Chapitre 32 - Noël

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Je passe les deux jours suivants à regarder la neige tombée dehors et tout en essayant de dessiner ce que j'observe de ma fenêtre. Les maisons et immeubles recouverts par le manteau neigeux, les voitures dont seule la forme laisse supposer leur présence.

Le pire a été d'annoncer à Samuel que je ne rentrai pas tout de suite à cause de la tempête de neige. Il m'a semblé affreusement triste et a essayé de donner le change pour me rassurer. Je me suis sentie encore plus mal parce que c'était mon rôle de le rassurer et non l'inverse. Tout en broyant du noir malgré la clarté extérieure, je reporte mon regard sur mon dessin qui s'obscurcit sous mes coups de crayon.

Plusieurs fois, je suis sortie me promener dehors, mes pas crissant et s'enfonçant de plusieurs centimètres dans la neige qui continue de tomber du ciel. Le froid glaçant ne me permet pas de rester longtemps dehors. Marie m'appelle tous les jours pour prendre de mes nouvelles, lorsque finalement, tôt le 24 au matin, mon téléphone sonne. Je suis déjà éveillée. La voix de l'assistante sociale me parvient et m'annonce fébrilement :

— Axelle ? Tu vas pouvoir rentrer aujourd'hui ! La tempête vient de se calmer et les avions peuvent enfin reprendre leur route !

Ni une ni deux, je range mes affaires dans ma valise, prends un rapide petit déjeuner et l'attend dans l'entrée. Sa voiture se gare juste devant et je me précipite à l'extérieur. Elle me sourit et me conduit à l'aéroport sur les routes fraîchement dégagées. Dans le hall au moment de l'embarquement, je la remercie du fond du cœur, car elle m'a avoué avoir joué des pieds et des mains pour que je puisse prendre le premier vol dès que cela serait à nouveau possible. Sans elle je serai toujours dans ma chambre d'hôtel, à passer Noël seule et à ruminer.

Je m'installe dans l'avion qui me ramène chez mon autre chez moi. Là où une famille de chair et d'os m'attends et s'impatiente. Cette fois-ci le trajet me paraît interminable, tellement je suis pressée de rentrer.

Au moment du débarquement, j'agrippe si fort ma valise que je viens de récupérer, que mes jointures en deviennent blanches. J'aperçois Luc de loin qui me fait de grand signe de la main. Samuel se précipite sur moi et si je ne m'étais pas accroupie pour l'attraper, nous nous serions étalés tous les deux par terre. Ce qui arrive presque, tellement il s'est propulsé sur moi à la manière d'un boulet de canon. Il sourit et cela me réchauffe le cœur. Luc attrape ma valise qui est tombée au sol et nous entraîne avec lui à l'extérieur, Sam toujours dans mes bras. La douceur de la température extérieure me surprend. J'ai oublié que la météo est plus douce en bord de mer qu'en plein milieu du continent.

Luc se gare juste devant la maison et s'occupe de récupérer ma valise dans le coffre, tandis que Sam me traîne derrière lui par la main pour me montrer toutes les décorations qu'il a mise dans la maison. A peine déchaussés et nos manteaux accrochés à la patère dans l'entrée, il me montre tout ce qu'il y a. Des guirlandes en papier brillants argentés autour de la rampe des escaliers ainsi que sur les chaises de la salle à manger sont entortillées autour des barreaux et fixés avec du scotch transparents. Des dessins de cadeaux sont fixés aux chambranles des portes, bariolés de toutes les couleurs. Des guirlandes électriques sont positionnés habillant la table devant la télévision, qu'il allume prestement pour me montrer ce que cela donne et je remarque qu'il a même accroché des guirlandes sur le pourtour des portes.

Il m'incite à finir le sapin avec lui parce qu'il m'a effectivement laissé un peu de place, mais je lui demande son avis, parce qu'il trouve que je n'ai pas bon goût. Faire un sapin d'une ou deux couleurs, rouge et blanc par exemple pour rappeler les couleurs de Noël, ne lui plait pas, alors il a mis des boules de toutes les couleurs. Sous son œil attentif et ses directives, je termine de le décorer.

Entre Terre et Mer (Terminé - premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant