18. Hamza.

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Je poussai un gémissement, la tête douloureuse. Un pic vert devait frapper mon crâne comme s'il s'agissait d'un tronc d'arbre. C'était atroce.

Difficilement, j'ouvris les yeux. Les souvenirs de ce qu'il s'était passé se bousculèrent dans mon esprit. J'avais frappé mon crâne contre le mur derrière-moi pour m'empêcher de sortir les informations que désiraient tant les Darknils. Pour ne plus voir les autres souffrir à cause de moi. J'avais frappé mon crâne avec tant de force que j'en avais perdu connaissance. Mais avec trop peu de force pour y rester. Qu'était devenue Rox ? Avaient-ils renoncé à la torturer après ma perte de conscience ?

Je fronçai les sourcils en constatant que je n'étais plus dans la même pièce. Je n'étais plus suspendue contre un mur. J'étais dans une salle lugubre, froide, où planait une odeur métallique. J'étais allongée sur une table d'acier glaciale, les poings et les chevilles attachés à des sangles de métal. Et je n'étais pas seule. J'entendais des voix tout autour de moi, mais encore trop dans les vapes, j'avais du mal à discerner les échanges.

Peu à peu, le brouillard qui m'enveloppait s'estompa. Mon mal de tête persistait mais j'avais désormais retrouvé toute ma lucidité. Des bruits de pas retentirent autour de moi. Des bruits de chaînes. Le crépitement du feu. Une odeur désagréable. De la poussière. Un relent métallique.

- Tiens, Diablesse est revenue à elle, constata Samaël, se rapprochant de là où j'étais allongée, me souriant à pleine dent.

Il posa sa main sur ma jambe, enfonçant légèrement ses ongles, semblables à des griffes, dans ma chair. Ses yeux de lave brillaient d'intensité.

- Ce que tu as fait était autant stupide qu'inutile, me sermonna-t-il. Franchement, quitte à devoir mourir, laisse-moi le privilège de mettre fin à tes jours.

Je toisai mon adversaire avec haine. J'avais la gorge trop nouée pour prononcer le moindre mot. La langue trop pâteuse. L'estomac trop retourné. J'aurais voulu lui cracher toute ma rage, ma colère, toutes ces années de détresse qu'il m'avait offert dans son sillage.

- Si cette annonce peut te réconforter, reprit Samaël, nous n'avons finalement pas touché à ta charmante amie renarde. Mais ce n'est pas grâce à toi. La fille de la reine Junon est visiblement bien plus coopérative que toi, grâce à elle, je sais enfin où se trouve ce que je convoite. Le fait qu'il soit tombé entre les mains d'Evilash est cependant bien embêtant...

Je serrai les poings de colère. Le Lycanthrope m'envoya un sourire satisfait. Il s'avança jusqu'à être à côté de mon visage et passa une main dans mes cheveux. Son geste me provoqua un frisson de dégoût.

- Maintenant que tu es de nouveau de retour parmi nous, on va pouvoir reprendre nos petites discussions, s'enchanta-t-il avant de se détourner.

Je vis alors qu'Aleth et Rox étaient-elles aussi allongées sur des tables de métal, exactement comme moi. Je déglutis, me forçant à parler, malgré ma gorge nouée.

- Pourquoi as-tu besoin d'elles ? demandai-je d'une voix enrouée. Ce n'est pas moi qui t'intéresse ? Relâche-les, elles n'ont rien à voir avec tout ça.

Samaël ricana.

- Je ne te connaissais pas un si grand cœur, se moqua-t-il. Te préoccuperais-tu de leur sort ? Malheureusement, je ne vais pas pouvoir accéder à ta requête. Contrairement à ce que tu sembles penser, depuis que tu les côtoies, tes petits camarades m'intéressent également. Ils sont trop impliqués. Ils en savent trop. J'ai besoin de percer toutes leurs connaissances. Ensuite, je les tuerai.

Je contractai la mâchoire à ces mots. Samaël voulait la mort de ceux m'entourant parce qu'ils m'avaient côtoyé. Involontairement, je les avais entraînés avec moi dans une aventure où nous allions tous finir par y passer. Je me sentis démunie. Incapable de contrer Samaël et les siens. Incapable de protéger mon entourage. De les protéger des Darknils, de mon passé et de moi-même.

Obscuras Tome 3 : L'intouchable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant