Chapitre 10 - Routine

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Cole ne m'en a pas voulu de ne pas être venu plusieurs jours d'affilé. Il m'a dit s'être inquiété mais il savait que ce serait un moment difficile, néanmoins pas autant que ce que je lui ai raconté. Il ne savait pas que mon petit frère était décédé, même s'il devait s'en douter. C'est quelque chose d'encore très frais et douloureux et pourtant je vis avec son sosie tous les jours sous le même toit.

Toutefois, chaque jour devient un peu plus facile, parce que je remarque qu'ils peuvent bien se ressembler physiquement, leurs attitudes sont différentes. Leurs souvenirs. Leurs manières de parler, de se tenir... Tout au final. C'est encore assez déroutant et au fil des jours j'ai appelé plusieurs fois Samuel par le prénom de mon petit frère en m'arrêtant net à chaque fois, bloquée sur la première syllabe. Il s'est à chaque fois montré adorable. Tout comme Cole. Ou Luc et Helena. J'ai du mal à mesurer la chance que j'aie, d'être entourée par des personnes bienveillantes. La patience est quelque chose de difficile, parce qu'elle nécessite de la compréhension, de l'attention, de l'empathie. Et j'ai cette chance d'avoir quelques personnes autour de moi qui me laisse du temps pour moi, pour prendre du recul, me laisser digérer les choses, sans me harceler pour obtenir une réponse à une question qu'ils se posent.

Mes journées ont un peu changé depuis l'arrivée de Samuel en avril. Il s'est intégré rapidement et aujourd'hui c'est une boule de lumière et d'énergie, aussi lumineuse qu'un soleil. Helena me semble totalement épanouie, heureuse et énergique depuis son arrivée. Il fait des blagues dès qu'il en a l'occasion parfois avec un sérieux qui détonne pour son jeune âge.

Chaque matin je continue mes joggings alors que tout le monde dort et je retrouve Cole sur la plage. Je l'apprécie beaucoup plus qu'un simple ami, pourtant il me semble parfois si éloigné de moi comme s'il était dans un autre monde, à des kilomètres de moi. Mais j'ai toujours peur des sentiments : ils peuvent rendre quelqu'un très heureux ou le blesser irrémédiablement. Une simple parole peut brisée n'importe quelle relation sous le coup de la colère.

Lorsque j'ai parlé de lui à Helena et Luc, ils ont tout d'abord été surpris que je leur parle de quelque chose qui n'est qu'à moi. Je n'ai rien partagé de mon passé avec eux, même s'ils ont lu mon dossier. Ils sont restés figés comme si le monde était sur pause. Je me suis sentie affreusement gênée. Puis Luc a directement demandé à le voir immédiatement et Helena a ri. Je n'ai pas encore proposé à Cole de venir à la maison, ne serait-ce que pour rassurer mes tuteurs. Est-ce un dangereux psychopathe ? Un serial killer ? Après tout je ne le connais pas, ont été les arguments de Luc, bien qu'il n'y croyait pas lui-même. Il s'agissait plutôt d'une mise en garde.

De plus, bien que j'apprécie énormément sa compagnie il n'y a rien entre nous, ce qui n'empêche pas Helena de faire des plans sur la comète. Mes sentiments, je préfère les garder pour moi : au fond de mon cœur, enfermés, pour ne pas les briser sur le front de la réalité pas toujours agréable à supporter, comme les vagues qui s'échouent sur des rochers, peuvent s'écraser avec violence.

De retour à la maison, je déjeune avec eux. Puis je travaille les cours que j'aurai une fois que j'aurai repris le lycée. Samuel file à l'école avec Helena, puis je passe le chercher tous les jours à la sortie. Au début cela me pinçait le cœur, je faisais pareil avec Matthew, lorsque je n'avais pas d'entraînement. Mais ce n'est pas la même ville, ni la même école, personne ne me connait. Je suis une adolescente anonyme ici. Et surtout : ce n'est pas le même petit garçon, malgré leur ressemblance frappante. Samuel est toujours heureux de me retrouver et nous rentrons tous les deux. Les premiers jours, j'étais mal à l'aise à l'idée de lui tenir la main. Cela me donnait l'impression de tenir la main d'un fantôme. Mais cela s'est fait tout seul. Il me raconte sa journée à l'école, ses copains, ce qu'il a appris... Il est très bavard ! Une fois rentrés, je l'aide pour ses devoirs.

Les journées se ressemblent mais elles sont très bienscomme elles sont. Je n'ai plus l'impression d'être submergée par un poidspesant sur mes épaules. Juste d'être moi. Et d'avoir eu une deuxième chance.

Entre Terre et Mer (Terminé - premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant