14. L'éternité de l'âme.

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Il était là. Et ma réalité reprenait peu à peu des couleurs. Il était là. Il existait encore. Il était mort sous mes yeux, mais pourtant, il était là, face à moi, son torse se soulevant au rythme de sa respiration.

J'en eu les larmes aux yeux et je fondis dans ses bras. Marin me serra contre lui avec force. Jamais je n'aurais cru le revoir un jour. J'avais l'impression de goûter à un miracle. On disait que la mort était définitive. J'avais cru les miens effacés à jamais. Mais j'apprenais désormais qu'il existait des exceptions et Marin en faisait partie.

Marin avait toujours dix ans. La mort ne l'avait pas permis de vieillir. Mon grand frère était désormais plus jeune que moi. Comme lors des illusions que je m'étais créée. Des illusions que j'avais formé afin de m'enfermer dans ma bulle, m'échapper de la réalité, auprès des miens rendus factices. Mais cette fois-ci, ce n'était pas une illusion, j'avais mon frère dans mes bras et il était bel et bien réel.

- Je ne rêve pas... marmonnai-je, ayant du mal à réaliser la réalité des choses.

Je pouvais le voir et le toucher. C'était un cadeau inestimable. Marin lâcha un rire et, s'éloignant de quelques centimètres, il me regarda droit dans les yeux.

- Je suis content de te revoir, m'intima-t-il. Enfin, pour te dire vrai, j'ai déjà revu ton autre version à plusieurs reprises. C'est étrange de se dire que désormais, j'ai deux sœur... enfin, la même en deux exemplaires... Quel cauchemar ! me charia-t-il.

J'hallucinais. C'était la première fois que je revoyais mon frère depuis qu'il s'était fait assassiner sous mes yeux et voilà ce que ce con me sortait comme premiers mots !

Je lui envoyai une tape sur la tête dans un grognement de mécontentement. Forcément, il se mit à en rire. Et j'avais envie de rire avec lui, heureuse de retrouver nos chamailleries, mais entêtée, je jouai la fille agacée. Et Marin le savait très bien.

- Si tu es là depuis toutes ces années, pourquoi est-ce que tu n'es pas venu me voir plus tôt ? me mis-je à rouspéter. Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?

- Tu n'es pas une Yama et tu te trouvais sur Terre, comment voulais-tu que je vienne à ta rencontre ? se justifia-t-il. Puis, tu ne connaissais rien des réels enjeux, ma venue aurait été prématurée.

Je serrai les lèvres, assimilant ses propos. Ce qui était fait était fait, protester n'aller rien changer à la situation. J'avais beaucoup trop de choses à lui dire, trop de choses à lui demander et si peu de temps... Et j'aurais voulu lui hurler que j'étais désolée. Désolée d'avoir créé ce drame en allant voir Samaël. Désolée de ne pas l'avoir écouté et de ne pas avoir gardé secret le vol du globe. Désolée. Mais aucun mot de ce style ne parvint à franchir mes lèvres.

- Comment se fait-il que tu sois une exception ? Que malgré la mort, tu existes encore ? articulai-je faiblement.

Marin lança un regard à Mahina qui nous contemplait sans broncher.

- Ce genre d'informations, tu aurais pu les lui donner, fit-il remarquer.

L'Animalis du serpent haussa les épaules.

- Je te laisse ce plaisir, ronchonna-t-elle, j'ai suffisamment perdu de salive pour aujourd'hui. Bon je vous laisse les frangins cendrés, je vais faire un petit roupillon, vos échanges m'ont fatiguée. Par contre, grouillez-vous, je dois rejoindre la reine Zara au matin et elle est intolérante envers les retards... comme envers tout en fait.

Sur ces belles paroles, Mahina s'éloigna à grand pas avant de se laisser tomber contre un rocher et de fermer les yeux. Elle ne rigolait pas quand elle prétendait vouloir dormir.

Obscuras Tome 3 : L'intouchable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant