Entre Terre et Mer (Terminé - premier jet)

Chapitre 18

Le réveil est rude. Je suis épuisée lorsque la sonnerie me tire des brumes entortillées du sommeil. Je n'ai pas vu la soirée passée, étant trop exténuée. Je revois le regard de Cole chargé de culpabilité lorsqu'il est parti, comme s'il avait fait quelque chose de mal. Je n'ai pas la force de chasser cette pensée et mon esprit se torture alors que je me rendors à nouveau. Lorsque j'ouvre les yeux à nouveau, il est quasiment midi. Je n'ai jamais dormi autant ! Je me sens un peu plus reposée même si une importante fatigue pèse encore sur mes membres. J'ai fait le tour du cadrant et mon corps réclame encore du sommeil ! Les événements d'hier ont vraiment été éprouvants...

Je sors du lit et ne prends pas la peine de m'habiller, mon pyjama fera amplement l'affaire. Je me dirige vers la chambre de Samuel, mais il n'y est pas. Helena est en repos aujourd'hui et elle doit être sortie avec lui. J'imagine qu'elle ne me fait plus confiance pour le garder... D'un autre côté, je dormais comme une masse, je ne risquais pas de veiller sur grand monde.

Je retourne dans ma chambre pour y prendre mon téléphone et remarque qu'Helena m'a envoyée un message dans lequel elle me dit qu'elle revient pour manger avec un repas à emporter. Je décide de les attendre dans le salon et m'installe sur le canapé tout en allumant le téléviseur. Je tombe sur des dessins animés qui plaisent à Samuel. Cela me fera une présence le temps qu'ils reviennent.

— Axeeeeeeeelle ! entends-je Samuel avec une voix stridente qui me fait sursauter.

Je reprends conscience avec la réalité : je me suis encore assoupie. C'est affolant, je suis si épuisée que ça ?

Sam se tient devant moi avec un grand sourire et m'annonce :

— On a pris chinois !

— Chouette ! réponds-je avec le peu d'énergie dont je dispose.

— T'as une sale tête, enchaîne Sam.

Ah. Merci de me le faire remarquer. La fameuse délicatesse des enfants. Je souris faiblement.

— C'est rien mon grand, je suis fatiguée c'est tout, dis-je en me levant du canapé et en lui emboitant le pas vers la cuisine.

Helena me dévisage lorsque j'y entre et doit sans doute se faire la même réflexion que Samuel. La journée d'hier a été riche en émotions négatives et j'imagine que c'est ce qui m'a pompé mon énergie. Néanmoins, je trouve étrange d'être autant fatiguée alors que je n'ai rien fait de particulier. Auparavant, les lendemains des compétitions de cheerleading, j'étais épuisée, mais je ne l'ai jamais été autant. Même après l'enterrement de Matthew je n'ai pas souvenir d'avoir été aussi éreintée, mais je ne m'en souviens pas vraiment. Cette fatigue est si lourde et profonde que je la ressens jusque dans mes os. Serait-ce Cole ? Quand il est parti, j'ai eu la sensation qu'il partait avec une partie de moi. J'allais bien et juste après notre baiser, j'étais vidée. Je secoue la tête pour chasser cette idée saugrenue. Arrête d'accuser tout le monde ma vieille, tu as juste accumulé de la fatigue, m'admonesté-je.

À la fin du repas, je retourne dans ma chambre pour tenter d'avancer dans mon programme de cours, mais la fatigue qui m'écrase est abrutissante et les phrases et les mots défilent sous mes yeux sans que j'en comprenne le sens. Je n'arrive pas à me concentrer, mes yeux se ferment tous seuls et je me sens défaillir. Je me lève difficilement et mes jambes cèdent sous mon poids. Luc déboule dans ma chambre et me voit au sol. Je ne l'ai même pas entendu rentrer de travail. Ni monter les escaliers. Il s'avance vers moi tout en me demandant ce qu'il s'est passé. Je lui avoue que je suis juste « tombée de fatigue » et il semble inquiet. Il me relève et sans son aide, je pense que j'aurais dormi à même le sol. Ma tête n'a même pas touché l'oreiller que je dors déjà, emportée par le poids de ce sommeil qui semble vouloir me faire sombrer dans les profondeurs avec lui.