Chapitre 21

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- Combien y a-t-il d'Allégeances ? haleta Étienne.

- Sérieusement ? anhéla Martin en retour. Tu me prends vraiment pour un imbécile ?

- C'est toi qui nous a demandé de l'aide, hein ! N'oublie pas !

Martin cracha sur le côté, la bouche asséchée par l'effort. Pour un peu, il regrettait presque d'être revenu au Bastion ! Et dire qu'elle aurait pu avoir une vie tranquille s'il avait refusé l'offre du Major Bellerin, une vie de rafleur, loin des courses matinales et des questions d'Étienne...

Pourquoi était-il revenu, déjà ?

- Il y en a quatre, ânonna-t-il. Destruction, Mysticisme, Altération et Guérison.

- Et quels sont leurs principes ?

- Bon sang, Étienne !

- Il ne fallait pas me le demander ! Allez ! Je veux entendre les principes !

D'un pas leste, les Aspirants traversèrent le jardin aromatique avant de revenir sur leurs pas. Martin inspira profondément. Il veillait à garder le dos le plus droit possible ainsi qu'une foulée courte et régulière – comme le lui avait conseillé Hugo – tout en essayant de se rappeler de son cours. Qu'est-ce qu'il fichait là, déjà ?

- Allez ! se moqua Étienne. On commence par la Destruction ! Ça tu connais, non ?

Martin leva les yeux au ciel.

- Les Destructeurs ne peuvent maîtriser qu'un élément à la fois, les Altérateurs ne peuvent pas retourner leurs pouvoirs sur eux même, les Mystiques ne peuvent pas forcer les gens à leur obéir et les Guérisseurs ne peuvent pas ressusciter les morts !

- Et pourquoi ?

- Parce que ça reviendrait à épuiser toutes ses ressources !

- Bon sang, Martin ! Fait un petit effort !

- Très bien, soupira le Destructeur tandis que la cohorte revenait sur leurs pas. Parce que la magie n'est pas une force extérieure, elle fait partie de nous et nous puisons dans nos propres réserves quand nous l'invoquons, récita-t-il. Tu vois ? Je le sais ! Je les lis tes bouquins, je me torche pas avec !

- Vous devriez surtout garder votre souffle ! sourit Hugo qui courrait en tête.

Valentine, qui jusque lors trottinait derrière eux, les dépassa de deux grandes enjambées bondissantes.

- Ça va Froissard ? Il reste encore un tour, tu sais ? Tu préfères peut-être te reposer ?

L'intéressé fronça les sourcils, et sourit.

- Tu me défies ?

- Le dernier arrivé à la Garnison est de corvée de ménage pour toute la semaine !

Valentine accéléra sa foulée, dépassant l'ensemble de leurs condisciples. Martin se lança alors à sa poursuite sans réfléchir. Hugo et Étienne les rattraperaient de toute façon. Et puis, il préférait faire la course avec Valentine plutôt que d'écouter une minute de plus les leçons d'Étienne !

- C'est la dernière fois que je t'aide ! hurlait justement ce dernier, indigné.

Martin éclata d'un rire franc, avant d'accélérer encore, espérant la rattraper après le chemin principal. S'il parvenait à la doublée après la Tour de garde, il était certaine de gagner. Il sentait sa poitrine le brûler à chaque respiration et ses genoux craquer à chaque fois qu'ils encaissaient un choc, mais qu'importe !

Et dire qu'il y avait un mois encore, il aurait sans doute supplié Valentine de ralentir, aurait été submergé par la fatigue ou terrassé par un violent point de côté ! Ces sensations faisaient aujourd'hui partie de son quotidien ! Elles étaient grisantes, et Martin avait l'impression qu'il ne pourrait plus s'en passer. Il sentait son corps se transformer, ses épaules s'épaissirent, ses jambes se muscler et ses pieds se durcirent. Il se sentait plus résistant et comprenait mieux, surtout, le pourquoi de cet entraînement.

ALLÉGEANCE {Tome 1} Les Murmures du BastionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant