Fable Of Time And Humanity

Chapitre 22 Sous la montagne - Équipe Khaer

Les trois membres de l'équipe Khaer avançaient sans encombre à travers les ruines des bâtiments qui jadis se trouvaient hors de l'enceinte de la cité de l'Institut. Il observait ses deux élèves qui avançaient côte à côte, s'émerveillant de tout ce qu'il voyait. Chaque carcasse de bâtiment était pour elles une raison de poser des questions à leur enseignant sur la vie des habitants de l'Ancienne Civilisation. Même lui avait du mal à fournir certaines informations, il leur disait donc de noter ces questions et de les poser à Khasares quand ils la reverront.

Le professeur savait qu'ils ne risquaient rien avant d'arriver dans les ruines de la cité, ainsi il put se perdre dans ses pensées tandis que son groupe avançait. En ayant enfin atteint le rang Terrestre, il allait pouvoir maîtriser une technique de culture. Et il savait déjà laquelle, la Technique de Jonction Terre-Ciel. C'est l'unique technique de culture pour les formes d'âmes primordiale, elle était sans aucun doute d'une puissance incomparable à toutes les autres. Malheureusement pour lui, le journal de l'expert suprême qu'il avait trouvé était incomplet et il lui manquait donc les deux dernières étapes de la technique. Il n'allait cependant pas renier sur cette technique qui lui était parfaitement adapté.

« Quand nous ferons une pause pour le déjeuner, je commencerais à pratiquer la technique. »

Lafy se mit soudainement à courir vers un promontoire de la colline où le groupe se situait. Elle s'arrêta en regardant droit devant.

— Maître ! Quelle est cette chose ?

Le professeur et Talia se rapprochèrent de la fillette pour voir ce qui la troublait.

— Oh !

Devant eux en contrebas du rebord, un troupeau de cerfs et de biches aussi grandes que des éléphants était en train manger de l'herbe. Le plus massif des cerfs qui luisait d'une étrange couleur bleue, les observaient tout les trois. Ils ne semblaient pas agressifs.

— Ces créatures sont des mutations des cerfs d'avant la guerre. Lorsque l'Arbre-Monde apparut, il y eut un dysfonctionnement des verrous magique des laboratoires de l'Institut. Nombre de créatures se sont échappées des cages, obligeant les humains à abandonner les ruines de la cité pour se réfugier dans les hauteurs de la montagne. Le premier Roi de l'Humanité, Léo Tyroch, en interdit l'accès à cause du nombre de dangers bien trop important et aussi dû au fait que la montagne et l'Arbre-Monde était suffisamment grand pour contenir ce qu'il restait de l'humanité.

La gamine regardait toujours les immenses animaux lorsqu'il y eut un mouvement brusque du troupeau. Le cerf luisant se mit à pousser un cri rauque très fort en regardant vers les ruines d'un regroupement de bâtiment ressemblant à une ferme. Tout le troupeau se mit à fuir dans la direction opposée tandis que du vieux corps de ferme montait un sifflement aigu.

— Les enfants à votre avis, quel est ce bruit ?

Le professeur connaissait bien la créature qui en était à l'origine, mais il voulait que ses élèves le découvrent par eux même. C'est Talia qui parla en première.

— On ne peut pas savoir à cette distance.

— Effectivement, mais il me semble que vous avez des pouvoirs capables de vous aider dans cette tache, non ?

Les deux fillettes se mirent à réfléchir de concert pendant quelques instants, puis Lafy se mit sur le rebord du promontoire et son professeur sentit les vibrations de son royaume spirituel. Soudain, deux oreilles de loup poussèrent sur la tête de la jeune fille.

« Elle maîtrise déjà la manifestation de sa forme d'âme à ce point ?! »

Lafy avait les yeux fermer tendit qu'elle écoutait tous les sons aux alentours. Les loups géants font partie des meilleurs traqueurs qui existent en ce monde. Lors de sa première incarnation, il avait mis en place une troupe spécialement formée pour accompagner ces géants carnassiers dans des missions de repérage et de traque, il n'avait jamais été déçu. Sa jeune élève rouvrit les yeux.

— La créature qui se trouve là-bas est un reptile, le sifflement que l'on a attendu est sa respiration. Par contre, je ne sais pas ce que ça peut bien être.

Khaer était très satisfait qu'elle ait réussi à percevoir ce genre d'information. C'est une des plus grandes qualités pour un Démon Tracker, la collecte d'information. L'information sur un ennemi est source de sécurité et l'on ne manque jamais de sécurité lorsque l'on se bat contre cette engeance pourrie.

— C'est une bonne déduction Lafy. Pour être plus précis, la créature dans ces ruines est probablement un naga, une bête démoniaque au buste humain, mais possédant une longue queue de serpent. Ils sont carnivore et fut un temps, ils chassaient les humains pour les dévorer.

— Mais maître Khaer, on laisse ces créatures sous la montagne alors qu'elles pourraient remonter et nous dévorer ?

Le professeur s'attendait à cette question.

— Les gardes de TrogloHall descendent régulièrement pour exterminer ces créatures, seulement ils se reproduisent extrêmement vite. Ainsi, même après plus d'un millénaire ils en restent encore un grand nombre. J'ai donc une mission pour vous, je veux que vous abattiez ce monstre.

Les deux fillettes le regardaient avec des yeux éberluer se demandant si leur enseignant n'avait pas perdu la tête. Celui-ci s'assit sur la corniche.

— Dépêchez-vous, on n'avancera pas tant que vous n'aurez pas fait ce que je vous demande et je suis sûr que vous ne voulez pas recevoir un gage de l'autre équipe.

C'est en imaginant ce que Tina pourrait leur donner comme gage que les deux fillettes sautèrent du promontoire pour se tenir devant les ruines. Khaer voulait voir si elles seront capables de s'allier pour vaincre une cible. Il interviendrait en cas de problème bien sûr, mais les deux gamines étaient suffisamment fortes pour tuer une créature de ce niveau.

Le reptile apparut soudainement en envoyant valser un bout de roche se tenant devant lui. Il faisait dans les deux mètres de haut, les enfants paraissant minuscules devant lui. Bien qu'humanoïde son visage était tiré et très anguleux si bien qu'il ait été impossible de le confondre avec un humain. La créature se jeta sur elles, ses griffes vers l'avant pour déchiqueter les proies se trouvant sous ses yeux.

— Talia, on fait comme lorsque l'on s'est entraîné à se battre avec Alyan !

La jeune Mostrena hocha de la tête avant de faire apparaître des bouts de tissu noir autour d'elle qui enserrera les bras du monstre dans un étau puissant.

« Elle aussi est capable de faire apparaître des attributs de sa forme d'âme ! »

Les Faucheurs morbides sont des créatures dangereuses. Ils ne se manifestent que dans les lieux où les morts furent nombreux, comme sur les lieux de grande bataille. Enveloppé dans un tissu noir qui peut se mouvoir à leurs bons vouloir, c'est surtout les grands faux remplaçants leurs bras qui les rendent mortellement dangereux.

Talia maintenait le monstre ce qui permit à Lafy de passer derrière lui. Et c'est alors que le professeur comprit pourquoi elle obtiendrait le surnom de Foudre-Sang dans le futur. La fillette brune sauta en l'air grâce au pouvoir du vent et en combinant plusieurs éléments elle fit apparaître un éclair qui se propagea le long de son bras. En poussant un grand cri, elle l'abattit sur la bête toujours immobilisée. Le choc parcouru l'ensemble du corps de la créature, s'infiltrant dans ses méridiens et chacun de ses vaisseaux sanguins s'embrassèrent. Et c'est dans une explosion sanglante que la créature mourra.

Talia et Lafy se tournèrent avec un grand sourire pour leur professeur. Celui-ci leva le pouce dans leurs directions.

— On a réussi ! On va pou...

Soudainement, la ruine entière se souleva, entraînant l'apparition d'un lourd rideau de poussière avec elle. Talia regarda à travers le nuage lorsqu'une ombre fonça vers elle. Elle ferma les yeux par peur, mais ne sentit pas d'impact. En les rouvrant quelques secondes plus tard, elle ne vit que le dos de son professeur se tenant devant elle, un marteau de guerre dans la main droite et du sang coulant le long de son bras gauche. Aucune trace d'un quelconque agresseur. C'est le souffle court qu'il se retourna vers elle, son visage figé dans une expression grave.

— Fuyez les enfants... Même moi je n'ai aucune chance de gagner face à cette chose.

Et c'est en fuyant, les larmes aux yeux que les deux élèves eurent comme dernière vision de leur enseignant, se tenant face à l'ombre d'une créature immense cachée par le rideau de poussière.