Chapitre treize

196 22 0
                                    

Bien le bonjour!

J'avoue, j'ai failli oublier qu'on était mercredi. 

Désolée pour l'attente. Honte sur moi! Mais pour celles (et ceux, peut-être) qui n'auraient pas vu la publication du chapitre douze en plus du onze la semaine dernière, vous avez un chapitre à rattraper pour compenser! :D (Très mauvaise contrepartie, je sais. L'inspiration est ailleurs... Hum.)

Sur ce piètre mea-culpa, je vous souhaite une bonne soirée et une bonne lecture!

________________________

Depuis des jours, Annabelle observait passionnément le nid d'hirondelles rustiques confectionné sous le couvert d'une avancée abritée de la dépendance que le personnel nommait "l'atelier indéterminé" – sans en préciser la raison. Elle s'y rendait discrètement à chaque heure de thé ou de repas que la Lady et le Lord partageaient. Si bien qu'elle ne pu entendre le puissant moteur inconnu remonté la route du domaine. A son retour, elle fût bien étonnée de découvrir une tapageuse bentley décapotable par les fenêtres du hall.

« Ah! s'exclama Mrs Hodgson en l'apercevant au sortir de la galerie. Sa Grâce souhaite justement que vous vous rendiez à son bureau. » Toujours l'air pressé, elle lui tendit le plateau de service qu'elle avait copieusement garni. « Savez-vous de quoi il est question? s'inquiéta la jeune femme.

— Probablement, acquiesça-t-elle sans explication. Maintenant, allez.

— Mais, Lady Kath-...

— Je m'en charge. Allez. Vraiment. »

L'insistance soutenue de la quinquagénaire lui assécha la gorge. Deux étages à parcourir ne furent pas de trop pour lui permettre de recouvrer son professionnalisme détaché.

Elle posa le plateau sur un guéridon le temps de frapper et ouvrir après en avoir reçu l'autorisation. Le Duc se tenait debout devant son bureau, les reins et les mains appuyées au bord de la tablette lustrée, néanmoins très distingué dans son costume boutonné. Un autre homme était assis sur le canapé, tout aussi habillé, mais plus décontracté avec son veston déboutonné, son nœud de cravate lâche, et ses chevilles croisées au bout de ses longues jambes tendues sous la table basse.

Annabelle salua de son élégance habituelle sans même faire tinter la vaisselle. « Votre Grâce. Monsieur.

— Lord Azem. Ou Maître Azem, présenta rapidement Rudyard. Posez cela là-bas et venez vous asseoir, miss Toussaint. »

Anna s'exécuta sans un mot, évitant sciemment de croiser le regard de l'inconnu en se délestant devant lui. Cela faisait partie des règles douloureusement apprises de sa découverte des affres des femmes parmi les hommes: un contact visuel peut aisément être mal interprété par un homme tirant vanité de son charisme. Dans le doute, s'abstenir: elle ne se trouvait pas en territoire connu.

Le Duc contourna le bureau en déboutonnant son veston pour prendre sa place de maître, tandis qu'elle venait investir la même chaise qu'à leur première entrevue. Une tension autre qu'à lors la maintenait très droite sur le siège: l'avocat se trouvait hors de sa périphérie visuelle, l'enfermant à la place non enviable de proie potentielle.

« En quoi puis-je vous être utile, Votre Grâce? » interrogea-t-elle en plaçant les mains jointes en son giron. Un petit rire vibra derrière elle, attirant les yeux du Duc du côté de son invité. Il ne fit aucun commentaire, mais lorsqu'il reporta son attention sur la jeune femme, il la trouva figée, les pupilles dilatées d'inquiétude fixées au buvard. Ses mâchoires se contractèrent de désappointement à l'encontre des manières de l'avocat rustaud. Lui n'était pas méprisable, et elle, très dissemblable des femmes qu'ils fréquentaient, mais l'un et l'autre ne pouvaient le savoir aussi formellement que Rudyard.

Annabelle Toussaint [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant