Chapitre 26

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 Martin, Valentine et Étienne prirent à peine le temps de déjeuner. C'était tout juste si l'ancien rafleur avait avalé un bol de soupe avant de se précipiter dans ses quartiers. De toutes les manières, il n'avait pas vraiment faim.

Les familles n'allaient pas tarder.

Martin embrassa sa chambre d'un regard. Avec des gestes fébriles, il rangea toutes les affaires qui traînaient, rassembla ses vêtements sales qu'il jeta dans un sac, mit bien en évidence ses livres sur son bureau. Il essayait de se rassurer lui-même et prouver que tout allait bien, du moins en apparence.

Il se trouva ridicule. il n'avait pas besoin de toute cette mise en scène pour essayer de convaincre Ali et Emma qu'il faisait tout pour réussir, s'il n'en était pas persuadé lui-même.

Il inspira profondément avant de mettre son manteau noir. D'un revers de manche, il lustra chaque bouton d'argent avant de s'inspecter dans le miroir. Il lissa les pans, réajusta les épaulettes, inspecta le bout de ses chaussures...

« Comme si cette Petite Peste faisait attention à ce genre de détail ! » s'agaça-t-il intérieurement.

Ses mains tremblaient. Il n'avait jamais eu aussi peur de toute sa vie. Il aurait préféré affronter une douzaine d'Ombres plutôt que de décevoir sa petite Emma.

Des coups à la porte interrompirent le fil de ses pensées. Aussitôt il bondit dans le salon, mais n'y trouva pas sa petite. Il n'y avait là qu'un jeune homme, sublime, grande et svelte, aux traits gracieux et aux cheveux noirs comme la nuit. Martin chassa sa déception pour adresser à leur visiteur un sourire charmeur. Après tout, avec ses yeux clairs, son sourire large, sa petite barbe brune et cette silhouette athlétique qui mettait son postérieur en valeur, il était tout à fait son genre !

- Tu cherches quelqu'un ?

- Oui, je..., hésita l'inconnu.

- BAPTIIIIIIIIIISTE !

S'il n'était pas déjà devenu sourd, Martin le serait certainement avant ses trente ans ! Valentine venait de lui hurler dans les oreilles avant de se précipiter dans les bras de l'inconnu qui, du reste, ne lui ressemblait assez. Martin se rappela alors qu'elle était l'aînée d'une fratrie de cinq – sa mémoire n'était cependant pas assez bonne pour se rappeler du prénom de chacun d'entre eux.

Il regretta alors de l'avoir reluqué. Il était peut-être bel homme, mais il était avant-tout le frère de Valentine ! Et c'était d'ailleurs bien dommage...

- Ça suffit Val', pesta Baptiste. Tu peux me rappeler pourquoi je suis venu, déjà ?

- Peut-être parce que tu m'aimes ? minauda-t-elle en penchant la tête sur le côté. Et peut-être aussi parce que je te manquais ?

- Il paraît, ouais. Bon, dis, tu me fais les présentations ?

- Tu m'en as ramené ?

- Vaaaaaaaaaaaal'...

- Tu m'en as ramené oui ou non ?

Baptiste Obara leva les yeux au ciel avant de lui tendre un sachet que Valentine ouvrit précipitamment. Elle fourra dans sa bouche une grisette, sorte de petit beignet à la citronnelle typique de Gueule Noire. Martin les trouvait trop grasses à son goût.

- Martin Wilson, se présenta-t-il de lui-même, puisque son amie avait la bouche pleine de pâte et ne semblait pas disposée le faire.

- Le fameux « Froissard », c'est ça ? sourit-il en se penchant pour lui faire la bise.

ALLÉGEANCE {Tome 1} Les Murmures du BastionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant