22. Misère et carnage.

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Les cavaliers avaient afflué dans tous les coins en l'espace de quelques secondes. Nous étions encerclés. Sans même nous laisser le temps d'assimiler ce qui était en train de se produire, les cavaliers de la reine chargèrent. Nous étions pris au piège. Aucune possibilité de fuite. Les cavaliers bloquaient la sortie du volcan et la seule autre issue existante était bloquée par Nérée et son pouvoir de bouclier.

Lorsqu'un cavalier à l'allure imposante se précipita vers nous, massue dans la main, j'eus tout juste le réflexe de m'écarter. Mais Martial, encore sous le choc face à la trahison de Nérée, ne bougea pas d'un centimètre. Le cavalier en profita.

Il frappa violemment de sa massue en direction du crâne du Guerrier. Le souffle coupé par la peur de ce que je voyais, je me ruai vers Martial. Ronan fut plus rapide. Il envoya un jet d'électricité percuter Martial pour l'éjecter hors de la trajectoire de la massue. D'un geste adroit, il projeta ensuite son jet en plein vers l'adversaire, y mettant beaucoup plus de force qu'il n'avait utilisé sur Martial. L'ennemi fut pris de soubresaut et fut éjecté loin de nous.

Martial, hébété, se redressa. L'électricité avait hérissé ses plumes sur sa tête, mais semblait avoir sortie le Guerrier de sa torpeur. Martial se massa les bras, pris de picotement, dans une grimace. Je m'approchai vivement de lui, le saisissant par le col.

- T'es fou de te laisser distraire dans un moment pareil ! m'énervai-je. T'aurais pu y passer, crétin !

Martial écarquilla les yeux de surprise.

- Désolé, réussit-il à articuler, encore secoué.

Je poussai un grommellement, détournant mon attention de lui pour observer le chaos qui se formait autour de nous.

- Tu as eu peur pour moi ? s'écria subitement Martial. La grande et insensible Eudora a eu peur pour ma vie ?

Je lui envoyai mon poing dans le bras avec mauvaise humeur.

- Ce n'est pas le moment de faire le clown, grinçai-je, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, on est en train de subir une attaque qui risque bien de nous être fatale.

Martial se massa le bras dans une grimace de douleur exagérée.

- Me tape pas ! Si on commence à se battre entre nous, on risque de bien trop facilité la tâche à l'ennemi. Ma Eudo, tu...

Martial s'arrêta en croisant mon regard noir et se râcla la gorge. Il se reprit ;

- D'accord, tu as raison, ce n'est pas le moment. Une idée pour nous sortir de là ?

Je regardai autour de moi, le visage sombre.

- On n'a aucune sortie disponible et les cavaliers sont bien trop armés... marmonnai-je, nous sommes fichus...

- C'est très optimiste.

- Sauf si on trouve une issue pour sortir de ce volcan qui fait aujourd'hui office de tombeau.

- Je suis ouvert à toutes suggestions.

Mes yeux se posèrent en direction de Nérée, se cachant derrière son bouclier.

- Il faut fatiguer Nérée, dis-je sans quitter la Sirène du regard. Il faut charger son bouclier jusqu'à ce qu'il n'ait plus la force de le maintenir en place.

Martial cligna vivement des yeux avant de lancer un regard hésitant en direction de son meilleur ami. La douleur se peignit sur son visage et le Guerrier eut du mal à se vêtir d'un masque imperturbable. Il se sentait trahi. Trahi par quelqu'un envers qui il avait entièrement confiance. J'aurais voulu n'y accorder aucune importance, passer outre ses états d'âme, mais sa situation avait un goût qui me rappelait mes blessures passées. Je savais ce que c'était. Je savais ce que cela faisait que d'être trahi par un proche. De lutter pour sa survie à cause de ses actions.

Obscuras Tome 3 : L'intouchable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant