⊱𐄚⋞✺⋟𐄚⊰Résumé: Camaël, acteur et amant de Béa, vient d'être exécuté pour insulte à la Couronne. Horrifiée, la jeune fille tente de se jeter dans un fleuve, avant d'être sauvée par un paysan du nom de Freidwill. Elle se retrouve alors plongée dans le quotidien difficile d'orphelins vivant du travail de la terre et dirigés par Dame Héra.
A son arrivée dans la ferme de Dame Héra, Béa avait assisté au tout début des récoltes. En ce temps-là, les champs regorgeaient de blé et d'orge brillant sous le Soleil.
Quelques jours de travail acharné plus tard, il ne restait plus qu'un petit carré doré émergeant de la terre. La jeune fille fauchait les épis avec une certaine dextérité à présent, et ses bras, autrefois frêles, avaient gagné davantage de volume.
C'était un ouvrage long et pénible, comme toujours, mais désormais elle y trouvait un certain intérêt ; il n'y avait là pas la moindre réflexion à avoir, on souffrait et on peinait en silence. Cela lui faisait oublier tant de choses...
Alors qu'elle ramassait un tas de blé, Béa reçut une grosse boule de terre meuble à l'arrière de la tête.
« Hé ! Qui a fait ça ? »
Tous les autres avaient le dos tourné, certains pouffaient de rire. Freidwill poussa son voisin.
« Allez un peu de courage, mon vieux ! On sait tous que c'est toi ! »
L'autre eut l'air surpris.
« Depuis quand est-ce que tu pousses les gens, Freid' ? Je t'ai connu moins violent.
—Haha, c'est qu'il est amoureux ! Fit le suivant.
—M... Mais n'importe quoi !
—Regarde-toi rougir, Freid', qu'est-ce que tu attends pour lui déclarer ta flamme, t'es cramé mon pauvre ! »
Il avait à peine eu le temps de finir sa phrase qu'un projectile de terre l'atteignit lui aussi en pleine joue. Le garçon se retourna vers Béa, stupéfait. Elle prit peur en le voyant la dévisager.
Mais le garçon finit par sourire, et cria :
« C'est la guerre ! Avec moi mes braves ! »
Une seconde plus tard, la boue pleuvait sur les visages et les vêtements. Deux camps se formèrent ; celui de Béa, avec Freidwill et quelques autres jeunots qui avaient eux aussi l'air d'en pincer pour la jeune fille, et celui de l'horrible tyran qui, lui, rassemblait davantage de femmes.
L'anarchie était complète, et elle dura une bonne demi-heure. On avait même creusé des tranchées, et bâti un fortin en planches de bois qui, dans leur esprit, était semblable à la grande cité de Mogtryl.
« C'est pas bientôt fini ? Criait Dame Héra, tout le monde au travail, et plus vite que ça ! »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les jeunes se remirent à leur ouvrage sans piper mot, tout en réfléchissant à leurs futures vengeances personnelles.
« Va te laver, Béa, je vais avoir besoin de toi à la cuisine. »
La jeune fille s'exécuta.
« C'était bien ? Demanda la Dame alors qu'elles épluchaient des légumes.
—Pardon ?
—Je te demande si tu t'es bien amusée. »
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Les Contes Sanglants du Royaume Pourpre
FantasyDans le Royaume Pourpre, il n'y a pas de Bien ni de Mal. Oubliez toute moralité, tout sens de l'honneur. Asseyez-vous, et en dieu omniscient observez la masse informe des créatures qui vivent et meurent dans la poussière.