NOUS Envers et contre tout

Faiblesses

Emilie.

Mon retour a été remarquable, suffisamment grand pour marquer les esprits. Toutes les solutions inimaginables ont effleuré ma conscience et je savais dur comme fer qu'une entrée aussi fracassante que la mienne serait plus qu'appréciée dans cet appartement qui en a vu des vertes et des pas mûres. Et surtout auprès de Maxim.

Notre complicité s'est naturellement mise en place dès que je l'ai assuré qu'il n'était plus seul désormais. J'ai bien remarqué à quel point il était perdu, qu'il s'était méchamment enfoncé dans une boucle où il ne parvenait plus à s'en sortir. Ses paroles de l'autre jour ont fait écho dans ma tête et je mettrais ma main à couper qu'il se noyait dans ses souvenirs à mon arrivée, d'où la raison pour laquelle il ne m'aurait pas entendue. A quoi pouvait-il bien penser à cet instant, lui qui déteste tant spéculer ? Je n'en ai aucune idée, mais lorsque j'ai vu son air taquin revenir, j'ai compris qu'il allait beaucoup mieux.

Sans le vouloir, je l'ai blessé dans notre petite bagarre. Tout ce que je souhaitais à ce moment, c'était éloigner ses doigts de mon ventre sensible, sauf que le coup est parti tout seul vers ses bijoux de famille. Je n'ai pourtant pas l'habitude de taper dans cette zone-là, j'ai toujours fait attention, seulement nos retrouvailles me sont un peu trop montées à la tête et je n'ai pas réfléchi lorsque je me suis défendue.

Le pauvre, quand j'y pense. Il me faisait presque pitié à ne plus pouvoir bouger tellement il avait mal. J'avoue que je me suis sentie un peu coupable sur le coup, même si intérieurement je riais beaucoup de la situation.

Je me pince les lèvres alors que je vide le contenu du paquet de chips dans un bol approprié, l'air songeur. J'espère qu'il ne m'en veut pas trop d'avoir tapé fort, mais il faut dire qu'il m'a vraiment prise par surprise en me chatouillant les côtes. Je sais comment il fonctionne, qu'il attend toujours le dernier moment pour attaquer, seulement je me fais toujours avoir avec lui.

Et puis il faut dire que ça m'a fait vraiment bizarre de le retrouver...

Je mentirais si je disais que je n'appréhendais pas mon retour. C'était même tout l'inverse. J'ai stressé chaque seconde depuis le jour où j'ai su que j'allais revenir à Lille, je ne pouvais plus éviter ce moment que je repoussais depuis la fin des vacances. Une certaine honte et même une étincelle de culpabilité m'incommodaient et m'empêchaient quelquefois de trouver le sommeil. Mes erreurs passées tournaient en boucle dans ma tête, j'ai non seulement laissé tomber Maxim après la fête de la musique, mais aussi Raffael. J'ai prétexté quelques sorties étudiantes pour m'éloigner de leur appartement et j'ai profité des vacances pour retourner chez mes parents.

Mais à force de trop pousser, on finit par chuter...

Et ma foi, je crois que je suis tombée bien bas en prenant de telles décisions.

J'ai pris alors mon courage à deux mains en revenant plus tôt que prévu, comme me l'a demandé Raffael. Et je suis venue avec une boule dans le ventre qui s'est vite dissipée quand j'ai mis un pied dans cet environnement si familier. Les boîtes de pizza en main, je les ai déposées sur la table et j'ai cherché partout les garçons. Quand j'ai trouvé Maxim, assis sur le rebord de la fenêtre de sa chambre, j'ai immédiatement su qu'il s'était égaré dans ses pensées. Mais j'ai également compris que mon attirance pour lui ne s'était nullement estompé, bien au contraire : il semblerait avoir pris une certaine ampleur malgré mes réserves.

Il est encore plus beau aujourd'hui que dans mes souvenirs. Son odeur et même sa chaleur ont failli avoir raison de mon cœur, à deux doigts de céder face à cette inhabituelle tachycardie. Ses yeux glacials qui me balayaient d'un regard intense m'ont coupé le souffle, mais ce n'est pas le pire, ses lèvres pleines et roses m'ont tentée quelques secondes et m'ont rappelé l'instant où je me suis donnée à lui, incroyablement perdue entre mon appétence et ma raison. J'ai eu envie de les goûter à nouveau et ça m'a bouleversée. Parce que j'ai su qu'il était inutile de combattre ses désirs.