23. Faire face.

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Nérée leva la tête en entendant la voix de son meilleur ami et se releva d'un bond.

- Vous êtes là ! s'exclama-t-il, soulagé de nous voir.

- Je crois, oui, marmonna Martial, mais toi, qu'est-ce que tu fais là ?

Nérée coula un regard en direction de Circé.

- Elle m'a traîné de force ici, je n'ai même pas eu mon mot à dire, maugréa-t-il.

- C'était pour ton bien, riposta Circé. Je te signale que lorsque je t'ai trouvé, tu étais en train de te faire tabasser par des Obscuras.

- Je m'en sortais très bien tout seul, s'entêta-t-il. J'étais mieux là-bas, qu'ici, avec tous ces Lycanthropes.

Circé soupira mais ne prit pas la peine de lui répondre. Martial s'approcha d'Orso qui dormait toujours à moitié affalé sur le bar. Visiblement, il ne semblait pas dérangé par les bruits de voix autour de lui. Le Guerrier s'apprêta à le secouer pour le réveiller mais Nérée lui saisit le bras avec précipitation.

- Je te le déconseille, le prévint-il. Orso n'est plus du tout lui-même, ses réactions sont complétement imprévisibles.

Martial eut un mouvement de recul.

- Je n'ai jamais eu peur de ses crises de colère, répliqua-t-il.

- Je ne parlais pas de ses crises de colère, rétorqua son meilleur ami, justement, il n'en fait plus. Il est complétement éteint. Vide. C'est comme si nous n'existions plus. Puis, parfois, il pète les plombs et il en devient dangereux pour lui-même.

Martial en resta béat. Il lança un regard à Orso, qui dormait profondément, les yeux écarquillés.

- Je l'ai trouvé dans la Capitale, expliqua Circé. Je ne pouvais pas le laisser là-bas, il mettait volontairement sa vie en jeu.

Un long silence s'ensuivit. La fille aigle en profita pour s'avancer vers les innombrables fauteuils et canapés. Une pile de couverture trônait sur un pouf de velours.

- Vu cette journée, on ferait mieux de se reposer un peu, annonça-t-elle. On pourra discuter demain.

Sanjana ne se fit pas prier et se jeta sur un canapé, s'emmitouflant dans une épaisse couverture. Les anciens Clandestins se dispersèrent dans la pièce. Je n'avais pas bougé d'un centimètre, regardant tout le monde s'activer sans réussir à me mêler au mouvement. Je n'étais pas la seule à être restée immobile, spectatrice des lieux. Ronan, stoïque, finit par rejoindre Circé au moment où elle sortait de la pièce.

- Je n'ai pas envie d'attendre demain pour parler, lui lança-t-il.

Ronan semblait épuisé, ses yeux brillaient d'une étrange lueur. Il semblait tendu. Vu les derniers événements, c'était entièrement compréhensible. J'avais pu remarquer qu'aucun de nous ne semblait réellement dans son assiette. Je vis alors que Rox n'était pas présente. Elle avait dû s'isoler. J'eus un pincement au cœur. La situation devait être particulièrement atroce pour elle. Alors qu'elle n'avait jamais connu sa vraie famille, chose qui lui pesait au quotidien, la rouquine venait de perdre sa sœur, morte sous ses yeux. Malgré ce fait macabre, la renarde avait dû fuir et continuer à se battre, refoulant cette perte pour sauver sa peau. Et après s'être fait torturée pendant plusieurs jours, avoir perdu sa sœur et avoir participé à une autre bataille, il était normal de vouloir s'isoler. Les événements devaient lui être retombés dessus. Inquiète, je me promis d'aller voir comment elle allait.

La voix de Ronan me sortit hors de mes pensées.

- J'aimerais comprendre. Nous luttons ensemble, côté à côté, cesse de faire bande à part. A quoi rime tout ce chambard ? demanda-t-il en désignant les lieux autour de lui.

Obscuras Tome 3 : L'intouchable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant