Point de vue externe :
La nuit était tombée il y a déjà plusieurs heures sur Vanaheim. Troublant le calme plat qui régnait dans le palais de la Reine Freyja, deux silhouettes sortirent de l'ombre et se faufilèrent à l'extérieur des épais murs de pierre.
- Dépêche-toi, on doit atteindre Fólkvangr avant le prochain tour de garde ! chuchota une voix de femme.
- J'irais plus vite sans toutes les breloques que tu m'as mises sur le dos ! renchérit une voix masculine. J'arrive à peine à courir !
- Rien ne nous dit qu'on ne croisera personne une fois à l'intérieur, alors remets ton foulard ! Ça vaudra mieux pour nous deux qu'on ne voit pas ton visage.
L'homme grommela et accéléra autant qu'il pu la cadence, essayant de ne pas trop se faire distancer par sa compagne.
Après plusieurs minutes de course, les deux individus arrivèrent devant les immenses portes en bois massif de Fólkvangr. Reprenant leur souffle quelques secondes, ils sortirent de dessous leurs robes deux haches pour l'un et une épée et un bouclier pour l'autre, tous recouverts d'un liquide rouge, et les accrochèrent à leur ceinture.
- Reste naturel, intima-t-elle à son compagnon avant de pousser les portes de la demeure.
Le feu des immenses cheminées de la grande salle de banquet fit sortir de l'ombre les nouveaux venus. Assis à table pour manger ou s'occupant avec divers jeux près des foyers, les résidents de Fólkvangr firent à peine attention à eux. S'engageant dans l'allée donnant accès aux escaliers, ils furent soudain interrompu par la voix d'un guerrier occupé à affuter méticuleusement la lame de sa hache :
- Dame Angrboda ! S'écria-t-il, tout enjoué, à l'encontre de l'homme qui couvrit un peu plus son visage avec son châle avant de se retourner. Par les Dieux... Vous êtes couvertes de sang !
En effet, les robes des deux comparses donnaient l'impression d'avoir été repeintes en rouge.
- Je... Il se trouve que... bredouilla-t-il en essayant sans grand succès de camoufler sa voix grave.
L'Einherjar ne lui laissa même pas le temps de finir qu'il se retourna vers la femme.
- Dame Menglöd ! Que vous régliez vos différents dans des duels non conventionnels, passe encore, mais, par pitié, terminez vos combats par une mise à mort ! Regardez par terre, vous laissez du sang partout où vous passez ! Nous ne sommes pas au Walhalla, ici ! Vous ne pouvez pas...
Le voix de l'Einherjar, plus ferme à l'encontre de "Menglöd" que d'Angrboda, s'amenuit brutalement lorsque la première se retourna et lui lança un regard fulminant en franchissant la distance qui la séparait du guerrier dans un silence de glace, le dominant de part sa taille, ses mèches blonds retombant sur son visage.
- Avez-vous quelque chose à redire sur mes méthodes, jeune guerrier ? Le questionna-t-elle en le fixant de ses yeux bleus si proches du blanc qu'ils paraissaient vide. Ces tâches de sang ne sont rien d'autre qu'un coup de pinceau sur l'immense fresque écarlate qu'est Fólkvangr, tout autant que l'était le palais d'Odin. Croyez-vous que quelqu'un se soucie qu'il y en ait un de plus ou un de moins ?
Le ton menaçant qu'elle avait employé, accompagné d'un mouvement de la jambe qui dévoila une lame acérée et dégoulinante de sang accrochée à sa ceinture, suffit à faire pâlir l'homme, qui donnait l'impression de rétrécir, comme si l'aura écrasante de "Menglöd" avait eu le pouvoir de l'enfoncer dans le sol.
- Dépêchez-vous de nettoyer le plancher si la vue du sang vous rend si fébrile, faible guerrier, se moqua-t-elle dans un rictus. Si vous ne vous pressez pas et qu'il sèche, vous n'aurez plus qu'à le contempler jusqu'au Ragnarök, quand nous en serons tous couverts des oreilles aux orteils !
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Laïra, la fille du Temps
DiversosJe m'appelle Laïra, et ne me demandez pas mon nom de famille, parce qu'il a dû se perdre en chemin, avec mon âge, durant ma - pardon, mes - naissances. Oui, je suis née deux fois, il y a assez longtemps, mais ce sera plus facile à expliquer en comme...