Chapitre 13

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Je paniquais et Justine demandait, stupéfaite :

- C'est qui, Marie-belle ?

-Ce n’est personne ! criais-je en écrasant mon poing contre le mur et en ravalant un sanglot.
Ça ne se pouvait pas. Bordel Laura, mais où es-tu donc ?

Les coups à la porte de Marie-belle faisaient à chaque fois trembler mon cœur. Je devenais sourd et mes paupières me brûlaient.

-Je vais ouvrir si tu ne peux pas.

-Non ! dis-je en empêchant Justine de se lever.

-Tu me trompes ? C'est donc ça Sandro ? demandait Marie-belle à côté.

-Donc tu trompes Laura avec moi et avec une garce en plus, intervint Justine.

-Je ne trompe personne, ai-je tenté de me défendre.

-Tu voudrais que je meure devant ta porte Sandro ? Tu voudrais que je meure, ingrat ? clamait Marie-Belle en pleurant.

-La ferme ! ai-je lâché en colère. Marie-Belle, rentre chez toi. Je ne veux plus te voir ! Tu n'es qu'une merde qui mérite d'être seule toute sa vie. Et ma vie n'est pas un bordel, donc, si tu veux que je vive, respire un autre air !

-Tu vas regretter ce que tu viens de dire Sandro. Crois-moi !

Mes forces s'accumulèrent jusqu’à que j' articule par ironie et dégoût :

-Oui maman, je vais te croire.

Ensuite, j'entendis les pas de Marie-Belle s'éteindre dans le couloir. Justine s'est approchée de moi. Elle m'a embrassé et m'a demandé :

-Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Que t’est-il arrivé? Et la maison ?

-Tu le vois bien, je n'ai plus les moyens pour payer.

-Viens-là !

Elle m'attira dans ses bras, je me sens bien. Je me sens comblé. J'avais vraiment besoin d'un câlin. D'une personne pour m'entendre et d'un corps pour me comprendre. J'ignore si je suis amoureux d'elle. Mais je sais que je me sens bien avec elle. C'est pour ça que je l'aime et que je voudrais qu'elle soit éternelle. Elle était assise sur mon lit et me regardait dans les yeux.

-Et si on jouait ? a-t-elle demandé.

-À quoi ? répondis-je.

-J'ai envie de te connaître, a-t-elle repris.

-Mais tu me connais.

-Mais moi, je sais que tu ne me connais pas. Et si nous ne connaissons pas une personne, elle ne peut pas nous connaître. Ça, c'est ma petite théorie à moi.

-Ah je vois. Alors voilà : Eh bien je suis Sandro. Et je viens de te faire perdre la tête.

-Je suis Justine et tu m'as effectivement fait perdre la tête.

Elle sourit mais c'est absurde. Je le lui ai dit, elle s’est pourfendu d’un :

-Je sais.

-Je peux t'appeler Ju ?

-Non.

-Pourquoi ?

-C'est répugnant !

-Pourquoi c'est répugnant ?

-Je ne sais pas. Mais je n'aime pas ce diminutif.

-Et si je t'appelle mon étoile ?

-Je ne suis pas une étoile. Je suis seule et ne brille pas.

-Tu m'aimes ?
C'est sortie comme ça. Doucement, elle a souri, m’a pris la main et a finalement répondu :

-Oui, je t'aime à en mourir. Tu aimes Laura ?

-Je ne sais pas.

-Tu me quitteras pour elle ?

-J'ai sommeil.

-Dors, je dois partir, de toute façon.

-Pourquoi ?

-Tu ne m'aimes pas.

-Je te l'ai déjà dit plusieurs fois.

-Non, c'est faux.

-Je suis en train de tromper Laura avec toi. N'est-ce pas une façon de te dire que je t'aime ?

-Non, c'est une façon de me dire que je suis pute.

-Je n'ai jamais dit ça.

-Si, tu l'as dit.

Je ne répondis pas, tellement cela devint tendu. Elle s'approcha et m'embrassa. Je lui demandai :

-Tu veux voir les étoiles, Justine ?

-Je les vois déjà, elles brillent dans tes yeux.

-Et si tu les touchais ?

-Tu voudrais que je te crève les yeux ?

-Non. Je voudrais que tu me fasses rêver.

-Mais nous sommes en train de rêver Sandro. On n'a pas le droit d'être ici, de s'aimer ou d'être ami.

-On a tous les droits puisque c'est notre monde et que personne ne nous voit.

- Dieu nous voit. De qui es-tu amoureux exactement ? De moi ou de Laura ? Je me sens mal quand je pense à elle.

-Douterais-tu de mon amour ?

-Non, j'ai seulement peur que tu me blesses.

J’ai respiré, réfléchi puis ai déballé :

-Moi aussi, j'ai peur. Et j'en meurs.

-Pourquoi me laisses-tu me faire des illusions ? Pourquoi es-tu partout dans mon esprit ? Pourquoi es-tu indispensable à ma vie ? Pourquoi aimes-tu Laura ? Pourquoi tu es toi, pourquoi as-tu débarqué dans ma vie ?

-Je suis un aliène et je t'emmènerai dans ma galaxie.

-Laisse-moi ton cœur, c'est mieux.

-J'ai peur qu'il n'ait pas ...
Elle acheva :

-Qu'il n'ait pas assez de place pour moi et Laura.

-Pourquoi aimes-tu autant parler de Laura ?

-Elle me fait de la peine, c'est tout.

-On t'a déjà trompé ?

-Oui.

-Je suis désolé !

- Tu ne l'es pas, tu es en train de le faire toi aussi.

- T'es folle.

- De toi, oui.

-De quoi ?

-De tes yeux et de tes lèvres. De ton corps, de toi.

-Je suis à toi.

-Tu es à Laura.

-Elle ne m'aime plus.

-Elle te l'a dit ?

-Non, je le sais.

-Tu es stupide.

-Je t'aime !

-Cette discussion est incohérente.

-Quoi ?

-Je m'en vais.

-Reste un peu.

-Je serai dans ton cœur.

-C'est tout près de mon corps que je te veux.

Elle lissa ses cheveux, a souri puis murmuré :

-On n'a pas créé le mot « fantasme » pour rien.

-Va-t’en ! Ne reviens pas.

-Tu sais que je vais revenir.

Elle se rhabilla et m'embrassa sur la bouche. Ensuite, elle claqua la porte. Une belle sortie qui m'énerva au plus haut point. Elle revint et resta debout sur le seuil perron  pour me lancer :

-Je t'aime !

Suite à cela, elle est repartie. Je suis sorti et lui ai couru après. Elle était déjà loin. Dans la rue, j'entendais les voitures, je ressentais la chaussée brûlante sous mes pas. Je la cherchais et quand je l'aperçus enfin, je lui ai crié de toutes mes forces, de tout mon amour :

-Justine !

Elle s'est retournée et a souri. En formant un haut-parleur avec mes paumes pour qu'elle puisse m'entendre, je lui ai crié devant tout le monde :

-Je voulais juste te voir !

-Connard ! (Ce serait ta réplique, Laura). Mais c'était celle de Justine. J'en ai ri à en briller comme le soleil qui était si joyeux dans la nuit.

Ensuite, elle a disparu. J'étais en caleçon dans la rue. Torse nu, comme tu aimais. Les gens me regardaient. Ils riaient, me trouvaient dégoûtant. Mais ne savaient rien. Ils ne comprenaient pas ce que je ressentais. Ils ne savaient pas que j'aimais Laura. Ils ne savaient pas non plus que Justine me faisait du bien.

Je suis rentré chez moi en suivant ces chemins si familiers.

Quand soudain, dans le couloir, des hommes jaillirent du vide. J'ai essayé de me battre, ils m'ont noué les bras. Je leur ai craché à la figure, ils m'ont jeté leurs poings au visage. Le goût de fer coulait sur mes lèvres. Ils m'ont attaché. Ils m'ont bandé les yeux et m'ont jeté dans une voiture.

Tout était noir, silencieux. Il n’y avait ni Laura, ni Justine. J'étais mort, je le savais....

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