Chapitre 43 - Pardon

65 3 0
                                    

Axelle

La météo ne s'arrange pas alors que je rentre sans m'arrêter jusqu'à la maison. Je déboule tellement brusquement que cela inquiète Helena qui me demande si j'ai le diable aux trousses. Je monte finalement prendre une douche pour tenter de faire partir cette sensation de peur glaçante et de colère noire qui m'étreint encore. L'eau est tellement chaude que les volutes de vapeur envahissent la cabine de douche, dessinant des arabesques autour de moi. Pourtant la chaleur ambiante ne chasse pas totalement la sensation de froid qui m'étreint le cœur. Je reste plusieurs minutes à profiter du cocon chaleureux qu'elle forme autour de moi avant d'en sortir.

Tout en m'habillant, le souvenir de mes amis, totalement paniqués par ce brusque changement dans l'atmosphère, me revient : que s'est-il passé ? Ils sont partis si précipitamment que je n'ai pas insisté pour comprendre. Ce qui ne m'empêche pas de m'inquiéter.

En sortant de la salle de bain, je remarque la pluie qui tombe dehors. Je suis rentrée juste à temps. C'est justement la remarque que me fait Helena lorsque je pénètre dans la cuisine, que je suis passée « en travers des gouttes ».

Je déjeune avec elle, Samuel n'étant pas encore levé comme nous sommes samedi.

Je finis par monter dans ma chambre, ouvrant mon placard pour récupérer mon carnet à dessin remplis de croquis de Cole, de Soren et de la Cité. Les larmes me viennent à la vue de mes dessins que je chasse en battant des paupières : Pourquoi ai-je l'impression que je ne les reverrai pas avant un moment ?

Je repense à notre conversation juste avant ce brusque changement d'ambiance. Cole a affirmé que je pouvais utiliser une partie de sa magie en dehors de l'Océan parce que j'étais son âme sœur. Je sens le rouge me monter aux joues et mon cœur battre plus vite. Je suis niaise mais cela me réchauffe le cœur, plus fortement que la douche que j'ai prise tout à l'heure. Je m'allonge sur mon lit tout en tournant les pages de mon carnet de croquis.

La pluie ne cesse de tomber de la journée, ainsi qu'une partie du lendemain. Assise à mon bureau, je travaille sur une dissertation pour le cours de littérature, quand mon téléphone sonne, m'annonçant l'arrivée d'un message d'Anna. Elle s'excuse de son comportement et me demande si elle peut passer aujourd'hui, avec sa mère chez nous. Je réponds avant même de demander la permission aux Clearwater, sachant qu'ils seront d'accords.

Mon amie ainsi que sa mère arrivent sur les coups de 14h00. Anna me prend dans ses bras et sa mère me sourit timidement. Elles se débarrassent de leurs manteaux dans l'entrée.

Helena et Luc conduisent sa mère dans le salon, entraînant Sam avec eux même s'il semble réticent, Anna voulant me parler seule à seule. Nous montons dans ma chambre et une fois la porte fermée, un silence pesant s'installe entre nous. Je l'observe attentivement : sa peau a repris des couleurs et le bleu qui marque sa joue s'estompe déjà, prenant un aspect jaunâtre. Je lui laisse le temps d'organiser ses pensées. Elle finit par parler :

— Je suis désolée pour ce qui arrivé à l'hôpital. Je n'aurais pas dû te crier dessus...

— Ce n'est pas grave, mais elle me coupe :

— Si ça l'est ! Tu m'aides et moi je te hurle dessus comme une garce !

Des larmes s'accumulent au coin de ses yeux, mais elle s'efforce de les ravaler pour poursuivre :

— Je suis vraiment désolée...

Je ne sais pas vraiment comment réagir, alors je lui prends le bras pour que nous nous asseyons sur le lit puis je passe un bras autour de ses épaules.

— Je ne t'en veux pas.

Elle me remercie et continue :

— Ma mère a porté plainte et elle aimerait qu'on déménage pour ne pas qu'il nous retrouve...

Entre Terre et Mer (Terminé - premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant