Chapitre quatre

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« Aimez-vous lire, miss?

— Beaucoup.

— Voulez-vous que je vous montre où se trouve la bibliothèque?

— Oh, je préférerais me familiariser au plus tôt aux lieux et habitudes, si cela est possible. »

La femme accueillit l'empressement d'Annabelle avec satisfaction sans rien en montrer. « Dans ce cas, accompagnez-moi dans ma ronde. Je vous fournirai un plan du domaine tout à l'heure.

— Avec plaisir, Mrs Hodgson. »

Ainsi débutèrent des heures de marche au travers des dédales du corps et des deux ailes du logis. Annabelle suivit avec une attention rigoureuse les petits pas pressés et les explications offertes.

Aucune zone n'était laissée à l'abandon sous l'œil avisé de la gouvernante. Chaque pile de linge, plis de tentures, literie, meuble, ampoule, tapis, recoins, étaient vérifiés à la suite du personnel. Le moindre lacet était passé au crible, et si un détail la chiffonnait, Mrs Hodgson dégainait un talkie-walkie pour renvoyer la responsable corriger sa tâche.

Jusqu'à la collation de midi, Annabelle reçu une tonne d'informations sur ce qu'était la vie en ces murs. Elle apprit que l'existence au château était bien plus formelle bien que le duc ne cherche jamais querelle au personnel pour peu qu'il n'empiète pas sur son espace de travail; que le corps du bâtiment était orienté à l'ouest côté jardin, et que les ailes étaient simplement nommées Nord (celle du personnel et des salles de tâches) et Sud (celle de la serre et des invités); ou encore qu'un escalier étroit menait directement du couloir de la chambre d'Annabelle de l'aile Sud, aux appartements de la Lady au rez du corps.

L'après-midi, Mrs Hodgson la renvoya à la recherche d'une autre tâche. Elle ne pouvait, lui dit-elle, l'accompagner dans sa charge des appartements et du bureau du Duc – individuellement au premier étage côté nord et au second côté sud –, où elle seule était autorisée à pénétrer en dehors du régent resté au château.

Cette étrange agencement des pièces lui avait été éclairée à demi-mot: après l'accident si mystérieux qui avait touché Lady Katherine et amené le duc à les isoler du monde, des aménagements avaient été faits pour permettre à la dame de loger au rez où tout lui était accessible sans avoir recours aux escaliers. Lord Percy, bien vite insupporté par les criailleries de la Lady sous ses pieds, avait déménagé son bureau d'un étage pour ne plus avoir à l'entendre.

Cela en admit beaucoup sur l'animosité que devait se porter les châtelains au quotidien. Rien de rassurant pour la jeune femme qui commençât à percevoir le poids de l'inquiétude peser sur sa cage thoracique.

Décidée à ne pas se laisser abattre avant même de connaître les détails des attentes de la maîtresse, elle s'installa à une table de fer forgé dans la serre pour y étudier les plans de la demeure. Plusieurs fois, elle surprit son esprit à former des prévisions sur le déroulé de la rencontre, ou à chercher des raisons à l'antipathie du Lord. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus échapper à son devoir à l'arrivée de Mrs Holland: « Sa Grâce vient de rentrer et souhaite que vous vous joigniez à lui pour le thé dans le salon bleu, miss. ». Annabelle opina en roulant les plans. « J'arrive dans un instant. Pardon de vous avoir fait déranger, Mrs.

— Y'a pas de mal! assura amicalement la femme. Serez-vous en mesure de vous orienter jusqu'au salon bleu?

— Oui, oui. Merci de vous en préoccuper.

— Allez, miss! Le faire attendre le mettra de mauvaise humeur. Je vais aller ranger les plans pour vous. »

Après l'avoir remerciée à nouveau et reçu ses encouragements, Annabelle n'eut d'autre choix que de se plier à son devoir.

Annabelle Toussaint [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant