A jamais à nous (2)

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Le cœur battant à tout rompre et la respiration vive, mon regard ne cesse d'aller et venir entre les garçons qui se sont installés à l'avant du véhicule et au paysage qui défile sous mes yeux.

Mon appréhension a monté de volume depuis que Raffael m'a aidée à m'asseoir sur la banquette arrière de la voiture. L'odeur de Maxim flotte dans l'habitacle, loin d'apaiser mon esprit tourmenté. La crainte de le voir partir et de ne plus pouvoir le sentir de nouveau m'enserre la gorge. J'ai envie de croire les paroles censées d'Owen, seulement mes pensées les plus pessimistes se tournent vers les mots terrifiés de mon meilleur ami. Peut-être que nous nous faisons fausse route ou que nous nous faisons des films, nous n'en savons rien. Cependant, pour en avoir le cœur net, il est préférable nous rendre vers les lieux où Max semble s'être réfugié.

Il nous a fallu une bonne vingtaine de minutes pour traverser toute la ville et surtout dénicher le bâtiment du centre de recrutement. De plus en plus stressée, je sonde l'endroit d'un regard purement examinateur, m'attardant sur des détails qui pourraient m'assister dans mes recherches, pendant qu'Owen entre tranquillement dans le parking. Mais c'est Raffael qui pousse une exclamation le premier :

— C'est sa moto ! Il est bien là !

Je constate à mon tour cet engin à deux roues qui me fait horreur. Je n'ai jamais aimé que Max l'emprunte, même pour faire un petit tour en ville. Pour la simple et bonne raison que j'ai toujours eu l'impression que c'était un moyen de transport très dangereux. Pas de carrosserie qui nous protège, seuls un casque, un blouson de motard et des gants font offices d'assistance contre les accidents de la route. Avec ça plus la vitesse qui est -semble-t-il- affriolante, cela m'a constamment fait peur lorsque je voyais Maxim enfourcher sa moto. Sûrement parce qu'il est un peu trop casse-cou sur les bords et un poil adorateur de la vélocité ainsi que de la liberté que peut lui offrir cet appareil de malheur.

Owen émet un bref son dans sa gorge lorsqu'il le remarque également, puis se gare en bataille arrière en face de l'entrée de l'édifice. Il enclenche le frein à main, met la vitesse au point mort, puis éteint le moteur une fois stationné.

— Qu'est-ce qu'on fait ? demande Raffael, peu sûr de lui. On entre ?

— Je suis d'avis de l'attendre de pieds fermes dans la voiture. On a une belle vue sur la porte d'entrée et sur sa moto.

Il détache tout de même sa ceinture de sécurité et mon meilleur ami en fait de même. Je me penche légèrement vers le siège de Raffael pour avoir une vision globale en face de moi.

— Qu'est-ce qu'il peut bien faire, d'après vous ? leur demandé-je, angoissée. Ce n'est pas un lieu où il a l'habitude d'aller.

— Je n'en sais rien, peut-être qu'il veut seulement parler à quelqu'un ? propose Owen en haussant les épaules.

— Ou se renseigner sur les dispositifs du recrutement de l'armée, ajoute Raff, la voix tremblante.

Sa prise de parole fait râler le pianiste de plus belle tandis que je pâlis brutalement de mon côté. Owen rejette sa tête en arrière et le repousse légèrement.

— Arrête de dire ça, tu inquiètes Emie avec tes conneries !

Raffael se tourne vivement vers moi et me découvre aussi blanche que lui. Il ouvre la bouche, hébété, puis me demande tout de même :

— Hé, est-ce que ça va ?

— Je n'en sais trop rien, réponds-je honnêtement. Tant que je ne sais pas ce que fabrique Maxim, je ne pense pas aller mieux.

En quête d'air, je baisse la vitre de l'auto et respire un bon coup comme si cela pouvait apaiser mes tourments, ou faire taire chacune de mes pensées effarouchées.

NOUS Envers et contre toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant