Chapitre 4 - Rencontre

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J'entends la sonnerie de mon réveil. Les chiffres numériques affichent 5h30. Malheureusement aujourd'hui, je ne suis pas dans un bon jour. Je le sens avant même de tendre le bras pour éteindre mon réveil. Je me sens exténuée, éreintée et lourde alors que je n'ai encore rien fait de ma journée, qu'elle a peine débuter. Je me sens vaseuse également, triste avec une forte envie de pleurer, sans aucune envie autre que celle de rester là, allongée dans mon lit et ne rien faire d'autre que dormir.

Je sais qu'il faut que je me lève, sinon je vais retomber dans un cercle vicieux, mais ma raison est écrasée par le poids de ma fatigue.

Alors que je fixe les minutes égrainées par mon réveil, je soupire et m'efforce de me lever. Je balance mes jambes sur le rebord du lit et me relève à la force de mes bras. Puis je soupire à nouveau et me lève pour prendre mes affaires de sport dans mon placard. Je m'habille fébrilement et me dirige vers la sortie, à l'instar un condamné à mort sur le chemin de la potence.

*

Je cours, ou plutôt je marche, l'essentiel du chemin jusqu'à la plage. Je me sens tellement vidée, sans énergie que cela me semblait impossible de parvenir ici en partant et pourtant, me voilà sur la plage, face à la mer. Une petite victoire sur mes idées noires pour me montrer que je suis encore capable de réaliser quelque chose, même en mode zombie.

Face aux vents marins je frissonne et m'assois sur le sable humide, ramenant mes genoux vers moi tout en enroulant mes bras autour, et en contemplant l'océan avant de fermer les yeux, le poids de ma tristesse me nouant l'estomac. Je me sens abattue. Des larmes se forment à la franche de mes cils et s'alourdissent sous mes paupières que je maintiens fermées. Je pose alors mon front sur mes genoux et les laisse couler. Discrètement et en silence, attendant la fin de la tempête lacrymale et de mon mal-être intérieur. Ça finit toujours par passer. Le son de la houle, son flux et son reflux, apaise les battements de mon cœur. Je ne sais combien de temps s'écoule ainsi, dans cette posture, dix minutes ou une heure je n'en ai que faire. Mes muscles deviennent douloureux dans cette position prostrée et ce traitement que je m'inflige me rappelle une évidence : je suis là, vivante. Ce qui ne m'empêche pas de me sentir mal à cet instant. Une voix brise la musique des vagues, me faisant sursauter :

— Tout va bien mademoiselle ?

— Oui oui, m'entends-je répondre, la gorge nouée et la tête toujours dans mes genoux pour cacher mon visage que je devine rouge et bouffi.

— Cela n'en a pas l'air...

J'essuie rapidement mes yeux et mes joues du revers de mes mains et relève la tête pour dire à la personne qui m'adresse la parole de partir et de me laisser seule. Je suis surprise par mon interlocuteur. Un garçon dans ma tranche d'âge, athlétique, vêtu de jeans et baskets avec un sweatshirt à capuche noir. Sa mâchoire est carrée, son nez droit et ses cheveux noirs malmenés par le vent. Pourtant son regard me transperce : d'un bleu magnifique, sombre, presque noir, une couleur digne des profondeurs de l'océan. Captivant. Je reste sans voix, comme hypnotisée.

— Mademoiselle ?

— Je... Je vais bien... Je suis juste fatiguée, dis-je en haussant les épaules et essuyant rapidement les larmes traitresses qui continuent de couler le long de mes joues, tout en tentant tant bien que mal de masquer mon trouble.

— Puis-je m'asseoir ?

Je le regarde avec des yeux ronds, mais j'acquiesce, ravalant la réplique acerbe qui me remonte la gorge. Ce garçon est étrange. L'être humain à tendance à fuir face à la détresse d'autrui. Que me veut-il ?

Il s'installe à mes côtés, lentement comme s'il était face à une bête effrayée. Ce que je suis probablement dans son esprit. Je continue de le détailler, car son visage m'interpelle, tout comme sa voix. J'ai l'étrange impression de l'avoir déjà vu sans pour autant m'en souvenir. Je détourne le visage avant que le poids de mon regard sur lui ne soit mal interprété.

Entre Terre et Mer (Terminé - premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant