Haute tension (1)

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Emilie

Samedi 10 Novembre 2018

Lille (France), au bar Soultrain.


La soirée ne pouvait pas mieux commencer. Ou tout du moins continuer à être exaltante. Mon cœur et mon âme vibrent d'une frénésie sans pareille, je la sens couler dans mes veines et je n'arrive plus à songer à autre chose que mes meilleurs amis sur scène.

Je les vois encore et toujours du haut de cette estrade. Ils sont si beaux et tellement talentueux que je sais que je n'ai plus à m'en faire pour eux. Ils ont été extraordinaires, tout comme Enzo et Owen l'ont été. Le public était plus grand, plus enthousiastes et peut-être un peu plus exigeants, pourtant ça ne les a pas empêchés d'être comme d'habitude : naturels et plein d'entrain. Je mettrais ma main à couper si j'apprenais que de nouvelles personnes ont intégré leur fan club et qu'ils ont sûrement convaincu les plus sceptiques. Il est vrai que leur genre musical est loin de plaire à tout le monde : du pop-rock mélangé à de l'électro, on a même parfois l'impression que leur univers penche vers du psychédélique. Toutefois, les ovations leur ont prouvé à quel point ils ont énormément de talent et qu'ils ont impressionné la foule.

L'extase que j'ai ressentie une demi-heure plus tôt ne s'est pas étiolée. Bien au contraire : j'ai envie de danser, de crier ma joie et serrer mes meilleurs amis dans mes bras. Et même si elle n'a pas démarré comme je l'aurais espéré, elle n'en est pas moins réussite.

J'ai totalement laissé de côté cette crise de larmes qui m'a submergée lorsque Raffael s'est échauffé la voix en fredonnant sa musique. Celle qui témoignait en de grandes lignes toutes les épreuves dans lesquelles il est passé ces dernières années, et l'espoir qui reflétait de temps à autres ses paroles mélancoliques. J'ai aussi écarté ma légère prise de tête avec Maxim, qui ne se rend pas compte à quel point le tabac peut le tuer à petit feu. Je pourrais encore essayer de lui faire comprendre qu'il serait temps d'arrêter cette saloperie et que je n'ai pas la moindre envie qu'il détruit sa santé alors qu'il n'a que vingt ans. Mais Max sait très bien tout cela, qu'il risque de développer certaines maladies à l'avenir et qu'il est très dépendant de la nicotine. Il faut qu'il ait le déclic, mais c'est à lui et lui seul de le trouver. Pas moi.

Malgré tout, j'ai profité de leur concert. J'ai tout oublié à la seconde où je les ai aperçus sur scène. J'étais en compagnie de Chrystal, son amie Adélaïde et même de Zoé. Ensemble, nous avons encouragé les garçons et maintenant nous patientons leur retour au bar où ils nous ont donné rendez-vous. Le même pub qui risque de devenir notre lieu préféré puisque j'ai la nette impression qu'on passe un temps fou à squatter la taverne de Kelly.

Celle-ci passe d'ailleurs à notre table pour nous servir. Son beau sourire lui creuse les joues et met en valeur ses piercings situés au centre de ses pommettes.

—     Alors, comment ils étaient, ce soir ? Ils ont allumé le feu ? nous demande-t-elle en déposant nos verres respectifs sur le meuble.

—     Plus que ça, ils ont été époustouflants, commenté-je, les yeux rêveurs. Je n'ai pas vu les autres groupes, mais je suis persuadée qu'ils ont fait de l'ombre aux suivants.

Je croise le regard de Zoé qui hoche instantanément la tête.

—     Oui, tu aurais vu ça ! Les garçons ne faisaient plus qu'un sur cette scène, on aurait pu les confondre avec des professionnels ! Même Owen a fait son petit effet auprès des filles, n'est-ce pas ?

—     Il est plutôt craquant, même s'il n'est pas trop mon genre, répond Adélaïde à ma gauche. J'ai surtout remarqué qu'il avait un beau cul.

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