⊱𐄚⋞✺⋟𐄚⊰
Résumé: Aethis est un jeune garçon étrange. Il erre dans le vaste Royaume Pourpre, sans famille et sans amis. Un jour, il s'engouffre par curiosité dans une forteresse en ruine.
Ce ne fut pas un réveil aisé pour Aethis. A l'instant où il ouvrit les yeux, il entendit des rires éraillés se faire écho dans le labyrinthe, et il manqua de tomber de son perchoir sous la surprise.
« Vas-y Tek, choppe l'oiseau et jette-le hors de son nid ! » Faisait l'un des hommes d'en bas.
Aethis esquiva de peu un caillou projeté par une fronde.
« Qu'est ce que vous me voulez ? Demanda-t-il au petit groupe qui s'agglutinait en bas. Je n'ai rien, je ne suis qu'un vagabond ! »
Pendant ce temps, le dénommé Tek grimpait le long du mur, un poignard entre les dents. Ils n'étaient guère que quatre, tous plus maigres et décharnés les uns que les autres comme des morts-vivants à moitié décomposés. A côté d'eux, le garde de la veille était un exemple d'opulence. Leurs épaules étaient couvertes de cottes de maille en lambeaux. Tout comme le garde de tantôt, leurs fronts étaient recouverts d'un bandeau.
Tek tenta d'attraper la jambe d'Aethis par en bas, mais ce dernier en profita pour lui écraser les doigts avec force. L'homme rugit et se hissa sur le perchoir, mais Aethis était déjà parti, se faufilant entre les colonnes et les arcades de ce qui aurait pu être un ancien chemin de ronde. Le garçon courut longtemps sans s'arrêter, pensant qu'ils avaient perdu sa trace, mais soudain l'un de ses assaillants surgit au détour d'un angle.
« Je te tiens ! » S'écria-t-il en tendant son bras osseux.
Aethis fit briller sa lame, tremblant. Le face à face n'avait jamais été son fort, et la violence le répugnait. Maladroit et sans conviction, il tint sa lame les bras tendus devant lui, plus pour faire peur qu'autre chose. L'autre était lent et faible, ses vaines tentatives de l'acculer lui valurent de trébucher plusieurs fois. Il vint se jeter sur Aethis de toutes ses forces, comme aveuglé de désespoir, et ils tombèrent à bas des escaliers, se heurtant à chaque marche.
Aethis était sonné, tout son dos semblait s'être brisé en mille morceaux dans sa chute, et il ne put rien faire que gémir de douleur pendant un certain temps. Soudain, il sentit une chaleur parcourir sa main. Il réalisa que l'homme était évanoui et l'écrasait de tout son poids, ce qui était peu. Aethis retira brusquement le poignard du ventre de sa victime, sidéré. Le sang se répandait avec lenteur sur le sol. Aethis se leva en se tenant le flanc.
L'ombre au sol ne bougeait plus, et Aethis de même. Il se tenait debout, terrifié. C'était comme si son cerveau avait cessé de fonctionner soudain, subjugué par la rapidité du drame qui venait de se produire. Une petite voix intérieure vint le réveiller de son horreur :
« Tu n'es donc pas mieux que ton père. »
Cela sembla activer soudainement tous ses sens, et il se précipita de boucher la plaie de ses mains pour faire barrage au sang qui jaillissait. Ayant placé deux doigts au niveau du cou décharné, il constata que le pouls était lent mais néanmoins rassurant. Il pouvait le sauver.
Fort heureusement, il portait dans son paquetage un bandage de fortune qui lui avait servi à plusieurs occasions. Il serra autant qu'il le pouvait le bandage à la hauteur de l'abdomen, tentant de ne pas vomir à la vue de cette ouverture ovale et écarlate déchirant la peau livide du ventre.
« Au secours... Au sec... gémit l'homme, à moitié inconscient.
—Tenez mangez ça, vous aurez besoin de forces pour marcher. »
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Les Contes Sanglants du Royaume Pourpre
FantasyDans le Royaume Pourpre, il n'y a pas de Bien ni de Mal. Oubliez toute moralité, tout sens de l'honneur. Asseyez-vous, et en dieu omniscient observez la masse informe des créatures qui vivent et meurent dans la poussière.