- Hein ?! Déjà ? Je croyais qu'on devait finir de s'entraîner avant ?- On continuera là-bas. On ne peut pas se permettre de rester trop longtemps sur Terre, les Jotuns finiraient par nous retrouver. Et puis, tu sais, Vanaheim est l'un des derniers royaumes à ne pas être tombé, on n'aura plus besoin de se cacher.
- Comment tu peux être sûr qu'ils voudront bien qu'on reste ? De nous tous, ils ne connaissent que Thor et Loki. Je ne pense pas que ça va beaucoup nous aider.
- Pourquoi ?
J'arquai un sourcil, l'air blasée.
- Attends, on parle de Loki, là ! Le Dieu des Mensonges qui nous l'a fait à l'envers il y a même pas une semaine et avec qui il faudrait être idiot pour lui faire confiance !? En plus je suis certaine qu'il a déjà causé des problèmes sur Vanaheim dans le passé.
- C'est sûr que vu sous cet angle... Mais d'un autre côté, tu pourrais influencer les Vanes à son sujet. Après tout, vous êtes plutôt proches, non ?
Il affichait un sourire moqueur et son regard était plein de sous-entendu.
- Hein ?! Non mais ça va pas bien ou quoi ?
Il ignora ma question et partit en riant, cet idiot. Non mais franchement, il pensait vraiment que j'étais proche de Loki ? Je le supportais déjà, qu'on ne m'en demandait pas plus ! Et ce n'était certainement pas ce qu'il s'était produit ce matin qui allait changer quelque chose.
Je soufflai et fit demi-tour, retournant dans ma chambre. Je pris ce qui ressemblait le plus à un sac dans ce que j'avais renommé "armoire sur demande" et le remplis de toutes les choses qui me semblaient utiles, jusqu'à ce que je mette la main sur un paquet de boules de chocolats. Bah... si il était là, autant le prendre, non ? Je ne risquais pas de revenir sur Terre avant un bon moment, voir de revenir tout court, je pouvais bien me permettre d'emmener ceci, même si ce n'était qu'un détail futile.
Je le rangeais au fin fond du sac et m'apprêtais à sortir avec, quand mon regard se posa sur ma dague, posée sur une petite table. Je me levai et la pris aussi.
En saisissant son manche, un long frisson me parcouru l'échine. C'était froid, atrocement désagréable. Je n'avais jamais ressenti cela auparavant, même sur Jotunheim, même lors de nos entraînements, même dans l'arène. Une arme est avant tout faîte pour blesser et tuer, ça, je le savais déjà, depuis longtemps. Et qui dit arme dit guerre. Qui dit guerre dit morts. Une arme est associée à la mort, qui est associée à la guerre, qui est associée aux armes. Un cycle infernal, voilà ce que c'était. Maintenant, après avoir dépassé ma terreur sur Jotunheim, après avoir dépassé ma survie, après avoir dépassé le deuil de mes parents, il n'y avait plus rien pour la voiler à mes yeux. La guerre arrivait. Elle était inévitable. Elle était proche. Beaucoup trop proche. Ça me terrifiait.
Avant tout ça, j'avais déjà vu l'un des aspects que possédait la guerre. J'en avais vu, des musées, des images, des films, des lieux, des mémauriaux. Rien qu'en y repensant, je me souviens avoir eu peur de la découvrir un jour. Du haut de mes dix ans, j'avais osé espérer ne jamais la connaître. Il aurait fallu que je sois aveugle et sourde, dans ce cas-là. Même si je n'y avais pas été confrontée, elle existait de diverses façons dans le monde. Les humains n'avaient rien appris du passé, on dirait. Ils répètent inlassablement leurs actes. J'aurais pu penser que le reste de l'Univers avait évolué de manière, disons, plus poussée... Apparemment non.
Une pensée me vint à l'esprit. «Le temps n'est qu'une boucle qui se répète inlassablement». Pas mal, comme citation. J'étais presque sûre que personne ne l'avait formulée avant moi.
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Laïra, la fille du Temps
CasualeJe m'appelle Laïra, et ne me demandez pas mon nom de famille, parce qu'il a dû se perdre en chemin, avec mon âge, durant ma - pardon, mes - naissances. Oui, je suis née deux fois, il y a assez longtemps, mais ce sera plus facile à expliquer en comme...