Ils marchèrent durant plus d'une heure encore en remontant par l'Est, à travers un paysage escarpé, percé de rochers et recouvert d'un Ajonc doré. Leurs bottes s'enfonçaient dans des crevasses remplies de boues, leurs genoux s'écorchaient sur les branches des genévriers mais après avoir passé la gorge, tout leur semblait plus facile. Les yeux dans le vague, Martin avait pris la tête de l'expédition. Il ne pensait à rien d'autre qu'aux ruines de Baies-Noires qu'il avait déjà traversé sans s'arrêter. Il savait, au fond de lui, qu'il était dans la bonne direction et qu'il avait fait le bon choix. Rafleur un jour...
Enfin, après une dernière montée qui leur sembla interminable, Martin sourit en s'arrêtant un instant pour reprendre son souffle, les mains sur les hanches.
- On y est, leur apprit-il. Baies-Noires est là-bas !
Les ruines, à flancs de colline, se découpaient sur l'horizon. Autrefois, ce village avait été prospère : construit quelques années seulement après Bois-aux-Roses, il devait compter – s'il se souvenait des dires de Yolande – pas moins de quinze mille habitants, pour la plupart des agriculteurs et des maraîchers. La ville, cependant, s'était développée trop vite et les Hommes y étaient trop nombreux. Ils n'étaient pas assez préparés pour résister aux assauts des Ombres.
Soulagée, Valentine se laissa retomber dans l'herbe tandis qu'Étienne poussait un long, très long soupire de soulagement. Hugo le pressa par les épaules pour le féliciter et monta sur amoncellement de pierre pour mieux apercevoir les décombres.
- Je ne vois p-personne, leur apprit-il.
- Je suis pas sûr que tu puisses voir grand-chose à cette distance, se moqua Martin. On y sera dans une dizaine de minutes.
- Alors qu'est-ce qu'on attend ? s'enthousiasma Valentine en sautant sur ses deux pieds. D'être recalés à cause du chronomètre ?
- Je vois que tu n'as plus mal, releva Martin en haussant un sourcil. Soit Étienne est un très bon Guérisseur, soit tu as légèrement exagéré la douleur !
- Vous pensiez quoi ? s'exaspéra Étienne. Que quand je vous soigne, je fais les choses à moitié ?
Sans plus se poser de questions, les quatre Aspirants rejoignirent le village abandonné au pas de course. Martin frémit en songeant qu'ici, des centaines de personnes et une cinquantaine de Gardes étaient morts pour essayer de préserver la ville. Le traumatisme était encore vif dans la mémoire collective, quand bien même cinq cents ans les séparaient de cette tragédie.
Impressionnés, ils entrèrent à pas de loup dans les vestiges de Baies-Noires. La plupart des murs étaient encore debout, ce qui était à la fois fascinant et sinistre. Ils empruntèrent ce qui devait être la rue principale, et ne tardèrent pas à rencontrer un Garde qui semblait les attendre. Les motifs sur son col leur indiquaient qu'ils étaient en présence d'un Capitaine. D'un même mouvement, ils se mirent au garde-à-vous avant de le saluer respectueusement.
- Une nuit de plus, Capitaine !
- Une nuit de plus, Aspirants. Vous êtes arrivés dans les temps, leur apprit-il.
Martin expira malgré lui, soulagé. Il croisa le regard de Valentine qui lui sourit largement. Il avait donc fait le bon choix en suivant les routes des rafleurs.
- Quelle est la mission, Capitaine ? demanda Hugo.
- La ville est attaquée par des Ombres, et il y a des civils à l'intérieur. Ils sont se sont réfugiés dans les ruines du beffroi. Escortez-les jusqu'à l'extérieur où une seconde équipe se chargera de les rapatrier jusqu'à Bois-aux-Roses.
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ALLÉGEANCE {Tome 1} Les Murmures du Bastion
ParanormalDans un monde où d'étranges Ombres ont réduit à néant la civilisation humaine, Martin Wilson, un jeune Sorcier qui possède le don de glace, sauve la vie d'Emma, une petite orpheline. Il est alors repéré par le Major Yann Bellerin qui lui propose de...