27. Coma.

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On entra dans le Soldarum. Rien n'avait changé depuis la dernière fois où je m'y étais rendue. L'endroit était toujours autant bondé, regorgeant d'Obscuriums qui rampaient aveuglément contre le sol, déshumanisés, possédant une apparence à glacer le sang.

Connor, un Lycanthrope que je ne connaissais que de nom, était à la tête du groupe et frémit lorsqu'un Obscurium s'avança en sa direction, tentant de lui prendre les mains pour lui envoyer une vision. Une vision qui tuait ou rendait fou. Une vision contre laquelle j'étais étrangement immunisée.

Les êtres vides, cadavériques, rampaient autour de nous en échappant des gargouillements terrifiants. Alisa était la seule à se sentir à l'aise autour de tant d'Obscuriums. Elle regardait autour d'elle avec intérêt et compassion. Un Obscurium agrippa ses jambes de ses doigts squelettiques. La Banshee s'arrêta, mais ne le repoussa pas pour autant. Elle le contempla, une lueur étrange brillant dans ses prunelles. Ronan s'arrêta à son tour en voyant que sa sœur ne les suivait plus.

- Alisa ? l'interpella-t-il.

- Si Ciara a raison et que l'on reste des Obscuriums malgré notre retransformation, je peux désormais leur toucher les mains sans dommage ? supposa-t-elle.

Ronan écarquilla les yeux d'horreur.

- On n'en sait rien, riposta-t-il. Ne prend pas de risques inutiles !

- C'est étrange, remarqua-t-elle, ce n'est pas comme d'habitude.

- Comme d'habitude ? releva Connor.

- Quand je vivais avec les Obscuriums dans le château, je n'arrivais pas à les différencier. Je ne ressentais rien de spécial lorsque je les côtoyais. Mais là, j'ai l'impression de pouvoir sentir ce qu'ils ressentent.

- Quoi ? s'étrangla le Lycanthrope. Qu'est-ce que tu racontes ?

- Je ressens la même chose, avoua Cassius.

- Depuis qu'Eudora m'a transformée, je me sens différente, expliqua Alisa. Je ne suis restée peut-être que quelques minutes dans un état d'Obscurium, mais c'était suffisant pour comprendre certaines choses.

La Banshee se tritura les cheveux étoiles, cherchant ses mots.

- Tout ce qu'on croit savoir sur les Obscuriums sont faux. Ils ne sont même pas déshumanisés, ils vivent à l'intérieur de leur esprit, prisonniers, mais partiellement conscients du monde réel. Si les Obscuriums cherchent autant à nous saisir les mains, ce n'est pas pour nous tuer, mais parce qu'ils veulent communiquer. Communiquer dans leur langage, par des visions pour les Obscuras, mais avec des émotions et des sensations avec leur semblable. C'est le seul moyen qu'ils ont de s'exprimer.

La Banshee se pencha vers l'Obscurium à ses pieds et avant que quiconque ne puisse l'en empêcher, elle lui saisit les mains.

Alisa ne s'écroula pas, elle ne perdit pas connaissance. Elle tenait les mains de l'Obscurium, sans même plonger dans son esprit. La Banshee pencha la tête sur le côté, attentive à l'Obscurium face à elle. Le spectacle auquel nous assistions ne fit que donner confirmation. Alisa et Cassius étaient redevenus Obscuras, mais restaient au fond d'eux Obscuriums et le moyen de communication avec les autres Obscuriums marchaient toujours.

- Elle appelle à l'aide, nous apprit la Banshee en lâchant les mains de l'Obscurium face à elle. Des Obscuras font des manipulations sur son corps et elle est à bout de force.

- On est venu pour voir Brennan, les sortir de son emprise sera déjà d'une grande aide, lâchai-je, ne voulant plus perdre mon temps.

Je contemplai la grande maison au mur de vitres s'étendant face à nous. Brennan devait s'y trouver. De chez lui, il avait une vue d'ensemble sur le Soldarum. Il devait déjà savoir que nous étions là, l'effet de surprise était impossible. Mais il ne savait pas qu'on le soupçonnait, c'était le seul avantage.

Obscuras Tome 3 : L'intouchable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant