II. 7.

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Il n'y avait plus qu'un pas à faire, un seul pas, un tout petit pas. Un pas qu'elle fit, brusquement, sans plus résister, sans plus chercher à se l'interdire. Un pas rapide qui s'acheva contre lui, contre ce corps impudique et convoité, un corps, un buste qu'elle entoura de ses bras. Un corps qui ne tarda pas à répondre au sien, transformant l'impact en étreinte, l'enserrant, l'enlisant au sein de cette captivité volontaire. Son épiderme retrouva immédiatement ce crépitement apaisant qui lui avait tant manqué, ses poumons se saturèrent de ce parfum captivant qui l'avait tant imprégné, et alors elle réalisa. Elle prit la mesure du manque, comprit les dimensions de son agonie, de cette démence qui s'était montrée à la hauteur de cet effet qu'il avait sur elle. Et ses mains qui agrippaient, son nez qui s'enfonçait et dérangeait ses longs cheveux avec avidité, ne faisait que traduire une forme de réciprocité qu'elle n'avait pas imaginé une seule seconde.

- Pardon... Pardon... Murmurait-il, se lamentait-il à son oreille, tandis qu'elle tentait de l'en déloger délicatement pour l'observer.

Son regard craintif, implorant, et cette mine chiffonnée sur laquelle elle apposa le bout de ses doigts, puis sa paume en une caresse apaisante et presque inconsciente.

- Il faut qu'on se parle. Annonça-t-elle après qu'il eut déposé son front contre le sien, ses doigts glissant de sa joue jusqu'à cette bouche toute masculine pour en empêcher la progression vers la sienne dans une sorte de suite logique des choses qu'elle n'était pas certaine de désirer.

Elle ne connaissait que trop bien, désormais, le tourbillon dans lequel chacun de leurs gestes les entraînait. Chaque fois l'escalade avait été la même, une caresse menait une autre, puis un baiser se transformait en véritable apnée passionnée, pour finir à l'horizontal sans plus aucun contrôle. Non, même si son corps brûlait d'impatience de retenter l'expérience, son cœur et sa raison n'en voulaient plus. Pas comme ça. Pas après tout ce qu'avait engendré la dernière fois. Peut-être en avait-il conscience également, ou bien chercha-t-il juste à la rassurer, néanmoins il hocha de la tête en signe d'acceptation.

- Mais, il faut que je m'asseye. Grimaça-t-il sans pour autant ébaucher le moindre mouvement.

Elle comprit rapidement le pourquoi de sa démarche maladroite, ainsi que la grimace qu'il avait accusé en s'extirpant du lit : il souffrait. Son genou lui faisait vivre un enfer, et pourtant il était demeuré debout durant tout ce temps, supportant le poids de son corps et son immobilisme forcé.

- Oui, bien sûr, pardon ! Baragouina-t-elle précipitamment en le ramenant jusqu'au lit. Allonge-toi.

- Si je m'allonge, je vais m'endormir.

Il venait de s'échouer sur le matelas, étendant seulement sa jambe convalescente, gardant l'autre repliée. Ridicule.

- Ce n'est peut-être pas une mauvaise idée. Tu devrais dormir un peu, on parlera après. Dit-elle en lui appuyant sur les épaules pour qu'il s'allonge totalement.

- Tu vas partir. Affirma-t-il en se redressant.

- Je ne suis pas venue jusqu'ici pour te chanter une berceuse, rassure-toi. Et c'est toi le pro du départ, n'inverse pas les rôles.

Et elle l'aplatit une nouvelle fois sur le matelas.

- La fuite en pleine nuit, c'était toi !

Et il se releva, encore.

- T'as de la chance, il fait plein jour.

Et elle ré-appuya sur ses épaules.

- Tu me dois une nuit complète. Annonça-t-il alors, restant à l'horizontal, mais hasardant un regard sur sa droite.

nāphîlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant