« On laisse pas bébé dans un coin »
Voilà une semaine que River et moi nous esquivons. Aucun regard, aucun sourire, aucune bousculade amicale - ou non. Rien. Comme River l'avait dit à cette maudite fête, c'est fini.
River a complètement détruit sa chambre et il n'est plus lui-même. Il ne parle presque plus, quand il parle c'est toujours en hurlant et en reprochant les choses, il ne traîne même plus avec Seven et Chase, Chloé n'est plus sa copine et moi... Eh bien comme il me l'avait bien fait comprendre, il n'y a plus de Snow et River.
Quant à moi, je ne suis plus que l'ombre de moi-même et ça se ressent, dans mes notes, mon comportement avec Ludovica seulement puisque Chloé a trouvé ça bien de balancer à tout le monde que j'étais la maîtresse de River. Axel m'a tourné le dos et justement, il traine avec Chloé pour mon plus grand malheur. Ludovica ne cesse de me dire que ce n'est rien que ça me passera mais je ne pense pas. Tout le monde à son propre River et on sait tous que c'est impossible de l'oublier - même si lui semble y arriver.
À la maison, c'est le chaos. Mes parents essayent de comprendre ce qui me tourmente mais ils n'y parviennent pas, Stephen n'est jamais à la maison et quand il y est, River est encore plus hors de lui. Jenna a complètement baissé les bras avec son fils et lui comme moi avons baissé les bras pour tout ce qui nous entoure.
De sa chambre, je vois constamment de la fumer grise s'en échapper et c'est encore pire qu'avant. River n'est jamais clair, il est toujours drogué à la weed - au moins.
Cette situation est pesante pour tout le monde et ça empiète même sur nos fréquentations.
Étant Samedi, je me prélasse dans mon lit en regardant le plafond blanc. J'hésite à sortir de ma chambre et à affronter cette journée. Devoir croiser River sans pouvoir lui parler ou encore répondre aux tonnes de questions sur mon humeur, je n'en ai pas envie.
- Pourquoi faut-il que je m'attache au seul con de cette planète, marmonne-je en roulant sur mon lit afin d'en sortir.
J'ouvre mes stores puis sors sur le balcon, je m'appuie sur la rambarde noire et regarde l'horizon en essayant de passer à autre chose que ces deux dernières semaines mais ça m'et complètement impossible. Toujours quelque chose me ramène à River et comme à chaque fois, je finis par pleurer. La tête entre les bras, je me maudis de l'apprécier et d'aimer autant ses lèvres parce que oui, c'est ça qui me manque le plus. Ses lèvres, ses bras, ses yeux et sa voix.
Un grincement de porte retentit tandis que je me retourne en séchant mes larmes, me trouvant bien trop pathétique pour qu'il me voit ainsi, surtout que devant lui, je n'ai jamais re-pleuré depuis la fête.
- J'te laisse le balcon, déclare-je avec une voix brisée.
Je m'avance pour entrer dans ma chambre mais River attrape mon coude afin de me retenir et surtout de me tourner vers lui. Je mords l'intérieur de ma lèvre pour ne pas m'effondrer devant ses yeux verts.
- Tu as pleuré ? ose-t-il demander.
Honteuse, je tente de me défaire de son emprise mais River est plus fort que moi alors il me maintient fortement les coudes de ses mains.
- Pourquoi ?
En plus, il ose me demander « pourquoi » alors qu'il me sait. River sait que je ne supporte pas cette situation avec lui et encore moins ce que je dois endurer à cause de cette situation - il faut comprendre qu'avoir la réputation d'une maîtresse n'est pas la meilleure chose.
- Laisse moi rentrer s'il te plait, articule-je au bord des larmes.
- Tu... Tu me manques Snow, même si c'est dur à croire.
Mes yeux se relèvent en direction des siens et je fonds en larmes. Comment peut-il me dire ça alors que c'est lui qui m'a rejeté pendant toute une semaine ? Je m'accroupis sur le balcon, River a l'air surpris de ma réaction mais s'abaisse avec moi en me maintenant.
- Tu ne peux pas me dire ça ! proclame-je.
- Je sais... soupire le brun en baissant la tête.
- Alors pourquoi tu t'obstines à me faire du mal comme ça ! Toi aussi tu me manques River, jamais Axel ne m'a manqué comme toi putain... avoue-je sans aucun filtre.
River m'attire contre lui puis enlace mon cou. Dans un premier temps, j'essaye de m'extirper de ses bras mais dans un second temps, je m'y laisse bercer. J'humidifie bien évidemment son cou et son t-shirt mais il ne dit rien et se contente d'humer mon parfum.
- Je t'aime vraiment bien Snow, marmonne-t-il dans mon cou ce qui me procure plusieurs frisson.
Mes doigts finissent malgré moi par me perdre dans ses cheveux mais cependant, je ne lui réponds rien. Il est clair que moi aussi je l'aime vraiment bien voir même plus que lui mais c'est beaucoup trop douloureux puis lui même l'a dit, son père ne m'acceptera pas.
Je m'éloigne de lui et regarde son cou visage me détailler. Mes yeux sont sûrement rouges, les siens sont anormalement normaux et non dilatés ce qui veut dire qu'il est complètement lui et non un toxicomane qui snife de la coke et fume de la weed.
- Je te promets que je vais tout arranger, me dit-il.
- « arranger » quoi ? Ma réputation ? La tienne ? C'est impossible, proclame-je en secouant la tête.
- Tout, nos réputations, la drogue, Chloé, nous, déclare-t-il.
- Ne dit pas des choses que tu ne penses pas River, tes paroles de la soirée étaient très claires, pas de « nous », lui rappelle-je fermement.
Le brun remonte ses mains sur mes joues qu'il caresse de ses pouces puis sourit fébrilement.
- Tu es magnifique, clame-t-il.
- Ne change pas de sujet, dis-je gênée.
- Je ne le change pas, c'est la vérité comme tout ce que j'ai dis avant bébé. Tu es magnifique et je te promets que je veux un « nous » avec toi, m'assure le brun souriant fièrement.
- J'attends de voir River, conclus-je.
Le brun vient déposer un chaste baiser sur mon front puis nous nous relevons. C'est assez satisfaisant surtout que si j'ai bien entendu, River m'a surnommé « bébé » comme avant. Du pur bonheur.
J'allais rentrer dans ma chambre mais River me retourne vers lui.
- Et puis, j'te rappelle juste qu'on laisse pas bébé dans un coin, récite-il.
- Et en plus tu as écouté le film, souris-je.
- Tu croyais que je t'appelais « bébé » pourquoi ? Je ne te laisserai plus de côté bé-bé surtout si tu souris comme ça, insiste-il en indiquant mon sourire espiègle rependu sur mes lèvres.
Je retourne finalement dans ma chambre puis m'affale sur mon lit. C'est comme si j'étais libérée d'un poids et que seul River était capable de me faire sourire.
Ce garçon est vraiment bien selon moi.
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𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐖𝐨𝐫𝐥𝐝𝐬 𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐝𝐞
Teen FictionSnow a 17 ans et elle ne pensait carrément pas se retrouver à la rue à cet âge là. Elle et ses deux parents se retrouvent SDF puisque les constructeurs de leur futur maison ont eu des retards avec la construction. Alors pour éviter tous scandales ou...