Chapitre 10

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Une forte odeur de vieux bois et d'humidité vint chatouiller les narines de Megumi, lui rappelant dès le réveil ses mésaventures. Elle ouvrit péniblement les yeux et découvrit la chambre à la lumière du jour pour la première fois. Contrairement à ce qu'elle avait pensé la veille, les murs n'étaient pas d'un blanc limpide mais plutôt dans une teinte perdue entre le rose et l'orange. La jeune femme remua légèrement et un grognement lui échappa lorsqu'une douleur lui traversa le dos.

 - Ah, misère... soupira-t-elle, dépitée.

 Ce futon lui paraissait incroyablement inconfortable comparé à son bon lit douillet... Ce lit qu'elle avait laissé avec tout le reste... Chaque matin, elle avait pour habitude de saisir son téléphone, à peine réveillée, afin de découvrir ses notifications et messages. 

 « Comment vais-je survivre sans lui... ? » 

 Ses pensées se dirigèrent ensuite vers sa mère, qui allait bientôt être prévenue de sa disparition... Puis vers sa meilleure amie, Mayu, qui avait dû se demander la veille pourquoi elle ne s'était pas rendue en cours. Et même vers Motoharu, bien qu'elle ne voulait plus jamais le voir, après sa trahison... 

 « Vais-je rester coincée ici... pour toujours ? »

 À présent qu'elle était seule et reposée, elle pouvait prendre le temps de penser à la gravité de sa situation, et c'était loin d'être réconfortant. Une boule commença à lui monter à la gorge, mais elle secoua vivement la tête pour chasser son envie de pleurer.

 « Non, reprends-toi ! » se força-t-elle en se frottant énergiquement le visage. 

 Si elle se laissait aller à pleurer, elle savait d'avance qu'elle n'aurait pas la force d'affronter cette journée.

Elle devait se montrer forte et courageuse. 

 « Forte et courageuse. Forte et courageuse » se répéta-t-elle comme une prière.

Megumi se redressa en grimaçant de nouveau, la main sur sa hanche douloureuse, puis elle balaya de nouveau sa chambre d'un regard hagard. Il n'y avait pas de fenêtre à barreaux, contrairement à la petite pièce de la veille, mais une porte coulissante. Curieuse, elle se traîna hors du lit et l'entrouvrit avec précaution. Elle n'était pas fermée, mais un garde qu'elle ne connaissait pas, était campé là, le dos bien droit. Il baissa les yeux vers elle, alors elle s'empressa de la refermer par réflexe. 

 « Je suis donc bien surveillée... comprit-elle. Fuir cet endroit ne sera pas une tâche aisée, mais je dois le faire... Il faut que je rentre chez moi ! » 

  Nous sommes à Aldagarya, raisonna la voix de Daisuke dans son esprit. 

 Elle fixa le vide pendant un instant et songea que fuir cette demeure ne suffirait pas à la ramener chez elle. Il lui était arrivé quelque chose d'extraordinaire. D'incroyable. Il lui fallait donc trouver un moyen « extraordinaire » pour rentrer. 

  Toc toc toc 

 Megumi sortit de ses pensées et se tourna vers la porte coulissante. 

 - Oui ? - Bonjour, c'est Daisuke. 

 « Mince, j'ai à peine pris le temps de réfléchir à mon problème » regretta-t-elle en allant néanmoins lui ouvrir.

 Lorsque la jeune femme vit un plateau avec un bol de riz et des morceaux de fruits inconnus, elle réalisa brusquement qu'elle n'avait rien avalé depuis plus de vingt-quatre heures et son estomac se mit à gargouiller. Elle rougit et Daisuke posa le plateau sur le sol avec un petit sourire.

- Nous allons de nouveau nous réunir d'ici quelques minutes afin de discuter de ta situation. Je te laisse prendre ton repas et l'un d'entre nous viendra te chercher ensuite. 

Akai Ito ( Le Fil Rouge Du Destin) Livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant