Obscuras Tome 3 : L'intouchable.

19. Explosion.

La nuit était tombée. Nous étions arrivés à destination. Derrière de grandes falaises se dressait notre lieu de convoitise. Marchant sur le sable humide de la plage, je contemplai la Mer Trouble. Ce lieu était complétement insolite. Le sable où je posais les pieds était parsemé de cristaux qui nous éclairaient dans la nuit. Des crabes-scorpions fluorescents jaillissaient hors du sable pour rejoindre la mer tandis qu'une floppée de tortues bleu nuit possédant une paire d'antenne nous barra la route avant de s'envoler dans le ciel. Les vagues venaient lécher le sable face à nous, emportant avec elles une forte odeur d'algues qui me fit froncer le nez.

Je levai les yeux vers le ciel. La lune, ronde et argentée, renvoyait son éclat sur la mer, comme attirait par elle. Je comprenais désormais mieux comment la lune allait pouvoir nous aider à localiser les Darknils. La mer attirait à elle l'astre nocturne, qui se reflétait avec éclat, semblant tracer un chemin dans l'eau salée.

Nérée et Sanjana s'avancèrent face à la mer, contemplant l'immensité face à eux. Il était temps d'agir. Et pour ce, il fallait ouvrir l'accès au repaire. Pour cela, nous avions besoin de Sirènes, car les Sirènes étaient les seules à pouvoir aisément parcourir les eaux jusqu'aux reflets de la lune. Le pouvoir individuel des Sirènes consistait à se changer en être mi-humain, mi-poisson et à pouvoir parcourir les eaux comme un élément leur appartenant. Les Sirènes n'avaient aucune difficulté à voir sous l'eau, à respirer, elles étaient conçues pour pouvoir vivre sur la terre comme sous la mer.

Dans un plongeon, Nérée s'élança dans la mer, se transformant en Sirène en une fraction de seconde. Ses habits avaient disparu comme par enchantement, dévoilant la peau grise de torse sculpté. Le bas de son corps était désormais similaire à la queue d'un requin et un aileron lui était poussé dans le dos. En quelques battements de queue, Nérée avait déjà disparu dans l'immensité de l'océan. Sanjana ne tarda pas à l'imiter. Le bas de son corps se changea en une large queue d'écailles noires qui ne ressemblait en rien à la queue de requin de Nérée. Sanjana avait d'avantage l'apparence d'une sirène que l'on rencontrait dans les contes Terriens. D'un puissant coup de queue, elle disparut à son tour dans les profondeurs de l'océan.

Je la regardai disparaître, ne pouvant détacher mon regard de sa silhouette. Il y avait longtemps que je n'avais pas vu son apparence de Sirène. La revoir ainsi me laissa un sentiment étrange dans la poitrine. La dernière fois que j'avais eu affaire à sa queue d'écailles, c'était lorsque nous étions petites et prenions notre bain ensemble. Elle s'était changée en Sirène et avait utilisé sa queue pour m'asperger d'eau tandis que je m'étais mise à hurler comme si on tentait de mettre fin à mes jours avant de lui promettre que j'allais la couper en rondelles et la manger avec du citron.

M'extirpant hors de mes souvenirs, je m'avançai face à la mer, me tenant prête. Lorsque Sanjana et Nérée ouvriront l'entrée, ce sera à nous de jouer. Kalidas allait devoir rendre invisible Ronan et Bleizian pour s'infiltrer discrètement dans les lieux. Je devais les accompagner sous mon apparence de cendres imperceptibles. Nous étions tous prêts. Bleizian ne cessait de lancer des regards en direction de ses bombes, confectionnées sous ses soins, soucieux. Derrière nous, les autres membres nous accompagnants étaient sur le qui-vive. Ils étaient chargés de guetter les éventuels intrus et prévenir toutes imprévues.

- Ils en mettent du temps, m'impatientai-je.

- Ils viennent à peine de partir, me fit remarquer Kalidas.

Je maugréai à voix basse. Je détestais attendre et chez moi, la patience était loin d'être une vertu. Je détestais être inactive. A force de rester sur place, dans l'attente des Sirènes, mes pieds s'enfonçaient dans le sable humide. Dès que je faisais un pas, le sable venait entrer dans mes chaussures, me donnant envie de crier d'agacement.