Nous sortîmes sans encombre de Fólkvangr, et Nzey me reconduisit au manoir de Freya. Les escaliers ne me furent évidemment pas évités, mais je n'y pensais plus vraiment. Un nœud s'était comme formé dans mon estomac à l'idée de devoir annoncer à Morgad la nouvelle pour ses parents en même temps que pour ceux de Terrence. Le bon côté avec cette angoisse, c'était que ma faim s'était dissipée. C'était mieux que rien, on va dire.
Il m'emmena dans un endroit du manoir que je n'avais pas encore exploré tout à l'heure, et qui donnait sur un couloir bordant un jardin extérieur d'un côté et de multiples portes de l'autre. Nzey sortit un trousseau de clés et en passa une dans la serrure d'une porte, l'ouvrit, et me fit signe d'entrer. C'était une chambre, assez grande et ressemblant à celle où m'avait "logé" Loki sur Jotunheim, avec le même or et le même luxe, la glace en moins, remplacée par un peu de végétation.
- Votre clone pourra vous revenir discrètement par ces plantes sans problème, m'affirma-t-il.
- Elle les a déjà retrouvé ?
- Non, mais ça ne saurait tarder.
- Vous ne pouvez pas me dire directement où ils sont ? Ce serait beaucoup plus simple.
- Elle m'a dit de ne pas vous le dire, et je ne peux désobéir à un ordre direct de Freya. Elle le saurait et nous en subirions les conséquences.
- Mais vous...
- Elle m'a dit de vous reconduire ici, ce que j'ai fait. Elle ne m'a cependant jamais dit que je ne pouvais pas vous parler, vous donner des informations que vous n'étiez pas censée savoir, ou vous laisser faire. Elle pense que je lui suis naturellement dévoué, et que jamais je ne pourrais rien faire contre elle. C'est ça, le problème des dieux. Ils sont persuadés que tout leur revient, tout naturellement. Nos vies, nos morts, et... nos loyautés...
Il s'arrêta dans son monologue et me fixa. Bon, là, c'était officiel, il était de mon côté et la faisait à l'envers à Freya.
- Cette chambre est vôtre jusqu'à demain. Vous y trouverez des vêtements qui vous permettront de passer inaperçue dans le manoir et de rejoindre la salle du Conseil. Je suis censé vous consigner ici jusqu'à ce que Freya ne vienne vous chercher pour le banquet de ce soir, mais il se pourrait que j'omette malencontreusement de verrouiller vos appartements, et que je laisse sur la serrure les clés des chambres où sont retenus vos amis, qui sont, de manière complètement hasardeuse, voisines de la votre. Vraiment, quel tête-en-l'air je fais !
Il s'apprêtait à sortir en essayant de cacher son grand sourire, mais je le retins :
- Merci pour votre aide, Nzey. Vraiment.
- Vous savez que nous ne nous allions que par intérêts communs... Mais de rien.
Il sortit, définitivement cette fois-ci, prit un autre couloir et disparu de mon champs de vision. J'entrai alors, fermai la porte de la chambre, en prenant le soin de prendre le trousseau de clés toujours sur la serrure, et m'avançai vers le centre de la pièce. Elle était grandiose, certes, mais je ne m'y sentie pas à l'aise. C'était trop doré, trop luxueux pour moi, comme tout à l'heure dans les escaliers du manoir, j'étais trop différente d'eux pour m'y sentir à ma place.
Je n'avais pourtant pas de temps à perdre à admirer la décoration, Eau allait bientôt revenir, je devais être prête à agir dès qu'elle arriverait. Je fis rapidement le tour de la chambre et jetai des coups d'œil dans les différentes armoires jusqu'à trouver ce qu'il me fallait. Je retirai en vitesse mes vêtements humains que je jetai en boule dans mon sac et enfilai une tunique courte vert-de-gris sans manches, brodée de symboles dont je ne connaissais pas la signification, mis un pantalon en cuir, une pair de bottes et attachai une ceinture autour de ma taille pour y accrocher ma dague. Ne trouvant pas de quoi dissimuler les cicatrices sur mes bras, il me fallut opter pour des gants sans doigts en cuir, de quoi cacher ma récente blessure à la main -c'était toujours ça de pris. Je n'avais peut-être pas la classe de Freya avec ça, mais au moins, je n'aurais pas de problèmes pour me rendre à la salle du Conseil.
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Laïra, la fille du Temps
De TodoJe m'appelle Laïra, et ne me demandez pas mon nom de famille, parce qu'il a dû se perdre en chemin, avec mon âge, durant ma - pardon, mes - naissances. Oui, je suis née deux fois, il y a assez longtemps, mais ce sera plus facile à expliquer en comme...