Entre Terre et Mer (Terminé - premier jet)

Chapitre 37 - Influence

Axelle

Le lycée est en pleine effervescence, les élèves s'arrêtant dans les couloirs pour raconter les événements qui ont rempli leurs vacances, le bruit des conversations résonnant à l'infini sur les casiers qui recouvrent les murs. Je perçois tout ce bruit de fond sans réellement faire attention, ni même à la masse de corps que je traverse pour rejoindre ma salle de classe, perdue dans mes pensées. Je m'installe dans le fond et la voix d'Anna me tire de ma rêverie :

— A quoi tu penses ?

— Rien de particulier, réponds-je.

Je me voyais mal lui dire que j'avais pu voir de mes propres yeux une ville sous-marine à une profondeur qui aurait dû me crever les tympans et me tuer sous la pression tout en sachant que je n'étais même pas équipée d'un quelconque appareil de plongée. Soit elle me prendrait pour une folle, soit pour une personne avec une imagination débordante, ou alors elle me demanderait une preuve. Anna est plutôt du genre à vouloir des preuves.

— Tu as l'air ailleurs. Tu penses à ton soupirant ? minaude-t-elle.

Je rougis légèrement car il fait parti de ces choses que je ne me vois pas lui raconter dans les détails, bien qu'ayant déjà répondu à bon nombre de ses questions. Je l'entends murmurer « Dans le mile ! » lorsque notre professeur de littérature passe la porte de notre salle de classe et débute son cours.

Les profs nous ont épargné une bonne quantité de devoirs pendant les vacances, mais à la fin de cette première semaine de cours, ils reviennent à la charge. Les devoirs pleuvent sur nous et les épreuves et examens se profilent à l'horizon. Pour la première fois, Anna me propose de travailler chez elle plutôt que de venir chez moi ce qui m'étonne parce qu'en général, elle évite tout simplement que l'on aille chez elle.

Le vendredi après les cours, nous arrivons chez Anna qui m'ouvre le passage jusqu'à sa maison, ses cheveux blonds lâchés flottant dans son sillage. Sa maison est assez semblable à celle des Clearwater, bien que plus grande et un peu plus chic. La façade et l'allée ont été refaites récemment et je doute qu'en été il y ait des herbes folles qui viennent nous chatouiller les chevilles.

Dans l'entrée aux tons orangés, nous nous déchaussons, retirons nos manteaux puis elle m'invite à la suivre dans sa chambre. Après avoir gravi les marches qui y mènent, je découvre une pièce qui lui ressemble : des photos de toutes sortes punaisées aux murs, allant de paysages de lieux qui me sont inconnus à des photos de foule. J'apparais également à de nombreuses reprises, ce qui me met mal à l'aise.

Je détourne le regard et détaille le mobilier qui se compose d'une armoire gigantesque qui occupe un pan de mur, d'un bureau et d'un lit à baldaquin. Sérieusement, ça existe vraiment ce genre de lit ? Pas seulement dans Harry Potter ?

Je m'installe avec Anna sur son lit et nous nous lançons rapidement dans notre rédaction de sciences naturelles pour en finir. Nous en avons écrit la moitié lorsqu'un claquement assez violent provenant de l'entrée remonte l'escalier, faisant trembler les murs de la maison. A côté de moi, mon amie devient livide et ses yeux chocolat se remplissent d'angoisse. Se levant prestement elle me chuchote :

— Bouges pas, je reviens.

Mais je perçois la peur dans sa voix. Elle m'avait affirmé que ses parents rentraient tard ce soir et qu'on pourrait travailler chez elle pour une fois. J'acquiesce et la regarde refermer très délicatement la porte de sa chambre.

Cette situation me rappelle étrangement la mienne, dans un passé qui ressurgit sous mes yeux et que je chasse d'un mouvement de tête, l'appréhension me nouant la gorge.