Le lendemain, au fur et à mesure qu'il repensait à ses examens, Martin sentit sa confiance s'évanouir dans les airs. Il avait l'impression de s'être laissé avoir par quelques formulations trompeuses, d'avoir oublié la moitié des éléments dans une réponse, ou d'en avoir mal expliquées d'autres.
« 32 après le Déclin ! se rappelait-il soudain. La fondation de Bois-aux-Roses ! Bordel, mais comment j'ai pu oublier ? »
En définitive, cette journée, qui était censée lui permettre de se reposer la seconde épreuve, se révéla être plus terrifiante qu'autre-chose. La nuit d'ailleurs, n'avait pas été meilleure puisqu'un violent orage avait brusquement éclaté sur la vallée, déversant des trombes d'eau en quelques minutes. Le martèlement des gouttes sur la toiture qui était juste au-dessus de sa chambre ne l'avait pas aidé à se rendormir.
- Arrête d'y penser, Froissard ! souffla Valentine, le surlendemain.
- À quoi ?
- Aux magnifiques fesses d'Étienne, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel, à quoi d'autre sinon ?
Étienne, qui était – comme de coutume – en train de lire, se contenta de lever son majeur bien haut dans un geste universellement reconnu pour être une insulte.
- Arrête de penser à l'épreuve d'hier, insista sa camarade. Ça ne sert plus à rien maintenant. Tu peux pas forcer le bureau du Major pour changer tes réponses ! C'est fait, c'est fait !
Tous les trois s'étaient réunis dans l'après-midi dans le salon, autour du radiateur – Hugo, lui, était introuvable. Si la pluie avait cessé depuis le début de la matinée, elle avait laissé une impression de froid dont ils ne parvenaient pas à se défaire. Malgré lui Martin jeta une œillade mauvaise aux nuages bien trop gris. Ils l'inquiétaient. Les conditions climatiques n'étaient pas idéales pour une balade hors-les-murs.
- Facile à dire, grommela-t-il. Comment tu fais, toi, pour ne pas y penser ? Et pour ne pas penser à demain ?
Elle sourit avant de relever la tête, délaissant la lettre qu'elle était en train de rédiger à ses frères – elle faisait plus de cinq pages et Martin se demanda qui pouvait bien avoir la patience de lire un roman pareil !
- Je m'occupe l'esprit. D'ailleurs, tu devrais faire pareil et poser ton cerveau, Froissard ! Ça ne devrait pas être trop difficile pour toi, non ?
Pour toute réponse, le jeune homme lui jeta un coussin à la figure. Il rata finalement son tir, si bien que l'oreiller atterrit à l'arrière du crâne d'Étienne qui le leur renvoya avec un grognement d'exaspération.
- Il ne vous aura sans doute pas échappé que j'essaie de lire !
- Oh ! Pardon Monsieur le Génie, gloussa Valentine. C'est d'une importance capitale, c'est ça ?
- Et bien figure-toi que ça l'est, oui ! Il s'agit d'un relevé géographique sur les alentours de Bois-aux-Roses ! Vous prenez peut-être cette épreuve à la légère, mais pas moi ! Il faudra être les plus rapides et les mieux préparer si nous voulons intégrer la Garde !
- Ton livre ne te servira à rien, rétorqua Martin. On n'apprend pas à s'orienter à l'extérieur dans les pages d'une encyclopédie ! C'est sur le terrain qu'on apprend !
- Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir pu se promener dans les ruines, répliqua Étienne d'un ton acerbe.
- Ouais, grogna-t-il, en colère comme à chaque fois qu'on lui enviait sa « si belle vie au grand air ». C'est vrai que c'est une vraie chance de t'écorcher les coudes en glissant sur les rochers, de crever de chaud au milieu des ruines qui menacent de s'effondrer sur toi, de partir à l'aube et te précipiter le soir pour te mettre à l'abri derrière les murs, tout ça pour presque rien ! Si j'avais su la chance que j'avais, je serai resté rafleur ! J'ai vraiment été trop bête !
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ALLÉGEANCE {Tome 1} Les Murmures du Bastion
ParanormalDans un monde où d'étranges Ombres ont réduit à néant la civilisation humaine, Martin Wilson, un jeune Sorcier qui possède le don de glace, sauve la vie d'Emma, une petite orpheline. Il est alors repéré par le Major Yann Bellerin qui lui propose de...