Obscuras Tome 3 : L'intouchable.

6. Château fantôme.

- Eudora ? s'étonna le Guerrier avant de regarder tout le monde, tour à tour. Ah bah merde alors... lâcha-t-il, hébété.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? lui lançai-je, je croyais que tu t'étais volatilisé.

Martial cligna vivement des yeux, essayant de se remettre de sa surprise.

- Je me suis bien enfui, avoua-t-il enfin, mais pas du château, simplement de la salle de torture. Je me suis caché dans la réserve pendant plusieurs jours afin de trouver une idée pour nous tirer de ces lieux.

- Tu t'es caché dans la réserve pendant trois jours ? s'étonna Cassius.

- Oui, dans un bac empli de fruits secs, détailla le Guerrier, enfin... maintenant j'imagine que mon estomac contient plus de fruit que le bac... Enfin bref, j'ai trouvé une pince d'aile pour me défaire de mon réducteur et j'allais venir vous libérer à votre tour, mais je vois que j'arrive trop tard.

- Ce type a passé trois jours dans un bac de fruit, répéta Cassius, n'en revenant pas. Et pendant ce temps, tous les cavaliers hurlaient à tout bout de champ parce qu'ils pensaient que tu t'étais tiré du château.

Martial haussa les épaules.

- Je sais, je les ai entendus. Je savais que si je tentais réellement de m'enfuir, je me ferais prendre. J'ai préféré me cacher.

- Mais comment as-tu fait pour t'enfuir sous les yeux de la reine Zara ? s'étonna Aleth.

- Je ne me suis pas vraiment enfui, on m'a libéré, nous apprit alors le Guerrier.

- Quoi ? lâcha Cassius. Mais qui t'a libéré et dans quel intérêt ?

Martial se massa le crâne.

- Je n'en ai aucune idée, avoua-t-il, c'était un cavalier, il portait un casque et une longue tunique. Je n'ai vu que ses yeux. Les yeux d'un Animalis. Et sa voix était celle d'une fille. Je ne sais même pas comment elle est entrée, même la reine ne s'est pas rendue compte de sa présence. Elle m'a libéré et m'a fait sortir en douce sans même qu'on ne nous remarque. Je n'ai absolument pas compris ce qu'il venait de se passer. On aurait dit un fantôme, elle était aussi discrète que le vent.

- Elle t'a libéré ? Sans raison ? Elle est de notre côté ? demanda Aleth qui semblait perdue face à cette révélation.

- Je ne pense pas que ce soit une complice, avoua Martial, lorsque je lui ai demandé pourquoi elle m'avait libéré, elle m'a dit que c'est parce qu'elle s'ennuyait. Puis elle m'a laissé planter là, au beau milieu du couloir.

Une Animalis énigmatique avait libéré Martial ? Je ne pus m'empêcher de repenser à l'Animalis du serpent croisée un peu plus tôt. S'agissait-il de cette étrange Obscuras ? La description y ressemblait fortement.

- Lorsque j'étais dans la réserve, reprit Martial, j'ai surpris une conversation bizarre, je n'ai pas tout saisi, mais ça m'a fait froid dans le dos. C'est après avoir entendu cette discussion que j'ai décidé de trouver un moyen de nous sortir d'ici.

- Quelle conversation ? lui demanda Aleth.

- Ils parlaient d'un pacte, apparemment c'est confidentiel et très peu de membres royaux sont au courant d'une telle chose. Ils ont aussi mentionné Eudora.

Je me raidis à l'entente de mon prénom. Je serrai les poings, agacée d'être sans cesse le sujet principal de toutes les conversations. Je lançai un regard à Maève, qui reprenait son souffle, assise contre le sol, avant de reporter mon attention sur le Guerrier. On avait encore besoin d'un peu de temps pour qu'elle se remette sur pied, autant continuer cette conversation.