roger s'en fichait.
Il disposait sur des étagères des alcools de tout type. Il avait du « Clarin blanc », du "Bwa Kochno" et de l' "Asosi". Je me suis approché et j'ai demandé deux cigarettes. Il me les a vendues, m'a souri et m'a demandé si je ne voulais pas d'un truc plus fort, comme de la marijuana. J'ai refusé et ai remarqué qu'il portait un masque. Il se suicidait à petit feu en se droguant et avait tout-de-même peur d'une pandémie. Le monde est tellement à l'envers. Et les gens aussi.
J'avais oublié de te dire qu'aujourd'hui j'ai porté le masque couleur orange que tu aimes. Bien que ce soit fashion, cela m’ennuie. Je l'ai porté pour que tu ne me retrouves pas mort à ton retour. Et ne me demande pas si je me suis lavé les mains.
Je suis rentré à la maison, j'ai laissé les cigarettes sur la table. Et j’ai commencé par me souvenir de la fois où je t'ai appris comment fumer. Tu riais et tu me crachais des nuages de fumée au visage. Nous nous étions embrassés à mourir, cela avait été une nuit blanchie par des nuages de fumée mêlés de nos promesses. Te souviens-tu que tu m'avais dit que tu serais toujours avec moi ? Tu m'avais promis que tu ne partirais pas. Mais tu es partie et je m'ennuie durant les nuits, sans toi, sans ton parfum.

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Nostalgie
RomanceNos silences ressemblaient à des éternités. Surtout lorsqu'on cherchait les mots idéals pour les propulser dans le vide. Et pour se dire, tout ce que les mots ne pouvaient plus dire. Il y avait quelque chose de profond entre les lignes de ses séca...