A peine ces paroles prononcées, ce fut comme... comme une renaissance. Je pouvais sentir chacun de mes os se reforger, un courant d'air allant regonfler mes poumons, un flot d'énergie parcourir chacune des parcelles de mon corps, et puis, après, une fureur incontrôlable prit possession de moi.
Je sentis mes cheveux s'enflammer, provoquant un doux frisson de chaleur qui m'avait tant manqué depuis mon arrivée sur cette planète de glace. J'eus l'impression que du métal liquide coulait sur mes mains, mais c'était mes chaînes qui venaient de fondre.
Tout ça n'a duré que quelques centièmes de secondes, pas suffisant pour le Jotun arrête son poing à temps. Juste avant qu'il n'ait le temps de me porter le coup, j'avais attrapé sa main, les miennes étant désormais deux boules de feu. Je lisais dans ses yeux de la surprise, et, plus surprenant, de la peur. La seconde d'après, il avait été propulsé contre le mur de l'arène, ne pouvant se relever.
Le public avait cessé de rire et de hurler, même le "Maître" ne parlait plus. L'atmosphère était lourde, pesante, silencieuse. Tout les regards étaient braqués sur moi, et, même sans le voir, je savais qu'ils avaient peur. Tous. Sans exception.
Je m'étais relevée mécaniquement, comme si je n'arrivais plus à réfléchir à ce que je devais faire, et que j'étais guidée par de simples idées. Le désespoir venait de laissé place à la colère et à la vengeance.
Je marchai vers le géant, toujours à terre, ses bras complètements carbonisés. C'était comme si le temps s'était arrêté, il n'y avait plus un bruit, et même Elenwë et l'autre Jotun semblaient avoir cessé de se battre. Je sortis mon épée, que j'avais récupérée au passage, mis un pied sur le torse du géant, l'arme au-dessus de sa gorge.
Ce n'était plus moi qui était aux commandes de mon corps. Ou bien alors était-ce un fragment de mon esprit qui me contrôlait ? Toujours était-il que je ne me sentais plus moi, comme si nous étions plusieurs dans une même tête, et que je n'étais que spectatrice de ce que je faisais.
Je sentais que j'allais le tuer. Je me voyais prendre l'épée, prête à l'enfoncer dans le cœur du géant. C'est à ce moment-là que j'ai croisé son regard, qui me suppliait de le laisser vivre. Un regard dénué de toute forme de colère ou de haine, mais remplit de pitié et de peur.
Mais il était trop tard. Je l'avais tué.
Sans cette autre "moi", je ne l'aurai sans doutes jamais fait. Blessé ou assommé, tout au plus, mais certainement pas le tuer. Je n'en aurai jamais eu le courage. Et pourtant, c'est ce qui est arrivé. Je pourrais me dire que ce n'était pas vraiment moi, que je n'y était pour rien. C'est faux. Si il est mort, c'est parce que, à un moment donné, j'ai voulu me venger. Ca a largement suffis à faire apparaître "l'autre", et je savais que ça n'allait pas s'arrêter là.
PDV Loki, quelques minutes plus tôt :
Laïra était mal en point, cela se voyait, et le "Maître" ne se gênait pas pour en rajouter une couche. Non, tout compte fait, ça ne me dérangeais pas de la voir perdre son sourire moqueur quelques instants.
Enfin, je n'avais pas à m'inquiéter de la situation plus que ça. Après tout, ne suis-je pas le Dieu de la Malice ? A ce titre, j'ai, évidemment, plus d'une carte dans la manche.
Je sortis de mes pensées à l'instant où Laïra venait de se transformée en torche vivante. Je pouvais sentir le "Maître" se tendre. Il a dû penser que de simples chaînes allaient suffire pour retenir ses pouvoirs. Grave erreur.
Il régnait dans l'arène un silence de mort. J'ai essayé de m'infiltrer dans la tête de Laïra, mais il y avait quelque chose qui m'en empêchait. Ce n'était pas normal.
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Laïra, la fille du Temps
De TodoJe m'appelle Laïra, et ne me demandez pas mon nom de famille, parce qu'il a dû se perdre en chemin, avec mon âge, durant ma - pardon, mes - naissances. Oui, je suis née deux fois, il y a assez longtemps, mais ce sera plus facile à expliquer en comme...