I. 7.

18 4 0
                                    


- Pourquoi tu parles si bas ? Demandait la voix éteinte, rendue presque mécanique après son voyage au travers de l'appareil.

- Parce que j'ai peur qu'ils m'entendent !! S'insurgea à voix basse, son interlocutrice.

- Qui ?

Du fin fond de son lit, Pâris n'avait pas encore totalement émergé, et conservait le téléphone allumé entre son oreille et son oreiller, tandis qu'il s'interrogeait encore quand à la réalité de cette scène. Était-il réellement éveillé ou bien s'agissait-il d'un rêve totalement surréaliste ?

- Qui ? Qui ?! Mais tu ne suis pas du tout, ou quoi ? Les cavaliers de l'Apocalypse, je te dis !! Scandait la jeune femme, se recroquevillant un peu plus sur elle-même, ses genoux venant se ranger sous son menton, tandis que d'un bras elle consolidait la position.

- T'as raison, Astro. Salue-les de ma part.

Alors qu'il s'apprêtait à raccrocher afin de poursuivre sa nuit, la voix plaintive de sa sœur l'en empêcha, et le soupir qu'il poussa depuis Paris fut nettement perceptible arrivé à Beynac.

- Ok, reprenons tout depuis le début, si tu le veux bien.

Cette fois-ci, sa voix était plus nette, son timbre plus vif, et le bruit des draps qu'on froisse ou défroisse se fit entendre depuis l'autre bout de la ligne. Il venait de se redresser.

- Pour commencer, t'es où ?

Après un instant d'hésitation, le filet de voix féminin se fit entendre à nouveau.

- Accroupie dans un placard...

- Seule ?

- Non, je suis en pleine bataille navale avec Adhémar et Pons II. D8 touché, coulé !

Le silence se prolongeant de l'autre côté du téléphone, Astrée poussa, à son tour, un soupir sonore, avant d'ajouter :

- Evidemment que je suis seule, avec qui voudrais-tu que je sois ? Je vis cloîtrée dans un placard du premier étage, coincée entre différents portraits d'ancêtres qui doivent bien se foutre de ma gueule, pendant que je chiale au téléphone, appelant à l'aide un frangin végétant à plus de cinq cent kilomètres de là !!

Et... Respiration ! Elle avait lâché tout ça d'une traite, sans même songer à ses poumons qui finiraient par réclamer leur dose d'oxygène. Maintenant que c'était chose faite, la tête lui tournait un peu. Ou bien était-ce dû à la poussière qui régnait ici depuis près d'une décennie. Du bout de sa manche, enfin celle de son frère, elle frotta un petit bout de parquet, vainement décidée à lui rendre son lustre d'antan.

- Pourquoi tu te caches, Ast ?

- Pour pas qu'ils me trouvent, pardis !

Ce qu'il pouvait manquer de perspicacité parfois !

- Qui ? Les quatre cavaliers de l'Apocalypse ? Vous faîtes un cache-cache ? J'suis content que tu te sois fait des potes, mais...

- Quatre ? Tu penses qu'ils sont quatre ? Demanda-t-elle, soudain encore plus paniquée, si tant est que ce soit réellement possible, jetant des regards à la ronde, malgré le fait qu'elle n'avait toujours pas bougé du placard.

- J'en sais rien, c'est toi qui me parles des caval...

- On s'en fout des cavaliers, bon sang ! Le coupa-t-elle sans ménagement. T'es supposé me rassurer, tu vois, pas me foutre le trouillomètre à zéro ! Sérieusement, tu sers à quoi, hein ?

- Astrée, je suis à mon max, là !

Il ne pu le voir, évidemment, mais à cet instant précis, sa sœur roula des yeux. Animée par une peur irrationnelle, elle n'avait pas vraiment su vers qui se tourner. Après un long moment d'inertie passé ramassée contre le mur, elle avait finit par se remettre, d'abord sur ses pieds, puis en mouvement, achevant sa course roulée en boule au fond d'un placard. Le portable à la main, elle n'avait hésité qu'une demie seconde avant de laisser les tonalités la rapprocher de son frère. Un frère qui, malheureusement, se retrouvait être parfaitement inefficace.

nāphîlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant