11. Sortir les crocs.

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On fuyait hors du château, Rose avait pris les devants. Aleth portait Alisa, toujours inconsciente, perdant beaucoup de sang. Cassius avait lui aussi été gravement blessé et bien qu'il eût tenté de faire bonne figure, il avait fini par s'écrouler. Martial avait dû le porter, pour que l'on puisse continuer notre fuite. Sanjana qui avait un peu plus tôt volée contre une vitre qui avait explosé sous son poids, était, elle aussi, mal en point, mais elle tenait le coup.

On continuait de fuir, sachant pertinemment que les cavaliers ne nous laisseraient pas partir aussi facilement. Ils allaient nous traquer, nous poursuivre, et j'espérais qu'on aurait suffisamment de force pour les repousser. Je me sentais vide d'énergie, épuisée, pourtant ma volonté de s'en sortir m'enflammait de l'intérieur.

Martial lança un coup d'œil en arrière avant de nous regarder en serrant les lèvres.

- Ils arrivent, et ils sont bien plus rapides que nous. Ils sont à pégases.

Je serrai les poings. On avait beau courir, fuir depuis presque une heure, il semblait impossible de leur échapper. Le château avait disparu de notre champ de vision. Nous étions en pleine végétation, courant dans les hautes herbes, entourés de buissons atypiques. Je ne savais absolument pas où on se trouvait. Mais les cavaliers n'avaient eu aucun mal à nous retrouver.

- Empruntons les boisements, proposa Rose, les pégases auront plus de mal à galoper à travers les arbres.

On obtempéra. J'avais la cage thoracique en feu, mais il fallait poursuivre. On n'avait pas le choix. C'était soit fuir, soit se faire prendre.

Malheureusement, le boisement n'était pas très grand et on arriva bien vite en terrain découvert. On ne prit pas le temps de s'arrêter, de se questionner sur le chemin à emprunter, nous n'avions pas ce loisir. On continua notre course dans des herbes humides, vaseuses. Mon pied s'enfonça dans la vase et je manquai tomber. Maève eut le réflexe de me rattraper avant que je ne chute.

J'étais impressionnée par elle. Maève avait débarqué il n'y avait pas si longtemps et elle avait déjà enduré pas mal de choses. Mais elle ne bronchait pas. Même là, alors que nos vies étaient en jeu, elle ne disait rien, ne paniquait pas. Elle fuyait avec nous, ne se plaignait pas de la fatigue. Elle courrait moins vite que nous, mais réussissait à garder le rythme.

On arriva devant une prairie marécageuse et Martial s'arrêta net. Il manqua en faire tomber Cassius qu'il tenait toujours entre ses bras. Son regard s'était figé et il avait pâli.

- Martial ? l'appela Rose, se rendant compte de l'arrêt subit de son petit ami.

On s'arrêta tous, ne pouvant pas laisser le Guerrier derrière nous. Ce n'était pourtant pas le moment de cesser de fuir... On n'avait pas une minute à perdre. Mais Martial ne réagit pas. Il n'était pas dans son état habituel. Rose s'avança et ses yeux s'illuminèrent, elle sembla comprendre ce qu'il se passait.

L'Obscuras s'avança vers le Guerrier.

- Je peux porter Cassius, prendre la relève, si tu veux, lui proposa-t-elle en effleurant le bras du Guerrier du bout des doigts.

Rose semblait être la seule à comprendre la réaction de Martial. Ce dernier cligna vivement des yeux, revenant dans l'instant présent. Rose s'empara de Cassius, et malgré la forte carrure de ce dernier, elle ne sembla pas éprouver de difficulté à le porter.

Elle intima au Guerrier de la suivre. Il fallait que l'on reprenne notre fuite. C'était impératif. On entendit un bruit de galop derrière nous et se retournant d'un geste vif, on vit des pégases apparaître dans le lointain. Les cavaliers arrivaient.

Obscuras Tome 3 : L'intouchable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant