Entre Terre et Mer (Terminé - premier jet)

Chapitre 6 - Cauchemar

Je cours en direction de la plage. Le vent ne souffle pas et l'air ambiant ne caresse pas mon visage. Mes pieds commencent à fouler le sable mais ne s'enfoncent pas dedans. Mes pas ne produisent pas le crissement habituel. Tout est immobile et silencieux autour de moi. Je marche afin de reprendre mon souffle. L'air autour de moi me semble lourd et dense, comme de l'eau. Je cherche des yeux une silhouette, une autre présence. Rien. Je tourne sur moi-même. Je suis entourée par du sable, même la ville d'où je viens est devenue une étendue désertique, avec l'océan qui se déchaîne dans mon dos.

Mes pieds s'enfoncent dans le sable alors que je prends la direction de l'océan. Pourtant plus j'avance et moins je m'en rapproche. Il s'éloigne de moi. Je piétine, mes pieds sont comme pris dans des sables mouvants. Les grains fins paraissent tisser des liens autour de mes chevilles pour m'empêcher d'avancer.

Une bourrasque se lève d'un coup, me faisant perdre l'équilibre et tomber sur le dos, le sable amortissant ma chute. Je me redresse rapidement, mes cheveux retenus par une queue de cheval battent férocement mon visage par intermittence.

Cole se tient devant moi, habillé tout de noir. Il me fixe intensément, pourtant son regard, habituellement chaleureux, n'exprime aucune émotion. Il semble distant, lointain, détaché et... En colère. Je me remets debout et je perçois des gouttes qui commencent à tomber, me tapotant le sommet du crâne, dégoulinant sur mon visage. Il prend alors la parole et ce qu'il dit fige le sang dans mes veines : « Tu ne pourras pas le sauver non plus ».

Puis j'entends quelque chose porté par le vent. Une voix d'enfant. Et mon prénom. Une petite voix, comme un murmure étouffé au cœur de la tempête. D'où vient-elle ?

Je tourne et retourne sur moi-même, Cole a disparu. Il ne reste que le sable, le vent et la pluie, avec le déferlement de la mer en fond sonore. Je tourne encore et encore en l'appelant de toutes mes forces. Je dois le retrouver avant qu'il n'arrive malheur.

Je panique quand je comprends qui m'appelle. Je m'arrête, le souffle coupé. Du coin de l'œil je discerne une vague immense qui se meut droit sur moi et m'engloutit avant même d'avoir pu penser à retenir ma respiration.

Je me réveille en sursaut dans mon lit, des gouttes de sueurs froides glissant dans mon dos et plaquant mes cheveux sur mon visage. Je peine à reprendre mon souffle, le souvenir de ce cauchemar encore bien trop vif dans mon esprit. Je me ratatine sur moi-même, serrant mes genoux contre moi pour empêcher les tremblements de mes membres. Des petits cercles humides se dessinent sur mes draps. Des larmes. De colère, de peur, de douleur. J'ai la gorge nouée, comme si ce qu'il venait de se dérouler dans ce rêve était vrai. Pourtant... Une partie est vraie et il est trop tard maintenant pour le sauver...