Désir caché (2)

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Après une heure trente de révision, je décide de me poser sur le canapé pour regarder une petite série, et c'est tout naturellement que je sélectionne le Chat Potté, soit l'animal le plus mignon des animés, mais aussi le plus féroce. J'ai le sourire jusqu'aux oreilles alors que je suis avec satisfaction ses petites aventures, je me délecte des interactions qu'il a et même de son langage ; je fonds toujours lorsque le personnage montre son visage chagriné avant de prendre par surprise son adversaire. Je me sers d'une bonne bière fraiche durant mon visionnage et j'arrive à me détendre devant la télévision, même si je passe une soirée toute seule. Ou presque.

J'ai l'habitude de passer quelques veillées seule, surtout lorsqu'un boulot monstre m'attendait ou que les garçons étaient trop occupés. Avant que j'emménage à Lille, j'avais une nette préférence pour l'isolement, et ce n'était pas désagréable en soi de bouquiner tranquillement dans mon lit ou mater discrètement un épisode, tard le soir. Depuis toute petite même, à la crèche, je préférais jouer seule, m'accaparant des jouets les plus cool et marquant mon territoire en grognant contre les autres bambins. J'étais un brin sauvage, comme le disaient si souvent mes parents, mais ça les arrangeait que je puisse me divertir sans eux. Quand Jérémy, mon cadet de dix-sept ans, est arrivé, ça a changé un peu la donne, même si je n'étais toujours pas prêteuse. Mon instinct de grande-sœur s'est éveillée et je partageais un peu de mon temps libre avec lui.

Les années ont passé, nous avons grandi avec quelques querelles et rivalités fraternelles, qui laissaient présager que nous nous détestions énormément. Nos centres d'intérêt ne nous permettaient pas de nous entendre parfaitement, et les insultes tout comme les menaces d'aller tout raconter aux parents ne cessaient de fuser entre nous, même si d'un côté nous arrivons parfois à enterrer la hache de guerre pour réconforter l'autre quand ça n'allait pas. Mais j'ai tout de même noté que depuis mon départ notre relation s'est nettement améliorée. A croire qu'il suffisait d'une bonne séparation pour bien nous retrouver.

Mon petit-frère est un gentil garçon, et je l'ai toujours pensé. Il est juste un peu trop obstiné et quand il l'est c'est une vraie tête de con. Combien de fois nous nous sommes pris la tête pour une question de partage de connexion internet ? C'était le sujet de dispute le plus récurrent chez nous, à tel point que nos parents n'en pouvaient plus de moi et de mon frère. Jérémy jouait le plus souvent en ligne, ce qu'il fait qu'il pompait pratiquement tout le wifi et qu'il ne me restait pas grand-chose pour mes recherches ou mes vidéos en streaming. Je venais le déranger en trombe pour éteindre sa console alors qu'il était en plein combat en lui rappelant qu'il n'était pas tout seul dans cette maison, il rageait en retour et me gueulait dessus en me lançant sa manette et quelques fringues en plein poire et je réagissais très souvent mal. Bref, le chaos total juste avant que je m'en aille.

Il est vrai que je le laisse un peu plus tranquille ces temps-ci et que peut-être nos prises de bec lui manquent. Quoiqu'il en soit, Jérem est devenu plus patient avec moi et aussi plus attentif et attentionné. On s'organise même des soirées à deux quand je reviens à Calais alors que c'est un vrai casanier et on a beaucoup plus de délires dorénavant.

« Tu me manques, Mimie, m'avait-il dit un jour par message, la maison me paraît bien vide sans ta petite tête. C'est vrai que t'es casse burnes par moment, mais c'est comme ça que je t'adore, p'tite crotte ! C'est quand que tu ramènes ton gros cul à Calais ? Faut qu'on se fasse une soirée Marvel, tous les deux. Et ne ramène pas les deux zigotos, ils sont trop collants et débiles sur les bords, surtout l'autre con de Marvin »

Jérémy, ou l'art de faire passer ses états d'âme par un étrange sens de l'humour...Il connait très bien les noms de mes meilleurs amis, mais il adore ne pas s'en souvenir et modifier leur prénom rien que pour me taquiner.

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