Chapitre 9 - Premier jour

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Je n'ai même pas mangé la journée de la veille, évitant au maximum de me confronter à ce petit garçon dont j'ignore le nom, et n'ai que très peu dormi. J'ai les yeux secs et la sensation d'avoir du sable dans les yeux tellement ils sont desséchés d'avoir versés autant de larmes. Je suis allongée dans mon lit, à m'insulter intérieurement pour me lever et affronter cette journée. Malheureusement je n'ai encore une fois aucune énergie et je vois les chiffres de mon réveil défiler sans pour autant me lever pour mon jogging matinal.

Finalement, je me lève à 7h00 sans aller courir. Je pourrai y aller plus tard dans la journée. Je n'ai pas pu prévenir Cole de mon absence, mais je m'excuserai demain.

Je descends doucement les escaliers, encore vêtue de mon pyjama : un vieux tee-shirt noir décoloré et un short tout aussi vieux et délavé.

Arrivée sur le seuil de la cuisine, je remarque que la table du petit déjeuner est dressée, mais que personne ne l'a encore pris. J'ai pour habitude de prendre mon petit déjeuner seule, car soit Helena est déjà partie, soit elle a déjà terminé lorsque je rentre de mon jogging. Je reste dans l'encadrement de la porte pendant quelques minutes. Je suppose qu'ils souhaitent installer une routine pour aider ce petit garçon à s'intégrer dans cette famille. Plutôt que de rester debout les bras ballants, je remonte les escaliers pour prendre ma douche. Cela m'aidera à me débarrasser de la sensation d'être mal, et me réchauffera. A moins qu'ils n'aient décidé de mettre en place un roulement, je dois pouvoir y aller sans déranger personne. Je passe par ma chambre prendre des vêtements et me dirige vers la salle de bain.

Quelques minutes plus tard, je me sens revigorée. L'eau a toujours eu un effet bénéfique sur moi. Toute habillée, les cheveux encore humides, je les frictionne avec une serviette, puis les attache avec un élastique. J'ouvre la porte de la salle de bain et tombe nez à nez avec le petit garçon. Enfin, nez à nez... Plutôt ventre à nez puisqu'il est plus petit que moi.

Il lève les yeux vers moi et semble lui-même se figer sur place, tout comme moi. J'inspire un grand coup, tout en essayant que ce ne soit pas trop voyant, de manière à ce qu'il ne se dise pas que je vais lui hurler dessus.

— Je suis désolée pour... commencé-je.

— Je cherche les toilettes, dit-il en même temps que moi.

Je reste pantoise quelques secondes en clignant des yeux comme une idiote. Puis je lui indique la porte juste à côté de la main. Il me remercie et part faire sa petite affaire. Je me sens un peu bête à me tenir debout dans l'encadrement de la porte de la salle de bain, alors je redescends les escaliers pour faire couler le café et préparer quelques trucs pour le petit déjeuner.

*

J'attends dans le salon que Helena, Luc et le garçon (dire que je ne connais toujours pas son prénom) descendent. Je me suis déjà préparée un thé en les attendant. A 8h00, ma tasse de thé est vide et j'entends enfin les escaliers grincer, m'indiquant par là que des personnes en descendent les marches.

Je me lève et les rejoins dans la cuisine. Seuls Luc et Helena sont présents. Je suis certaine qu'il n'est pas venu nous rejoindre par ma faute. Helena a le regard un peu triste et me demande comment je me sens, avec dans les yeux, une légère lueur. Est-ce de reproche ? De compréhension ? Je ne sais pas. Je jette un œil à Luc, qui bouge ses lèvres pour former des mots dans le silence, en indiquant les escaliers des yeux. Je comprends qu'il veut que j'aille chercher... Samuel ? Ça doit être ça.

Tout en répondant à Helena, je lui indique que je monte chercher ce petit garçon et son regard s'illumine d'espoir. Je sors de la cuisine, remonte les marches qu'ils viennent à peine de descendre pour prendre la direction de la chambre à côté de la mienne. La porte est fermée. Peut-être qu'il s'est recouché ? Non, Luc ne m'aurait pas intimé de lui parler s'il était retourné dans les bras de Morphée. J'hésite quelques secondes, puis je toque trois coups légers à la porte. Quelques secondes plus tard, toujours aucune réaction. Tant pis, je lui parle à travers la porte close, cela sera peut-être plus facile que face à son visage trop semblable à celui que je connais déjà, d'une personne qui n'est plus là.

Entre Terre et Mer (Terminé - premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant