Chapitre 23

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 La rage au ventre, Martin se précipita jusqu'à la Garnison. Sans même prendre la peine de saluer ses camarades, il claqua la porte de sa chambre avant de se laisser tomber sur le lit, désespéré.

La veille encore, il avait passé plus d'une heure à étudier. Puisque les conseils du Colonel Ariane Grasset ne lui étaient d'aucun secours, il s'était dit qu'il trouverait peut-être des réponses dans les livres, mais il rien de ce qu'il avait pu lire dans les « Grands principes de l'Allégeance Destructrice » ne l'avait aidé. Tout lui semblait nébuleux ou complètement stupide. On y préconisait même des exercices de méditations. « Prenez le temps de vous connecter à votre magie intérieure et inspirez calmement. Soufflez quand vous la relâchez. »

« Des conneries ! » pesta-t-il en repoussant le livre de colère. « C'est impossible, se désespéra-t-il ensuite en passant une main fatiguée sur son visage. Je n'y arriverai pas en si peu de temps. C'est impossible... »

On toqua discrètement. Martin leva les yeux au ciel et marmonna un « Entrez. » Il n'y avait qu'Hugo pour se montrer aussi protocolaire...

- Martin ? hésita-t-il justement en entrouvrant la porte. Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que le Major t'as dit ?

- Que si je n'arrive pas à contrôler mes pouvoirs d'ici trois jours, je n'aurais plus qu'à faire mes valises et me tirer d'ici, répondit-elle d'un ton caverneux.

Il vit Hugo blêmir plus encore si c'était possible.

- Il ne peut pas te faire ça ! Étienne nous a tout raconté ! C'était pas ta faute ! Je peux aller lui parler si tu veux, il...

- Et pourquoi il t'écouterait toi, hein ? Parce que tu es le Petit Prince de l'Académie ? C'est quoi ? Un privilège de petit bourgeois ? Toi, tu as tout ce que tu veux quand tu le désires, pas vrai ?

Quelques larmes lui échappèrent. Bordel !

- Tu les connais, les Allard ? Tu devais les fréquenter quand t'étais gosse ! C'est un petit monde, la Haute-Ville !

Hugo se renfrogna. Ses yeux prirent une teinte dorée. Toute sollicitude l'avait quitté.

- Non, je ne les connais pas et d'ailleurs, je n'y suis pour rien dans ce qui t'arrive, répondit-il d'une voix dure. C'est donc tout ce que je suis pour toi ? Un bourgeois de Haute-Ville ?

- Je ne vois pas ce que tu pourrais être d'autre !

Hugo se redressa, menton relevé, dos droit et mâchoire serrées. Dès qu'il les eut prononcés, Martin regretta ses paroles. C'était sa rancœur qui parlait, pas vraiment lui. Pire encore, il sentit bien qu'il l'avait blessé. Il n'arrivait cependant pas à réfléchir : sa colère imbécile l'aveuglait.

- Quand je pense que j'ai essayé d'être ton ami !

- Je ne vois même pas pourquoi tu as essayé de l'être !

Cette fois, Martin crut sincèrement qu'Hugo allait lui en coller une. Mais il se contenta d'un gloussement en secouant la tête avec mépris.

- Tu n'en vaux même pas la peine, cracha-t-il avant de tourner les talons.

- C'est ça ! fanfaronna Martin en se relevant. Casse-toi de là, Charroy ! J'ai pas besoin de ta pitié !

À la place d'Hugo, apparut la petite silhouette d'une Valentine dépitée. Martin se calma immédiatement, du moins un peu. Il n'en voulait pas à Valentine. En réalité, elle n'en voulait à personne si ce n'était à lui-même.

- Tu sais que tu es le roi des imbéciles, Froissard ? persifla-t-elle.

- Non ? Tu crois ? Merci de me l'apprendre ! Maintenant si ça ne te dérange pas j'ai mes valises à faire ! Le Major...

ALLÉGEANCE {Tome 1} Les Murmures du BastionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant