Chapitre 30

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Après avoir passé de longues minutes à nous étreindre, il a bien fallu passer aux choses sérieuses. Nous nous sommes alors raconté ce qu'il s'était passé de nos propres côtés, à l'instant où nous nous étions quittés pour la dernière fois, à savoir, il y a quelques mois. Ils savaient déjà, en ne nous voyant pas rentrer ce fameux jour, ni moi, ni Morgad, ni Terrence, que nous étions partis. Ils savaient qu'ils risquaient leurs vies depuis le jour de l'échange entre moi et Lungden. D'ailleurs, et je ne pouvais pas les en blâmer, ils avaient essayé de récupérer leur fils, mais non, les dieux avaient leurs plans prévu depuis longtemps pour survivre, et, comme pour Idunn avec moi et cet autre frère, Srenk, ils n'avaient pas pu récupérer leur enfant. Ils avaient néanmoins fait comme si de rien n'était pendant des années, et m'ont élevée sur Terre, surveillés par les parents de mes amis, bannis, pour la même raison, une fois de plus, s'être aimés -non, pardon, pour, je cite, "avoir transgressé les lois entre les mondes". Lois mises en place par, évidement et uniquement, les Ases et les Vanes. Pas sûre que ça leur parle, la démocratie, les libertés, tout ça...

Maintenant que nous nous étions retrouvés, bien que ce n'était que temporaire, je devais bien me rendre compte que les choses ne seraient plus pareilles entre nous. Rien que par nos physiques, car eux aussi avaient repris leurs véritables apparences. Mon père, que je connaissais déjà comme un homme assez grand, brun, aux sourcils larges, aux yeux châtains, n'avait pas vraiment changé, si ce n'était que ses cheveux avaient poussés, que son visage s'était affiné et que ses oreilles s'étaient un peu allongées. Ma mère, par contre, avait connue une grande transformation. Enfin, pour tout dire, elle avait perdu tout ce qui pouvait lui permettre de garder une apparence humaine. Ses cheveux, que je savais blonds, possédaient désormais de légers reflets bleus-verdâtres, ses oreilles, comme pour celles de mon père, s'étaient allongées et un peu élargies, et étaient ornées de quelques pointes. Ses yeux étaient restés bleus, mais ses pupilles étaient comme celles d'un reptile, formant deux fentes noires. Tout comme moi, ses branchies étaient présentes à la base de son cou, mais à l'inverse des miennes, les siennes étaient presque complètement ouvertes. Il y avait de la peau entre ses doigts de mains et de pieds, comme si elle avait des palmes, et des petites nageoires sortaient du haut de ses bras et de ses jambes. Pour contrebalancer cette apparence tout sauf humaine, elle portait les mêmes vêtements que la dernière fois que nous nous étions vues, à savoir un long gilet beige, un débardeur blanc et un large pantalon, qui lui donnait un air parfaitement décontracté, et qui contrastait avec la réalité de notre situation et de leur mort.

Je n'avais pas de temps à perdre, si j'étais ici et que j'avais su qu'ils y étaient aussi, c'était pour une bonne raison, et je dû couper court à nos retrouvailles.

- Il faut que je vous dise... Je ne suis pas venue ici dans l'unique but de vous revoir. En fait, je ne savais même pas que vous étiez là il y a quelques heures. Je suis venue parce que les Vanes veulent suivre une stratégie qui nous fera perdre à coup sûre, et on m'a dit que vous pourriez m'aider.

- Qui te l'a dit ? me demanda mon père d'un ton suspicieux.

- Il s'appelle Hrund, et il me soutient lui aussi.

- Le vieux ? s'étonna-t-il. Il m'étonne, c'est pourtant lui qui a le moins de comptes à te rendre.

- Comment ça, des comptes à me rendre ? fis-je intriguée.

- Je vois... Ils ont "oublié" de le mentionner. Ecoute, tu n'en as visiblement pas pris conscience quand on te l'a dit, mais c'est grâce à toi que nous sommes tous ici aujourd'hui. A toi et à ton pouvoirs de Renouveau. Pour faire simple, tu as fait revenir à la vie tout l'Yggdrasil dans un nouvel univers, celui dans lequel nous sommes en ce moment, quand tu avais sept ans, sauf pour Hrund, puisqu'il a pu s'en sortir en ressuscitant immédiatement. A part lui, si ils sont là, c'est uniquement grâce à toi, et ils le savent ces enfoirés.

Laïra, la fille du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant