Chapitre 19

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Mes jambes se dérobèrent sous moi, me faisant tomber au sol, et les larmes me remplissaient les yeux, brûlés par les cendres. Qu'elles me rendaient aveugles, je m'en foutais. Qu'elles m'asphyxiaient, si ça leur plaisaient. Mes parents étaient morts, plus rien d'autre n'était important.

Comme guidée par un instinct, je m'élançai dans ce qui fut mon chez moi, cherchant désespérément le moindre signe qui m'indiquerait que tout ça n'était qu'une mascarade, voir un cauchemar, dans le pire des cas. J'hurlai à m'en déchirer les cordes vocales, comme un animal, laissant des torrents de magie s'échapper de mon corps, mélangeant le feu et l'eau, l'air et la terre. Mais il n'y avait rien, juste des cendres.

Et puis je le vis. Un message de glace laissé au sol, commençant déjà à fondre.

Je te prends ce que tu m'as volé. L.

Un bras m'attrapa par la taille et me tira en arrière, m'éloignant de ce message et de mon ancienne vie. Je ne voulais pas partir, mais mes forces me quittaient. J'aperçus Thor me pousser dans un autre portail, puis, plus rien, le noir complet.

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Les souvenirs dansaient dans ma tête. Je me revoyais courir dans l'herbe, explorer des forêts en faisant de longues randonnées avec mes parents, ou bien passer des heures sur des plages plus ou moins chaudes, au gré de nos envies de voyage, escalader des montagnes et parcourir les villes d'Europe, traverser l'Angleterre en voiture, voir des baleines en bateau en Islande, admirer des Geiger sortir du sol et s'évaporer avant de suivre le vent, manger près des volcans, prendre l'avion et ressentir la même dose d'adrénaline lors du décollage que de l'atterrissage, dévorer des livres entiers au coin du feu de cheminé, ou au contraire être frigorifiée dans une tente au fin fond de l'Écosse. Ils seront à jamais gravés dans mon esprit, jusqu'à ce que la mort m'en sépare.

"Pour bientôt", pensais-je, à moitié consciente. En effet, je me voyais mal survivre à un combat contre les créateurs de milliards et de milliards de forme de vie, et ce même si je suis la fille de l'un d'entre eux. De plus, il ne me restait plus que quelques mois pour apprendre à maîtriser ces pouvoirs et à gagner une guerre contre un Na'vi aux cheveux bleus surpuissant, éviter de mourir et me préparer pour la phase finale. Non, il n'y avait absolument aucune pression.

Et puis, qu'est-ce que ça voulait dire "Je te prends ce que tu m'as volé. L". Et qui était ce "L" ? Loki ? Ou quelqu'un que je suis censée connaître ?

Je décidais de me rendormir, ou au moins de faire semblant. Je n'avais pas vraiment fermé l'œil, repassant en revu tout ce que j'aurai pu faire pour éviter ce désastre, pleurer toutes les larmes de mon corps et déverser ma rage contre chaque objet de la pièce où je me suis enfermée deux jours plus tôt, à l'étage, quand nous sommes arrivés ici, dans ce qui semblait une maison assez discrète paumé en plein... en plein quoi, d'ailleurs ? J'étais certaine que nous n'étions plus dans la dimension où j'ai grandi, certainement dans celle de Thor, de Loki et de ce foutu "Maître", sur Terre, probablement.

Un bruit sourd se fit entendre contre le mur en face de moi, où derrière se trouvait la chambre de Maxence. Lui aussi avait perdu ses parents, tout comme Thierry, mais lui était toujours dans son espèce de coma. C'était Thor qui me l'avait dit, lorsqu'il m'emmenait de quoi manger, et quand je lui avait demandé pourquoi nous n'allions pas sur Alfheim ou Vanaheim -après tout, c'est un demi elfe-, il me répondit qu'il était intransportable, sauf si nous tenions vraiment à l'achever. Et impossible de faire venir ce qui ressemblerait à un médecin elfe, ceux-ci refusant catégoriquement de sortir de leur royaume. Le dieu du tonnerre m'a aussi appris que Loki allait bien et qu'il s'était vite remis de sa blessure, et, même si ils m'en voulaient encore, Thor avait semblé comprendre mon geste.

Laïra, la fille du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant