Chapitre XXIX: L'Imposteur

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⊱𐄚⋞✺⋟𐄚⊰

Résumé: Faris, jeune membre novice de la Compagnie, vient de déserter la troupe. Lointain témoin de la mutinerie menée par Sym, il sauve le chef de clan Ykar. Ensemble, ils parviennent aux cités troglodytes, et Faris prévoit de fausser compagnie à son acolyte violent. Ykar le découvre, mais un certain Daath Iglim, mystérieux faiseur de miracles, l'empêche de passer sa colère sur le jeune homme. Faris se décide à aller voir de ses propres yeux la magie de Daath qui compte guérir un malade.

La foule était si nombreuse autour de la maison du malade que les disciples de Daath Iglim durent former une haie, subdivisant la masse en deux. L'homme passa, l'air placide. Il claqua la porte aussitôt après avoir pénétré les lieux.

Faris observait la scène de loin, il avait grimpé en amont des habitats troglodytes. Cela lui donnait une vue réduite sur une des lucarnes de la masure dans laquelle étaient retranchés la famille et les soignants du pauvre homme. Après un court instant, ils finirent eux aussi par évacuer la maison.

« Il nous a demandé de les laisser seuls, dirent-ils.

—Laissons-le, approuvèrent ses disciples. Il sait ce qu'il fait. »

Ainsi ils demeurèrent dans le matin glacial des Pics aux Milles Voix, et un Soleil timide pointa par-delà les sommets pointus. Exaspérés, de nombreux curieux quittèrent les lieux pour travailler aux cultures en terrasse. Beaucoup s'assirent sur les rochers, près du vide que jouxtait le chemin. Une rumeur excitée parcourait le village.

Ils n'eurent aucune nouvelle pendant plusieurs heures, mais seul Faris pouvait entrevoir un semblant d'action par la petite lucarne. Il n'y avait pas beaucoup de mouvement. Du peu qu'il avait vu, Daath Iglim s'était installé aux pieds du souffrant après avoir salué la famille. Puis, il était resté là, assis ou peut-être à genoux. Il n'avait pas l'air de parler, mais ses mains se mouvaient parfois de façon pratiquement imperceptible.

La masse de gens s'amenuisait, et tout portait à croire que rien d'extraordinaire n'allait advenir ce jour-là, lorsqu'un cri retentit jusque dans la vallée, un hurlement de terreur et de douleur pure :

« Ca brûle ! Au secours ! Cessez, cessez je vous en implore ! »

Tous avaient sursauté. La femme du malade bouscula la troupe de fanatiques pour faire irruption dans la demeure. Daath Iglim, lui, réapparut comme si de rien n'était et des pleurs suivirent son départ.

« Ne revenez plus jamais ici ! Faisait la femme. Je vous tuerai, vous m'entendez ? »

Et il s'en alla. La femme ne put contenir l'afflux de curieux se bousculant jusqu'à chez elle pour s'enquérir de l'état de l'homme.

« Il est mort... »

Ces mots furent murmurés dans le village avec crainte. Plus personne n'entra dans la maison de peur de subir le même sort.

« Ce n'était donc qu'une perte de temps, se dit Faris en soupirant. Contrairement à ce que je pensais, cet homme n'est pas qu'un charlatan. C'est aussi un meurtrier, à ce qu'il semble. »



Daath Iglim et ses hommes ne furent visibles nulle-part tout au long de la journée. Faris, lui, s'installa dans une auberge à l'écart de tout.

Les Contes Sanglants du Royaume PourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant