Cole
Je marche en direction de la mer. Je n'ai pas besoin de la voir pour m'orienter, mes jambes me ramènent automatiquement vers elle. Néanmoins, mon esprit tourne à plein régime. La culpabilité me ronge. Je m'en veux terriblement. En fait non : j'en veux Soren. J'ai senti sa présence : il m'observait depuis l'Océan. C'est son rôle d'être à mes côtés et de me protéger, mais j'étais parvenu à ce qu'il me laisse tranquille, qu'il ne me suive plus malgré ses insistances. Je ne voulais pas qu'il apprenne l'existence d'Axelle, que je venais sur Terre. C'est sa magie qui a emporté Samuel aussi loin et il l'a tué. Je bouillonne de rage : comment ose-t-il faire cela à un enfant ? Un petit garçon qui n'est pas dangereux ! La réalité me frappe. J'oublie que lui ne côtoient pas les humains. Qu'il a probablement le regard que nous avons tous sur ceux de la terre.
Je n'ai pas pu effacer les souvenirs d'Axelle. Ses émotions étaient beaucoup trop fortes et elles ne l'auraient probablement pas supporté, oubliant d'autres souvenirs au passage. Je ne voulais pas qu'elle perde plus qu'elle n'a déjà perdu. Et si par accident, j'avais effacé les souvenirs de son autre petit frère ? J'ai préféré lui éviter un sort pareil. Je n'ai pu que temporiser ses émotions et celles de ses parents, bien qu'en étant aussi loin de l'océan, mes forces étaient amenuisées. J'ai même failli la tuer ! En aspirant une partie de son énergie pour recharger ma magie dépensée pour ramener Samuel et convaincre ses parents, j'ai failli la tuer ! Je doute de la voir demain : son corps a besoin de recréer ce que je lui ai pris et seul le repos forcé le lui permettra. Par ailleurs, je doute même de pouvoir la rejoindre : si Soren était présent, c'est que mon père me demande.
L'odeur de la mer me parvient, de plus en plus entêtante : chaque inspiration me donne l'impression d'avoir un peu plus d'énergie, emplissant mes poumons pour se déverser dans chaque parcelle de mon corps. Chaque pas m'en rapprochant augmentant cette sensation de puissance qui revient courir sous ma peau, dans mes veines.
Il reste encore des humains sur la plage. Je vais devoir attendre qu'ils s'en aillent pour retourner dans l'océan.
J'observe la mer qui reflète sous un nombre incroyable d'angles, les rayons du soleil. C'est une vue que j'ai pris plaisir à avoir ici, sur la terre : sous l'eau cette vue n'existe pas. Les rayons traversent les premiers mètres en surface, mais n'atteignent pas nos profondeurs. Cependant, je préfère les levers de soleil qui donnent à l'océan cette impression de s'embraser sous sa lumière.
Je reste assis sur le sable jusqu'à être seul, et sûr et certain que personne ne m'observe. Puis je pénètre dans l'eau qu'Axelle qualifierait de « froide ». Cette sensation de froid, je ne la perçois pas. Les abysses sont glacials. Ici, à la Surface, l'eau pourrait être qualifiée de « tiède ». Je m'immerge complètement et n'ai pas à beaucoup m'éloigner de la plage pour entendre la voix de Soren :
— Votre Altesse batifole avec une humaine, c'est peu décent. Que dirait votre père ?
Mon sang rugit dans mes veines et j'ordonne d'une pensée à l'eau présente autour de sa silhouette d'exercer plus de pression sur son corps et de l'immobiliser. Je le vois grimacer sous cette pression, bien que mes pouvoirs ne soient pas encore pleinement restaurés, ce qui ne saurait tarder. Je nage dans sa direction et ses yeux bleus, plus clairs que les miens, brillent d'une lueur de malice, sans aucune peur ni colère. Ses membres sont fins et son visage est angélique : des cheveux d'un blond cendré, terni par le fait que nous sommes sous l'eau, un visage doux, rien d'étonnant à ce que toutes les sirènes soient à ses trousses !
— Qu'as-tu fait ? demandé-je tout en contenant mal ma colère.
— Rien qu'une observation. J'ai voulu donner un peu de piment à la situation mais les humains sont tellement fragiles... dit-il en tentant de desserrer l'étau aqueux.
Je me concentre davantage pour augmenter la pression.
— Depuis combien de temps m'observes-tu ?
— Plusieurs semaines déjà. Jamais d'aussi près.
Aussi longtemps ? Mes pouvoirs doivent être beaucoup moins puissants en Surface que ce que je pensais pour ne pas avoir remarqué sa présence plus tôt.
— As-tu parlé à quelqu'un de ce que tu as vu ?
— Altesse voyons : c'est très mal me connaître !
— Pas même à mon Père ?
— Vous vous doutez bien que si je lui en avais parlé, cette humaine ne serait plus capable de respirer...
Je relâche l'eau qui le retenait prisonnier. Soren est beaucoup de choses : mesquin, joueur... Mais certainement pas un menteur.
— Puis-je vous posez une question ?
— Tu m'en poses déjà une...
— Qu'a donc de si particulier cette humaine pour vous attirer hors de l'Océan ?
Que puis-je répondre ? Axelle me fascine. Je l'ai sauvé de la noyade et bien des personnes auraient retenté leur chance ailleurs ou quelques jours plus tard de la même manière ou bien d'une autre. Elle non. Elle a su revenir sur les lieux de son crime et semblait vouloir montrer au monde entier et à l'Océan lui-même que son choix premier était une erreur et qu'elle se battrait tous les jours pour ne plus sombrer. Elle est combattive et touchée par la mer. Les humains ne fixent pas la mer de la même manière qu'elle. Alors que je cherche mes mots, Soren poursuit :
— Vous entichez d'une humaine n'est pas votre meilleure idée...
— Je sais, soupiré-je. Mais elle est captivante.
— Pour votre bien, j'espère que ce n'est qu'une passade. Si votre père l'apprenait...
— Il ne l'apprendra pas, le coupé-je, la colère transparaissant dans ma voix. Axelle n'a rien fait de mal et ne mérite pas les souffrances qu'il serait capable de lui infliger.
Tout en nageant à ses côtés, je me rends compte d'une chose : mon intérêt pour Axelle la met en danger. Mon père voue une haine toute particulière aux humains. Plusieurs rumeurs circulent à ce sujet mais la seule fiable est qu'il serait lui-même tombé sous le charme d'une humaine, mais que leur amour étant éphémère, tout comme leur vie, celle-ci lui a brisé le cœur. Heureusement pour lui, son âme n'était pas dans la balance, sinon il ne serait plus là.
— Garde cette histoire sous silence.
Soren acquiesce. Il ne dira rien. Mais si un autre que lui l'apprenait, cela risquerait de devenir plus que dangereux pour Axelle.
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Hello !
Voilà le premier chapitre que je poste du PDV de Cole (il y en aura assez peu, 6 en comptant celui-ci). Vous faites maintenant la connaissance d'un nouveau personnage, Soren, qui m'est apparu d'un coup, pire qu'un éclair de génie ah-ah ! C'était une illumination en fait.
J'ai remarqué que j'avais un peu changé mon style en cours de route en me relisant pour corriger mes coquilles... Il y aura une réécriture, mais je me laisse le temps de décanter ;)
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, à me montrer mes erreurs (je ne suis pas infaillible surtout quand c'est mon propre texte), à mettre un vote si vous avez aimé...
A bientôt pour le prochain chapitre ;)
Des bisous :-*
Mayanha_
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Entre Terre et Mer (Terminé - premier jet)
Siêu nhiênCette cover a été réalisée par LillyX572 : merci <3 Cette histoire est une réécriture contemporaine du conte de "La petite sirène". Le prologue reprend un writting prompt que j'ai trouvé et qui m'a inspiré cette nouvelle histoire, mais je l'ai m...