Chapitre 21

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- Je ne t'avais pas encore vue venir ici, Laïra, fit une voix sur un ton mi- accusateur, mi- désolée.

Je me retournai brusquement pour voir le nouveau venu. Maxence se tenait dans l'embrasure de la porte, les bras croisés.

- Je... J'avais pas la tête à ça... m'excusai-je, me rappelant des dernières journées passées ici. 

Je relevai la tête, les larmes aux yeux.

- Je suis désolée... Tout est de ma faute... ai-je murmuré avant de fondre en larmes.

Il s'avança alors et me prit dans ses bras, les yeux humides lui aussi.

- Arrête de dire ça. C'est nous qui avions décidé de rester quand les Jotuns sont arrivés.

- Tu m'as dit que c'était votre devoir, vous n'aviez pas le choix, répondis-je.

- On a toujours le choix, Laïra. Peu importe quel pacte a été passé, quelle dette on a avec quelqu'un, on n'oubli pas qu'on est pas dans un film, et que, parfois, quand on ne tient pas vraiment à une personne, on peut se dire qu'on arrivera à vivre avec des remords. Nous, on a fait le choix de rester, parce qu'on tient à toi. Vraiment. Alors arrête de dire que c'est de ta faute si Terrence est dans cet état.

- Terrence ?

- Son vrai nom. Il fallait se fondre dans la masse, alors ses parents lui avaient choisi ce pseudonyme,  "Thierry". 

- Et le tien ? Qu'est-ce que c'est ?

- Morgad. 

Je me détachai de lui et retournai au chevet de Terrence sans un mot. Rien ne semblait arriver à m'étonner, désormais, pas même de savoir que mes amis ont réussi à vivre une double identité toutes ses années.

Morgad, puisque c'était son nom, me rejoignit et s'assit de l'autre côté du lit. Aucun de nous ne parlait, seul la faible respiration de Terrence remplissait la pièce.

- Tu penses qu'il se réveillera un jour ? dis-je pour briser le silence.

- Les elfes ne sont pas des grands fans du froid. Je pense qu'il va falloir attendre encore un peu avant qu'il ne rouvre les yeux. Mais tant qu'il respire... 

Comme répondant à un signal, le torse de l'elfe se cambra violement avant de retomber et d'être pris de brusques soubresauts, la bouche ouverte sans pour autant réussir à prendre ne serait-ce qu'une bouffée d'air.

Nous nous sommes immédiatement relevés et jetés sur lui, appuyant plusieurs fois sur son buste, espérant le plus fort que nous le pouvions de le réveiller.

- Aller ! Réveille-toi ! Réveille-toi bordel ! lui criait Morgad.

Mes larmes à peine séchées commençaient déjà à remonter tant la situation était critique, alors je continuais d'appuyer, de plus en plus vite et de plus en plus fort.

Et puis, d'un coup, il ouvrit les yeux et se mit à rire.

- Quoi ?... 

Il nous regarda à tours de rôle, toujours souriant.

- Si vous pouviez voir vos tête !

On se regarda un instant avant de lui hurler :

- MAIS ESPECE D'IDIOT ! T'ES PAS BIEN OU QUOI ?! ON A CRU QUE T'ETAIS EN TRAIN DE MOURIR ! QU'EST-CE QU... 

Mais devant son sourire d'ange, nous avons cessé de hurler, lui sautant dans les bras.

- Tu peux pas savoir à quel point je m'en veux. lui dis-je tristement.

Laïra, la fille du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant