ALLÉGEANCE {Tome 1} Les Murmures du Bastion

Chapitre 40

De la terre explosa à quelques centimètres de son visage. En poussant un grognement de frustration Martin se dissimula derrière un talus avant d'épousseter son visage d'un revers de manche. Les dents serrées, il se tourna vers Hugo qui s'était lui aussi mit à couvert pour avoir ses instructions. 

- Et on fait quoi, Capitaine ? demanda-t-il, dépité.

- Donnez-moi une minute !

     Un autre choc souleva du gravier et ils durent s'en protéger en se couvrant le visage. C'était typiquement dans ce genre de moment que Martin regrettait d'avoir pris l'uniforme. 

- Mais coordonnez-vous, bon sang ! s'agaça Vincent. Ça n'est pas une bagarre de rue ! Maîtrisez-vous et apprenez à fonctionner ensemble !

    Martin savait que la remarque était davantage destinée à l'équipe adverse qu'à eux. Elle attaquait au hasard, sans véritable stratégie mais la manœuvre avait au moins un avantage : elle les empêchait d'avancer. Rien d'étonnant à cela : c'était cet imbécile de Pierre qui dirigeait son équipe ! Agacé, Martin concentra son énergie vers ses paumes avant de se redresser brusquement pour les défier à son tour. Sa glace manqua de peu Natasha. « Loupé ! » se moqua son subconscient. 

     Très différent de celui des Aspirants, l'entraînement des Cadets était particulièrement intense – d'autant plus qu'il était condensé en un mois de formation à peine ! Si la première étape de leur formation avait principalement pour but de les mettre en condition physique pour pouvoir mener à bien leurs missions, la seconde était plus technique. Chaque jour, ils devaient s'exercer sur un terrain escarpé, censé simuler des conditions réelles. Martin avait donc retrouvé avec déplaisir la salle d'entraînement. Ils avaient désormais accès au second sous-sol, une salle ovoïde qui semblait uniquement destinée à ce type d'exercice. Elle ne contenait en effet qu'un banc, et un terrain escamoté. Chaque duel était supervisé par le Capitaine Drihem qui veillait à ce que personne ne se blesse réellement, et avait pour but de renforcer la cohésion au sein de chaque équipe. 

- Vous n'êtes pas là pour vous défouler ! ne cessait-il de répéter depuis deux semaines. Vous êtes là pour vous entraîner, et rien d'autre ! Si vous voulez régler vos comptes, faites-le dehors ! 

     Pourtant, les coups pleuvaient, et nombreux étaient ceux qui s'étaient retrouvés inconscients, auscultés par l'ensemble des Cadets Guérisseurs. En règle générale, c'était Étienne qui était chargé de soigner le maladroit – et il s'exécutait de mauvaise grâce non sans rappeler qu'il était de toute façon le plus qualifié pour ça ! 

     Martin avait fini par se demander si leurs supérieurs n'étaient pas, en réalité, tout simplement des sadiques qui prenaient leur pied à les regarder souffrir. 

     Le but de l'exercice était de repousser l'équipe adverse derrière la limite du terrain en moins de trois manches de cinq minutes. L'équipe qui comptait le plus de membres debout et apte au combat remportait la victoire. Rien de bien compliqué en théorie. 

    Sauf dans le cas où l'adversaire s'efforçaient à tout prix de contenir les combattants ennemis. L'équipe de Pierre, Natasha, Thomas et Maëlan, semblait bien décidée à les maintenir à distance durant toute la partie, quoi qu'il leur en coûte. Au moins, ça leur évitait de perdre ! 

- Si on les laisse faire, soupira Valentine dissimulée derrière un bloc de béton, ils se fatigueront avant nous !

- Et dire que ce sont eux les premiers du classement ! se lamenta Étienne.

     Pour le coup, Martin partagea son dégoût, quand bien même il n'était pas aussi compétiteur. Ils méritaient davantage la première place que cette bande de planqués !