Crise de nerfs (1)

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Emilie

Vendredi 21 Septembre 2018.

Lille (France), à la sortie de l'université.

La fatigue de la reprise m'a poussée à faire des choix auxquels je n'aurais pas songé par le passé. Dormir dans l'amphithéâtre en est une, comme repousser certains devoirs au lendemain, mais la pire décision d'entre toutes a été de compromettre mes quelques divertissements, et surtout pendant les week-ends. Trois semaines se sont écoulées depuis la rentrée, dont deux week-ends ; j'ai préféré me reposer plutôt que faire la fête avec mes amis. Mes meilleurs amis. Je sais qu'ils me comprennent, qu'ils savent que la troisième année est la plus importante et que je dois la gérer pour pouvoir décrocher ma licence. Mais ils commencent à me manquer et leur absence dans mon quotidien me pèse bien plus que je ne le ferais croire.

Je me sens mal sans eux, je me sens incomplète. Mes journées sont terriblement longues et épuisantes, je ne pensais pas être capable de pleurer devant un exercice d'Anglais, parce que je n'arrivais pas à traduire certains mots et que l'unique personne qui pouvait me donner un coup de main...était en train de dormir à vingt-et-une heures. Le stage de douze semaines que je dois faire avant la fin de l'année m'angoisse énormément. Si je ne trouve pas une entreprise avant la date limite, je suis foutue, de plus qu'il doit être rémunéré, ce qui filtre pas mal mes recherches et me donne peu de choix.

Même la pharmacie qui se trouve près de chez mes parents ne prend pas de stagiaires ! Ça me stresse, ça me file même des cauchemars la nuit, alors que j'ai jusqu'au mois d'Avril pour le trouver. Encore faut-il que j'aie le temps d'envoyer mes candidatures de droite à gauche ou téléphoner pour avoir quelques renseignements. Ce n'est pas en finissant tous les jours à dix-neuf heures que je vais parvenir à mes fins.

J'ai donc un grand besoin de souffler et de dire stop à tout ce déluge qu'est devenue ma vie actuelle. Il faut que je voie mes meilleurs amis pour oublier mes angoisses journalières et me détendre auprès d'eux. Par chance, mon amie, Romane, fête son vingtième anniversaire ce week-end. Elle m'a invitée et m'a même expressément ordonnée de venir chez elle et de m'amuser ; et bien évidemment Maxim et Raffael y sont également conviés. Seulement, ça ne me suffit pas. J'ai envie de les rejoindre à l'appartement et de les prendre dans mes bras. Tant pis si j'ai la nuque raide ou si je me sens épuisée, je veux absolument les revoir sinon je vais devenir folle.

Je ne veux plus pleurer devant mes exercices, ni péter un plomb au téléphone avec mes parents. Il faut que je baisse un peu la pression, c'est presque une question de vie ou de mort.

Lorsque je sors de l'université avec Romane, je pense à dégainer mon portable. J'écoute à moitié les plaintes de mon amie qui crachent quelques insultes envers notre professeur de santé parce qu'il a eu l'audace d'ajouter des devoirs ce week-end. Je me concentre sur mon écran qui est bondé de notifications aussi insignifiantes les unes que les autres : des publicités dans ma boîte mail, ma banque qui m'informe d'une nouvelle offre commerciale ou encore mon frère qui me demande si je n'ai pas piqué son chargeur. J'ignore ces informations, même Jérémy qui sait très bien que je n'irai jamais jusqu'à fouiner dans ses affaires, et je sélectionne le numéro de Raffael pour lui envoyer un message.

Mais une main m'attrape soudainement le bras et m'empêche...de me briser le nez contre un lampadaire.

— Bordel, Emie, t'as failli te manger un poteau ! s'exclame Romane. Regarde où tu vas !

Je reste bloquée devant l'obstacle, réalisant mon manque d'attention. Encore heureux que je ne traversais pas la route sans regarder !

—Whaou, tu as sauvé mon pauvre nez.

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