⊱𐄚⋞✺⋟𐄚⊰Résumé: Béa est une jeune fille hantée par la mort de son amant. Sa logeuse lui trouve alors une raison de vivre: la vengeance. Elle se déguise en homme et s'apprête à devenir l'apprentie d'un Garde Royal du nom de Morwen. Mais ce dernier est exclu de la Garde par le Roi sous prétexte de trahison alors qu'il portait la nouvelle de la découverte de l'héritier. Morwen prend malgré tout Béa sous son aile, sans parler de sa mésaventure.
Béa avait été trainée à travers la ville par Morwen toute la journée. Aussitôt après son réveil, il l'avait emmenée dans diverses échoppes pour qu'elle s'achète des habits de cuir et quelques armes d'entraînement. Béa n'avait pas les moyens, avec la petite bourse offerte par Dame Héra, de se faire fabriquer un attirail sur mesure. L'épée était trop lourde et sa cotte de maille trop ample. L'armurier avait littéralement pris ce qui lui passait sous la main, le plus petit possible.
Morwen ne faisait rien d'autre que de lui grommeler quelques ordres comme « viens là » ou « ne touche pas à ça ». Nul doute qu'il considérait cette tâche comme une horrible corvée.
Où était passé le jeune homme jovial qu'elle avait vu quelques jours auparavant entrer dans la chaumière ?
Alors qu'ils s'en retournaient vers le camp d'entraînement, alourdis par la ferraille, ils durent traverser une foule de curieux se rassemblant sur la grande place. Béa sentit son sang se glacer. C'était là qu'elle se tenait le jour de la mort de Camaël. Les mêmes cris de joie malsains, la même potence.
Le même tueur masqué. Caaron.
Elle le savait, elle savait que c'était lui et elle le lui faisait bien comprendre par son regard. Le petit Jem l'avait suivi jusque chez lui, comme elle lui avait demandé. A partir de là, il n'avait pas été difficile de glaner des informations sur Caaron.
« Viens par-là, traîne pas ici », grogna Morwen
Et ils s'en allèrent. Béa restait muette, de peur que son timbre de voix ne la fasse détecter en tant que femme. Toute sa colère ne pouvait étouffer l'angoisse qui la prenait en entrant dans l'espace boueux hérissé de planches vermoulues qui constituait le camp d'entraînement.
Les apprentis étaient parqués par dizaines dans ce qui s'apparentait à des enclos pour des bêtes. Les planches moisies les protégeaient à peine du vent et des intempéries, la paille sur laquelle ils dormaient était infestée de rats.
Il y avait les brutes qui se battaient sans cesse pour s'assurer la place la moins humide, les pleurnichards qui se cachaient pour fondre en larme à chaque coup reçu. Et puis il y avait Béa. Béa ne comprenait pas pourquoi les hommes éprouvaient le besoin de faire étalage de leur force. Camaël ne s'était jamais battu, lui, et elle l'aimait quand même.
En réalité, on n'entraînait personne dans le camp d'entraînement. On envoyait des gosses de tout âge et de toute classe sociale entre les murs d'une palissade et on les regardait s'entredéchirer. Les forts et ceux qui arrivaient à se trouver une bande soudée restaient, les autres... Personne ne savait ce qui arrivait aux autres. Ils partaient, tout simplement, d'une façon ou d'une autre...
Parfois, il y avait un instructeur qui arrivait pour leur rendre leurs armes d'entraînement. Au début, ils se battaient en petit groupes, à la loyale. Et puis ça dégénérait. L'instructeur fumait sa pipe en observant la mêlée se former.
Béa était nulle à l'épée. La sienne était en bois avec du plomb à l'intérieur pour qu'elle soit plus lourde. Même sans l'acier, elle s'essoufflait en seulement quelques minutes de combat. Ayant eu l'intelligence de se mettre toujours contre l'un des plus faibles de la troupe, ce qui aboutissait aux combats les plus mous de toute la cour.
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Les Contes Sanglants du Royaume Pourpre
FantasyDans le Royaume Pourpre, il n'y a pas de Bien ni de Mal. Oubliez toute moralité, tout sens de l'honneur. Asseyez-vous, et en dieu omniscient observez la masse informe des créatures qui vivent et meurent dans la poussière.