En pagaille (1)

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Maxim

Samedi 16 Juin 2018.

Lille (France), dans une boîte de nuit.

La musique que le DJ passe est dégueulasse !

J'ai l'impression que ce connard les a téléchargés sur le net avec une qualité pourave et qu'il les circule tranquillement sur son ordinateur tout pété, en se disant « ça passe ! ». Mais non, enculé, ça ne passe pas putain ! J'ai mal aux oreilles avec ses conneries, j'ai le sentiment de saigner des tympans, en plus que ce débile met des chansons qui me donnent envie de gerber. Qu'est-ce que je fous là, sérieux ? Ça me sidère que des personnes écoutent sa merde avec le sourire aux lèvres, moi j'ai juste envie de lui mettre mon poing dans la gueule et lui montrer ce qu'est une vraie musique et un véritable artiste.

Parce que, oui, je me considère comme tel. A partir du moment où on joue d'un instrument et plusieurs pour mon cas, qu'on écrit comme on compose : nous sommes des artistes en herbe. Créer des morceaux, c'est ma vocation et je suis particulièrement sensible à la basse. Et là, honnêtement, celles qu'on entend actuellement pètent le peu de neurones que j'ai dans mon cerveau, et me rendent encore plus fou et impulsif.

Il faut que je me trouve une autre distraction avant que j'aille voir ce crétin, parce que je sais que ça va partir en couilles si je commence à vouloir lui apprendre son métier.

Mes yeux tombent sur les nichons de la barmaid, parfait...ça calme direct l'envie d'aller lui éclater la gueule et ça ralentit les battements effrénés de mon cœur. Je la salue d'un léger signe de la main en bougeant uniquement mes doigts, elle me répond du même entrain et me tourne le dos en roulant du cul. Je le regarde sans pouvoir m'en empêcher et me mords la langue lorsqu'une certaine chaleur, bien identifiable, afflue dans mon corps. Elle est vraiment sexy dans son jeans moulant, j'ai des sales images qui me viennent en tête, surtout que je l'ai déjà baisée dans les toilettes, et franchement je veux bien recommencer.

Oui, mais tes meilleurs amis sont là, débile. Il ne faut pas les abandonner pour du cul.

Je pousse un léger soupir. Comment oserai-je l'oublier ? Emilie a voulu emmener Raffael dans cette boîte craignos pour lui changer les idées, puisque dans à peine un mois, il va chez son père aux States et qu'il n'a aucune envie de voir sa sale tronche. En même temps, il faut un peu le comprendre : son daron s'est tiré après une énième dispute avec sa femme, et ce devant ses yeux d'enfants. Moi, je sais que j'aurais direct coupé les ponts, mais Ralf est Ralf : il ne veut contrarier personne, surtout pas sa sœur, même s'il finit toujours par s'engueuler avec lui.

La famille...ça craint parfois. Moi, je n'ai jamais été proche de mes parents ; il n'y avait qu'avec mon grand-père que je m'entendais super bien, mais il a fallu qu'il meure d'une embolie pulmonaire, et ça fait bientôt quatre ans. Ça m'a fait vraiment mal à l'époque, j'en ai chialé des semaines entières, j'ai cru que j'allais crever tellement je n'étais pas bien. Plus jamais ça, bordel.

La barmaid, Cécile je crois, revient vers moi au moment où mes pensées viraient vers pépé Michel. Ces dernières s'envolent totalement lorsqu'elle s'accoude sur son comptoir et me met sous les yeux sa jolie paire de seins bien ronds sous son décolleté. Je dois me faire violence pour ne pas les saisir dans la coupe de mes mains, surtout lorsqu'elle effleure mon bras de ses cheveux blonds.

— Salut, mon beau, je te sers quoi ?

Tout ce que tu veux, ma belle...

Je me redresse sur mon tabouret, le sourire en coin. Je dois penser à mes potes, pas à son corps sous le mien ; je dois me focaliser sur Ralf et Em, et pas sur cette nana ; je dois rester centré sur leur besoin et non sur le mien. Je lui souffle alors, en contrôlant ma bête intérieure :

NOUS Envers et contre toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant